Administrations, transports et commerces étaient perturbés mercredi en Grèce, jour de grève générale contre un nouveau plan de rigueur préparé par le gouvernement, qui tente d'obtenir une deuxième aide financière de la zone euro et du FMI pour ce pays au bord de la faillite. Après une première vague d'austérité en 2010 et sous la pression croisée des marchés, qui lui interdisent l'accès au refinancement, et de ses créanciers (UE et FMI) qui demandent des efforts d'austérité en échange de leur secours financier, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou a décidé de poursuivre la rigueur. Il a présenté au Parlement un projet de budget à moyen terme qui devrait entraîner des économies nouvelles de 28,4 milliards d'euros d'ici à 2015 et prévoit des privatisations massives. Ce nouveau plan a mis le feu aux poudres dans le pays, plongé dans la récession pour la troisième année consécutive: les syndicats ont appelé à une grève générale, la troisième depuis le début de l'année. Le mouvement de protestation populaire des "indignés", lancé le 25 mai, ne cesse de se renforcer. Tôt mercredi matin, des milliers d'indignés et de membre de groupes de gauche, mais aussi de droite nationaliste, affluaient sur la place centrale de Syntagma devant le parlement à Athènes, submergée par des drapeaux grecs et espagnols ainsi que des banderoles, dont plusieurs indiquaient "No pasaran" ("ils ne passeront pas", en espagnol) et "Résistez". Campant sur la place Syntagma depuis trois semaines, les "indignés" grecs ont prévu de former une chaîne humaine et d'encercler le parlement, où doit commencer mercredi l'examen du projet de loi budgétaire comprenant un nouveau volet d'austérité d'ici à 2015. La police a placé dans la nuit une barre de fer en travers de la rue, devant l'entrée du parlement. Des dizaines de fourgons de police sont stationnés afin de permettre l'accès aux députés et de freiner la foule. Plusieurs artères autour du parlement ont été fermées à la circulation et aux piétons. Les rassemblements à l'appel du syndicat du privé (GSEE) et du public (Adedy) devaient commencer en fin de matinée. Dans un climat de vive contestation sociale, le Parti socialiste grec (Pasok, au pouvoir depuis octobre 2009) se trouve dans l'embarras. La démission mardi soir du député Georges Lianis de son groupe parlementaire, indiquant que la politique du gouvernement "avait échoué", réduit à 155 sièges sur 300 la majorité en vue du vote crucial, fin juin, du plan budgétaire. Un autre député socialiste a récemment indiqué qu'il voterait contre le plan. Et le principal parti de l'opposition, Nouvelle-Démocratie (droite), affirme jusqu'ici son opposition aux nouvelles mesures. Selon le gouvernement, le vote par le Parlement du plan budgétaire est la condition pour le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 par l'UE et le FMI, dont 53 milliards au total ont été versés à ce jour au pays. Côtés créanciers, la zone euro s'est de nouveau penchée mardi sur le cas de la Grèce, mais les discussions peinent à aboutir en raison de divergences sur l'effort à demander aux banques privées créancières du pays, menacé de défaut de paiement, selon les agences de notation. Mercredi, le quotidien progouvernemental Ta Néa appelait "à faire preuve de sang-froid". "Les manifestants qui veulent encercler le parlement ne doivent en aucun cas empêcher les députés de se déplacer ou qu'ils soient victimes de violence", a écrit l'éditorialiste du journal. "Le Pasok a atteint ses limites", titrait Kathimérini (libéral) en faisant allusion à la défection du député socialiste mardi soir. Pour le quotidien Elefthérotypia (gauche) "le gouvernement tient à un fil". M. Papandréou a annoncé qu'il allait rencontrer dans l'après-midi mercredi le chef de l'Etat grec, Carolos Papoulias.