La majorité des migrants marocains (70%) qui ont choisi de revenir au bercail font partie de la première vague migratoire des années 1950-1960. Ils sont partis avant l'âge de 30 ans. Et la majorité (72,5%) sont de retour après l'âge de 60 ans. 57,9% parmi eux ont séjourné à l'étranger pour une durée de plus de 20 ans, 14,3% entre 15 et 19 ans et 11,8% entre 10 et 14 ans. Ce sont quelques-uns des résultats de l'enquête publiée cette semaine par le Haut Commissariat au Plan (HCP), Migration de retour des Marocains résidant à l'étranger, dans les régions du grand Casablanca et de Souss-Massa-Draa. L'enquête a duré quatre mois (octobre 2003 à janvier 2004) sur un échantillon de 1467 migrants. Contribution minime au développement économique du pays D'abord ce constat qui ne fait que corroborer d'autres investigations réalisées auparavant sur la diaspora marocaine : c'est en Europe occidentale qu'avait résidé le plus grand nombre des migrants marocains (89,3%) de retour, dont 73% en France, contre 7,2% dans les pays arabes et 3,5% dans d'autres pays. Autre constat révélateur de l'attachement des migrants marocains à leur pays d'émigration : la moitié d'entre eux continue de faire des allers-retours (5 ou plus) entre ces derniers et le Maroc, surtout que la majorité d'entre eux y ont laissé des enfants, nés là-bas, et qui réussissent mieux que leurs parents leur intégration dans les pays d'accueil. Ceux qui sont revenus, selon l'enquête du HCP, ne sont pas dépaysés dans leur pays d'origine et réussissent globalement leur réinsertion : «7 migrants sur 10 estiment ne pas avoir rencontré de difficultés lors du retour», qu'ils réussissent mieux en milieu rural (85%) qu'en milieu urbain (66%). Outre l'insertion sociale et humaine, l'enquête du HCP a voulu aussi éclairer l'insertion de cette population longtemps absente dans le tissu économique du pays. Résultat : elle contribue mieux au développement local et associatif qu'au développement économique. La cause ? «Le faible nombre de migrants qui disposent des compétences et des moyens financiers nécessaires à la réalisation de projets de développement au Maroc», révèle l'enquête. La volonté d'investir n'est pas totalement absente, certes, puisque 26,9% des migrants de retour ont réalisé au moins un investissement au Maroc. Mais là où le bât blesse, remarque l'enquête, c'est la modestie des montants investis : 60% des projets ne dépassent pas 200 000 DH, 15% sont compris entre 200 000 et 500 000 DH, près de 15% entre 500 000 et 1 MDH, et moins de 10% dépassent 1 MDH.