C'est à l'occasion de la journée nationale des migrants, ce mercredi 10 août, qu'une conférence sur le thème «les trois faces des Oudayas» a été organisée à la Wilaya de Rabat. Une centaine de personnes est venue se sensibiliser aux questions épineuses de la réhabilitation du patrimoine culturel marocain. Ahmed Bzioui, qui représentait l'association Ribat Al Fath pour l'évènement, a traduit son indignation face à la dégradation de bâtiments entiers de la ville de Rabat, de Casablanca ou de Fès qui sont en attente de destruction par les autorités gouvernementales au lieu d'être classées monuments historiques. « Ces pertes sont des pans entiers de la culture marocaine qui disparaissent également, explique-t-il. Nous devons établir des lois qui protègent ces architectures anciennes et remarquables. C'est notamment le cas pour le fort Rottenburg». Enseignant de carrière et titulaire d'une licence de sciences politiques de la faculté de droit de Rabat, Ahmed Bzioui tente de faire comprendre au public par des conférences publiques, à l'Université ou dans les écoles, le drame que représente la perte de l'Histoire d'un peuple. « Bien qu'accidentel, mon parcours associatif n'en est pas moins profond. Une partie de mes souvenirs d'enfance viennent de mon temps passé au Yacht Club de Rabat. Quand la destruction lui a été promise, j'ai milité pour sensibiliser les membres du club à le défendre». Bien que considéré comme un des trois monuments du secteur, avec les Oudayas et l'Oued Bouregreg, le Yacht club a été détruit en 2006 et remplacé par une esplanade peuplée de manèges, signe d'une paupérisation architecturale. Pour Ali R. Mouhsine, architecte et urbaniste à Rabat, « les choses changent progressivement. A Casablanca où les destructions d'immeubles se font généralement plus vite que les lois, les autorités ont pris le problème à bras le corps, c'est un mieux». Aujourd'hui à Casablanca, où le patrimoine architectural italien est dense, les destructions sont soumises à une étude minutieuse pour décider si c'est la destruction ou la rénovation qui aura lieu. « Ces progrès sont également le résultat du travail des associations Casa mémoire et Docomomo qui luttent au quotidien pour rénover des monuments devenus zones à risques et réhabiliter la beauté du patrimoine marocain du 20ème siècle», conclut Ali R. Mouhsine. Préserver son passé permet d'assurer son avenir. Qu'on se le tienne pour dit.