Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, entame mercredi un voyage consacré au Proche-Orient où, porteur d'une invitation à une conférence de paix fin juin à Paris, il tentera de faire pression sur les Israéliens et Palestiniens pour reprendre des négociations. "On ne peut pas rester dans le statu quo, il faut que ça bouge" et même si "je ne me donnerais pas 90% de chances de réussir, ne serait-ce qu'une chance, il faut la tenter", a-t-il dit dimanche à la chaîne de télévision Canal+. "Nous disons +mettez-vous autour de la table+ et organisons à Paris une conférence, fin juin pour relancer le processus. C'est ce message-là que je vais apporter". Le ministre débutera ses rencontres par un entretien mercredi à Rome avec le président palestinien Mahmoud Abbas, en visite en Italie. Il sera jeudi et vendredi en Israël et à Ramallah pour y rencontrer notamment les Premiers ministres Benyamin Netanyahou et Salam Fayyad, ainsi que de jeunes Palestiniens. Aucune rencontre avec des représentants du Hamas n'est à son programme, mais la France s'est récemmment distinguée des Etats-Unis pour souligner que la réconciliation avec le Fatah de ce mouvement banni par l'Occident était "une bonne nouvelle" à saisir pour la paix. "Essayons de faire évoluer le Hamas qui aujourd'hui reste une organisation terroriste vers la renonciation à la violence et au terrorisme et vers la reconnaissance de l'Etat d'Israël, c'est dans cette direction qu'il faut travailler", fait valoir Alain Juppé. Alors que Washington a qualifié cette réconciliation d'"énorme obstacle à la paix", Paris apparaît isolé dans cette approche. Le chef de la diplomatie tentera par ailleurs d'infléchir la position des Israéliens sur la nécessité, selon les Etats-Unis et l'Europe, d'une négociation territoriale sur la base des lignes de 1967 qui existaient avant l'occupation israélienne de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. Sur cette question, Alain Juppé risque une fin de non-recevoir d'Israël qui ne peut que se réjouir de voir que le G8, dans sa déclaration finale, ne mentionne pas ces lignes de 1967, - semble-t-il, suite à une opposition du Canada -, se bornant à apporter son soutien à "la conception de paix" de Barack Obama. Les moyens de pression pour arracher des concessions aux deux parties seront-ils suffisants pour la France, qui s'appuie sur les révolutions en Egypte et Syrie pour juger que les Israéliens n'ont d'autre choix que le mouvement ? Dimanche, le ministre français a menacé implicitement Israël de reconnaître la création d'un Etat palestinien lors de la prochaine Assemblée générale de l'ONU. "Si on ne fait rien d'ici septembre (...) nous n'excluons aucune solution", a-t-il averti en allusion à cette reconnaissance que les Palestiniens sont déterminés à obtenir si Israël ne change pas de position. Côté palestinien, la France a un levier avec une conférence de donateurs programmée fin juin à une date et en un lieu toujours inconnus. C'est cette réunion que Paris voudrait transformer en conférence de relance de la paix. Bien accueillie par les Palestiniens, cette idée a besoin d'un "minimum de bonne volonté" des protagonistes pour débloquer l'impasse, a reconnu le président français Nicolas Sarkozy. Pas seulement des seuls Israéliens et Palestiniens alors que les grandes puissances du G8 ne mentionnent pas dans leur déclaration ce projet de conférence de paix.