Le Haut commissariat au Plan a présenté, hier à Casablanca, les résultats d'une enquête sur les MRE qui sont retournés au Maroc. 66,1% d'entre eux affirment vivre mieux depuis leur retour. Le Haut commissariat au Plan a présenté, hier à Casablanca, les résultats d'une enquête sur les MRE qui sont retournés au Maroc. Analphabètes, dans leur majorité, ils font partie de la première vague d'émigrants qui avait quitté le Royaume durant les années 60. Réalisée entre octobre 2003 et janvier 2004 dans les régions du Grand Casablanca et du Souss-Massa-Drâa, cette enquête a pour objectif d'étudier les différents aspects du phénomène de la migration de retour. L'étude se décline en quatre axes, à savoir le profil démographique et socio-économique des migrants de retour, leurs parcours migratoires, les conditions de leur insertion économique et sociale au Maroc et l'impact de leur séjour à l'étranger. Concernant le premier volet, «ces migrants ont eu un parcours relativement long puisque près de 58 % d'entre eux ont séjourné à l'étranger pour une durée supérieure à 20 ans et 72,5% d'entre eux sont âgés de plus de 60%», a indiqué Mohamed Bijaâd, secrétaire général du HCP, hier lors du séminaire consacré à la présentation des résultats de cette enquête. Selon cette dernière, les MRE de retour sont en majorité analphabètes puisque près des deux tiers (61 %) sont sans niveau scolaire. En outre, 12,4 % des enquêtés ont à peine fréquenté le niveau du préscolaire coranique. La proportion des personnes ayant acquis un niveau d'instruction supérieur atteint seulement 3,3 %. Les données de l'enquête en matière de maîtrise de la langue du pays d'accueil, qui est un outil fondamental pour l'intégration, révèlent une situation d'isolement linguistique relativement important des enquêtés. «Près de 27 % ne connaissent pas la langue du pays d'accueil et seulement 19,8% savent la lire et l'écrire, bien que 53,5% arrivent à parler cette langue», ajoute M. Bijaâd lors de son intervention. A ce sujet, l'analyse des données de l'étude révèlent que les migrants issus du milieu urbain manifestent davantage d'aptitude à lire et écrire la langue du pays d'accueil que leurs homologues ruraux. Par ailleurs, l'examen de la répartition selon le pays de destination des migrants de retour enquêtés fait ressortir que l'Europe, en particulier la France, est la destination de choix des Marocains. Près de 89,3% des personnes interrogées ont vécu en Europe occidentale contre 7,2% dans les pays arabes. La majorité des migrants de retour au Maroc se concentre dans l'Hexagone avec 73%. Sur le plan de leur réinsertion, le rapport de l'enquête indique que la réinstallation des MRE au Maroc semble globalement se dérouler dans de bonnes conditions. 66,1% affirment vivre mieux depuis le retour au Maroc contre 18% qui soutiennent le contraire. Néanmoins, ce retour n'est pas toujours conçu comme un projet définitif puisque 18,4% ont exprimé leur intention de migrer de nouveau. L'apport économique L'enquête a démontré que les migrants de retour au pays ont tendance à investir dans les activités tertiaires ( 26,9%) notamment le commerce, les activités secondaires (15,2%) ou le secteur primaire (12,4%). En outre, l'étude a mis en évidence la contribution des MRE au développement économique de leurs localités d'origine : 53,1% d'entre eux ont participé au financement d'au moins un équipement collectif, avec en tête les mosquées, suivies par l'alimentation en eau potable, les routes et les projets d'électrification rurale.