Les Egyptiens sont appelés aux urnes pour élire 52 candidats individuels, lundi et mardi dans le cadre d'un scrutin qui s'étale jusqu'au mois de janvier. Les Frères musulmans espèrent accentuer leur avance sur les salafistes et les libéraux lors de ce second tour dans un paysage politique redessiné par la chute du président Hosni Moubarak. Aux termes de la loi, un tiers des 498 sièges au Parlement est réservé aux candidats individuels, les deux autres tiers étant attribués à la proportionnelle au scrutin de liste. Le parti Liberté et Justice (FJP), bras politique de la confrérie islamiste, devrait remporter la plupart des sièges lors de ce premier scrutin libre organisé en soixante ans dans le pays, ouvrant la voie à un possible bras de fer avec le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis le 11 février et la chute de Hosni Moubarak. Interdite avant le soulèvement populaire du début d'année, la formation des Frères musulmans s'est imposée comme la principale force politique du pays en arrivant en tête du premier tour du scrutin législatif. Elle a a appelé ses rivaux à accepter «la volonté du peuple». Avec 36,6% des voix, Liberté et Justice devance pour l'instant dans le scrutin de liste les salafistes du parti Al Nour (24,4%), favorables à l'inscription de la «charia» dans la Constitution. Les libéraux du Bloc égyptien sont troisièmes avec 13,4% des suffrages, selon les chiffres de la commission électorale et les médias. Ces résultats laissent prévoir que les partis islamistes, même divisés, pourraient contrôler les deux tiers des sièges au Parlement. Lundi matin, les électeurs semblaient moins empressés que la semaine dernière à la même heure pour se rendre dans les bureaux de vote au Caire, à Alexandrie et à Port Saïd. Le taux de participation lors du premier tour était de 62%. L'élection s'annonce particulièrement serrée entre les salafistes et les Frères musulmans à Alexandrie, la deuxième ville du pays. La montée des Salafistes a suscité de l'inquiétude au sein de la population éguptienne en raison de leur position sur la charia. «Les salafistes respectent la charia alors que les Frèes musulmans jouent à la politique», estime Amin Ibrahim, 38 ans, à Alexandrie, fief des islamistes. Le chef de file du parti Al Nour, Emad Abdel Ghaffour, a prévenu qu'il n'avait pas l'intention de jouer les seconds rôles derrière le parti de la confrérie islamiste. «Tout le monde dit que nous nous positionnons suivant les positions des Frères musulmans mais nous avons notre propre vision. Il peut y avoir un consensus mais nous resterons indépendants», a-t-il dit à Reuters. L'ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a estimé dimanche que les bons résultats des islamistes montraient que la démocratie était en marche dans le pays. «On ne peut pas prôner la démocratie et ensuite modifier ou rejeter les résultats issus du scrutin», a dit Moussa, l'un des favoris pour la présidentielle de l'an prochain. En Israël, les autorités observent de près la situation politique dans le premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec l'Etat hébreu en mars 1979. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a jugé «très préoccupant» le bon score des islamistes. «Nous espérons que le futur gouvernement en Egypte reconnaîtra l'importance de conserver le traité de paix avec Israël comme base pour la sécurité régionale et la stabilité économique», a-t-il dit. La nouvelle Constitution doit être rédigée par une Assemblée constituante désignée par le Parlement. Elle sera soumise à référendum avant l'élection présidentielle prévue en juin 2012. Le nouveau gouvernement, lui, sera annoncé mercredi par le Premier ministre Kamal al Ganzouri.