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Enquête du HCP auprès des Institutions sans but lucratif Des structures jeunes dont plus de la moitié ne possèdent pas de locaux pour exercer leurs activités
Absence d'équipements et accès au financement, principales entraves au développement des ISBL
Le Haut Commissariat au Plan (HCP) vient de communiquer les résultats de son enquête nationale, réalisée en 2009 auprès des Institutions sans but lucratif (ISBL). L'objectif escompté de cette enquête est d'appréhender les caractéristiques de ces institutions, d'en évaluer la contribution économique et sociale et d'identifier les obstacles qui entravent leur développement. Le motif qui a incité le HCP à effectuer cette étude est que ce secteur des ISBL demeure, malgré son importance économique et social croissante reconnue à la fois par les citoyens et par les opérateurs publics et privés, quasi invisible dans les statistiques officielles. Pour remédier à ce manque d'informations, le HCP a réalisé cette étude qui est conforme aux standards internationaux en la matière, à savoir le Système de Comptabilité Nationale (SCN 93) et le manuel des institutions sans but lucratif développé par l'Université de John Hopkins et parrainé par l'ONU. Cette enquête a été réalisée sur un échantillon de 7.274 associations (5.542 comme échantillon de base et 1.732 comme échantillon de réserve) tiré à partir d'une base contenant 51.637 unités. Il en ressort que 634 associations étaient en cessation et 389 étaient hors champ, soit une proportion de 14,6% d'unités. Les unités hors champ sont celles qui sont à but lucratif ou créées en 2008 (l'année de référence de l'enquête étant 2007). Sur cette base, en éliminant les cessations et les unités hors champ, le nombre d'associations réellement en activité en 2007 est estimé à 44.614. En rajoutant les associations reconnues d'utilité publique, enquêtées exhaustivement, on aboutit à un nombre de 44.771 associations. En rapportant ce nombre à la population marocaine (estimée en 2007 à 30.841.000 habitants), il en ressort un taux de 145 associations pour 100.000 habitants (contre 1749 en France en 2005 et à 508 au Canada en 2003). Par ailleurs, la majorité des associations en 2007 sont des structures jeunes, 8 associations sur 10 ont été créées entre 1997 et 2007 et quatre sur dix depuis le lancement de l'Initiative Nationale du Développement Humain en 2005. Plus globalement, l'âge médian des associations au Maroc était de 4 ans en 2007. Les associations sont présentes sur tout le territoire national, avec une relative concentration au niveau des régions de Rabat-Salé- Zemmour-Zaer et de Souss-Massa-Drâa (3 associations sur 10). Les trois quarts de ces associations sont à rayonnement local privilégiant ainsi les actions de proximité (au niveau du quartier, douar, commune urbaine ou rurale ou regroupement de communes). Quel que soit le niveau d'intervention des associations, leur vocation les pousse à opérer dans une panoplie de domaines d'activités couvrant l'éducation, le social, la santé, la culture, le sport, les loisirs, la défense des droits, le développement et logement, etc. Les actions du tissu associatif restent, cependant, concentrées dans les domaines du «Développement et logement » (35,2% des associations) et de la « Culture, sport et loisir » (27,1%). La majorité des associations (70,5%) offrent leurs services à toute personne qu'elle soit adhérente ou non. Par sa présence et son engagement, le secteur associatif a pu attirer plus de 15 millions d'adhésions dont la quasi totalité (98,6%) est constituée de personnes physiques et dont le tiers est de sexe féminin. Il est à noter cependant que 57,3% des associations comptent moins de 100 adhérents. Ces dernières représentent globalement 7,1% des adhésions totales au tissu associatif. En revanche, 6,8% des associations les plus importantes concentrent 57,7% des adhésions. Autre résultat de l'enquête est que plus de la moitié des associations ne possède pas de local pour exercer leurs activités. Pour le reste, 29,6% sont hébergées à titre gratuit (principalement par des institutions publiques ou privés dans 58% des cas ou au domicile de l'un des membres dans 29% des cas), 11% sont locataires et 8,4% propriétaires de leurs locaux. Autre point inquiétant : les associations sont faiblement équipées en matériel informatique, moins d'une sur cinq dispose d'un ordinateur et même lorsqu'elles en disposent, le nombre d'ordinateurs ne dépasse pas deux dans plus de 72% des cas. En outre, l'enquête fait ressortir que 7% seulement des associations sont connectées à Internet en 2007. Sur le plan de la gestion financière, l'enquête montre que la quasi-totalité (94,7%) des associations ne tient pas de comptabilité selon les normes en vigueur. En dépit de ces conditions d'activité qui paraissent difficiles, les associations restent peu attirées par l'opportunité qu'offre la mutualisation des moyens. 78,1% d'entre elles ne sont affiliées à aucun réseau et 87,7% des associations agissent seules sans recourir au partenariat. Seules 7,9% des associations ont établi des partenariats avec l'Etat ou des Etablissements Publics, 2,7% avec les Collectivités locales et seules 1,5% ont travaillé dans le cadre de partenariat avec l'Etranger. En termes d'encadrement, les données de l'enquête montrent que 95,9% des associations sont gérées uniquement par un bureau exécutif, 1,1% par un conseil d'administration et 3% ont à la fois un conseil d'administration et un bureau exécutif. Le bénévolat constitue la principale force du travail associatif, 7 associations sur 10 en dépendent totalement. En 2007, le secteur associatif a mobilisé près de 352.000 bénévoles qui ont consacré près de 96 millions d'heures de travail, soit l'équivalent de 56.524 emplois à temps plein. Pour ce qui est de l'emploi rémunéré, 31,4% des associations y recourent. Ces dernières ont employé, en 2007, 27.919 personnes à plein temps et ont fait appel à 35.405 personnes à temps partiel qui ont travaillé au total 10.066.000 heures. Au total, le secteur associatif aura mobilisé plus de 33.846 emplois rémunérés en équivalent temps plein. Il ressort, en outre, de cette enquête que le tissu associatif marocain a pu mobiliser, en 2007, des ressources dont le montant total s'élève à 8,8 milliards de dirhams. Au vu de la taille du tissu associatif (près de 45.000 associations), ces ressources financières restent faibles. En effet, une association sur cinq fonctionne avec un budget annuel de moins de 5.000 DH, une sur trois avec moins de 10.000 DH et seules 5,4% disposent d'un budget de plus de 500.000 DH annuellement. Les associations dont le budget dépasse un million de dirhams ne représentent que 2,5% des associations mais concentrent 63% des ressources du tissu associatif. En revanche, 80% d'associations disposent de ressources annuelles ne dépassant pas les 100.000 DH et se partagent moins de 10% de l'ensemble des ressources du tissu associatif. Côté difficultés, l'enquête fait ressortir que les associations restent confrontées, dans leur majorité, à de multiples contraintes pour la réalisation de leur mission. Ces contraintes concernent, principalement, l'absence d'équipements pour le fonctionnement et l'accès au financement. A. CHANNAJE