* «La migration de retour» fait l'objet d'une première étude. * Les résultats de cette enquête montrent que d'autres types de problèmes d'intégration risquent de durer pour les populations concernées. * Le taux très faible des mariages mixtes enracine davantage l'idée de retour pour une grande majorité des migrants. Un profil démographique et socioéconomique des migrants de retour, tel était l'objectif de la première enquête réalisée par le HCP et dont les résultats ont été présentés par une pléiade de chercheurs au sein du Centre de Recherches et d'Etudes Démographiques (CERED). Toujours est-il que cette recherche a exploré de nombreux aspects, très utiles pour mesurer l'impact réel de l'idée de retour chez les migrants marocains. Pour Mohamed Bijaad : «Au Maroc, 10% de la population ont choisi de vivre sous d'autres cieux et dont plusieurs sont concernés, à plusieurs titres, par les mouvements migratoires. Ce regain d'intérêt trouve son explication dans les implications sociales, économiques mais aussi politiques qu'impose la migration internationale». Il faut remarquer que cette enquête a été réalisée en 2005 auprès d'un échantillon de 1.467 migrants de retour. Elle a concerné les régions du Grand Casablanca et du Souss-Massa-Draâ. Il faut dire aussi que bien que pays traditionnel d'émigration ayant une forte communauté installée à l'étranger, «le Maroc n'a pratiquement pas mené de recherche sur la migration de retour», constate justement Mohamed Bijaad. Cette enquête a pris en considération plusieurs aspects. Elle a d'abord décrit les conditions migratoires des migrants de retour, afin davoir une idée assez claire surleur future réinsertion. Les premières données de cette enquête montrent ainsi que 44% des migrants de retour sont partis vers les années 60 alors que la part de ceux qui ont émigré au cours de la décennie 1970 n'est que de 17,3%. Celle qui a émigré dans les années 1980 représente seulement 14% des Marocains qui ont regagné leur pays d'origine. Hormis cette classification, l'enquête montre que la plupart des migrants ont un parcours relativement long. Près de 58% d'entre eux ont passé une durée supérieure à 20 ans à l'étranger. Il faut noter aussi que les données de l'enquête en matière de maîtrise de la langue du pays d'accueil indiquent un isolement linguistique relativement important. Près de 27% des enquêtés ne connaissent pas la langue du pays d'accueil, alors que 53,5% arrivent à la parler. Un pourcentage de 19,8% a révélé qu'ils savent lire et écrire. Pour Mohamed Bijaad : «Il faut noter qu'une partie importante des migrants de retour n'avaient pas d'attache familiale durant la période d'expatriment, ce qui est peut-être un facteur qui facilite le retour». L'enquête montre en effet que 2/3 des migrants marocains ont vécu seuls, en l'absence d'un conjoint resté au pays. La rareté des mariages mixtes expliquerait aussi cet état de choses et facilite le retour. «La quasi-totalité des migrants de retour, note Mohamed Bijaad, étant mariés avec des concitoyennes». La mixité des mariages, conclut-il, «ne semble pas concerner les enquêtés qui sont en majorité d'origine rurale et qui sont partis avec une idée de retour si fortement enracinée qu'ils n'ont pas véritablement investi dans un projet d'installation définitive dans le pays d'accueil». Sur un autre niveau, il semble que la migration de retour est intimement liée à la catégorie socioprofessionnelle des migrants. Le type d'activité actuelle des migrants réinstallés au Maroc montre que la majorité d'entrer eux (70%) sont inactifs. Les retraités représentent tout naturellement 66% du moment qu'il s'agit d'une catégorie d'âge qui n'est pas en âge de travailler. Mohamed Bijaad note pourtant que «ce retour n'est pas toujours conçu comme un projet définitif. L'intention d'émigrer une nouvelle fois est prêtée à 18,4% de l'ensemble». Il faut aussi relever que l'enquête réalisée par le HCP a confirmé la permanence de la mobilité de certains migrants de retour. Ces derniers ont pu maintenir des allers-retours entre le Maroc et leur pays d'accueil.