A la fin d'une semaine marquée par les négociations franco-allemandes sur la crise des dettes souveraines et l'obtention d'un accord au sein de la zone euro, LH2 en partenariat avec Yahoo! a réalisé une nouvelle mesure des intentions de vote des Français à l'élection présidentielle. En lien avec la menace lancée par l'agence Standard & Poor's de dégrader la note de la France, LH2 et Yahoo! reviennent également sur la perception qu'ont les Français du pouvoir des agences de notation et sur l'impact qu'aurait une perte du triple A sur la campagne de Nicolas Sarkozy. Après une forte érosion lors de notre dernière enquête, la candidature de François Hollande semble se stabiliser : si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, il serait toujours en tête du scrutin en recueillant 31.5% d'intentions de vote (+1.5 point). De son côté, Nicolas Sarkozy est crédité de 26% d'intentions de vote (-3 points). Même si son discours de Toulon puis sa posture de 1ère ligne sur la scène européenne ne semblent pas avoir autant convaincu l'opinion que sa gestion de la crise grecque le mois dernier, le président rassemble toujours plus d'un quart des voix au 1er tour. La dynamique enregistrée dans notre dernière enquête se confirme pour le 2nd tour : le candidat socialiste arriverait toujours en tête avec 57% des voix (- 1 point), mais l'actuel locataire de l'Elysée récolterait 43% des voix (+ 1 point), en hausse régulière depuis octobre. On note ce mois-ci un rééquilibrage entre les deux principaux candidats, après une période marquée par un jeu de contraste important entre François Hollande d'une part, qui pâtissait d'un certain essoufflement après les primaires et de la cacophonie avec les écologistes, et Nicolas Sarkozy d'autre part qui monopolisait la scène médiatique avec son traitement du dossier de la dette grecque et le G20. La percée de François Bayrou Enseignement majeur : le leader du MoDem enregistre une progression marquée des intentions de vote en sa faveur (13% ; + 6 points). La poussée de François Bayrou s'explique par un effet conjoncturel lié à sa forte médiatisation ces derniers jours : discours de candidature mercredi, intervention télévisée jeudi, sans compter qu'il se trouve courtisé depuis des semaines par la gauche comme par la droite. Sa progression est d'autant plus significative qu'elle se vérifie pour l'ensemble des catégories socioprofessionnelles à l'exception des retraités, et pour l'ensemble des catégories d'âge à l'exception des 18-24 ans. Le discours de François Bayrou, qui se dit indépendant de toute logique partisane et prône le rassemblement « d'union nationale », semble rencontrer un certain écho dans l'opinion. Il conviendra d'observer les scores du leader centriste pour voir si son programme, axé notamment sur le désendettement de l'Etat, la morale politique et la prise en compte des « Français oubliés », parvient à convaincre à plus long terme. Avec cette percée, François Bayrou creuse l'écart avec les autres candidats centristes et vient également concurrencer Marine Le Pen, créditée de 13.5% des voix, en baisse de 1.5 point. Eva Joly, sujette aux rumeurs évoquant son retrait de la campagne puis abandonnée par son porte parole, apparaît affaiblie : la candidate EELV ne recueillerait plus que 4.5% des voix (-1.5 point). 81% des Français estiment que les agences de notation ont un pouvoir trop important sur les politiques des Etats. La moitié des Français est même « tout à fait d'accord » avec cette idée. Le jugement des Français est donc sans appel, alors que le gouvernement promet qu'il n'y aura pas un troisième plan de rigueur. On observe un consensus assez important des Français sur ce sujet : quels que soient l'âge, le sexe ou encore la catégorie professionnelle, cette opinion est partagée par au minimum les ¾ des personnes interrogées. Le sujet ne divise pas vraiment les Français en fonction de leur proximité partisane : 88% des sympathisants du Parti Socialiste et 87% des sympathisants de l'UMP estiment que le pouvoir des agences est trop important. Alain Minc, conseiller de Nicolas Sarkozy, avait déclaré publiquement « Nicolas Sarkozy est accroché au triple A de la France de manière totale, il joue sa peau d'une certaine façon. Il ne peut pas se permettre une dégradation. ». On constate en effet qu'une majorité de Français (55%) estime qu'une telle dégradation pénaliserait sa campagne. Les sympathisants de droite sont même 45% à estimer que cette décision pourrait pénaliser la campagne de Nicolas Sarkozy. Villepin annonce sa candidature Dominique de Villepin a annoncé dimanche soir sa candidature à l'élection présidentielle française de 2012, une candidature de «gaulliste indépendant» dont il assure qu'elle n'est en rien inspirée par sa rivalité et son animosité passées avec le président sortant Nicolas Sarkozy. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, qui est âgé de 58 ans, a marqué sa volonté de «rassembler» les Français «au-dessus des partis» pour défendre «une certaine idée de la France» dans le sillage historique du général de Gaulle. Les derniers signaux adressés par l'imprévisible fondateur de «République solidaire» avaient pourtant laissé entrevoir l'hypothèse contraire et une possible conciliation avec le chef de l'Etat.