Le président soudanais Omar Al-Béchir a affirmé mardi que les troupes nordistes "ne se retireront pas d'Abyei", enclave disputée entre le Nord et le Sud, et occupée depuis samedi par les forces armées soudanaises. Alors que quatre hélicoptères de la mission des Nations unies au Soudan (Unmis) ont été visés par des tirs mardi après-midi, pendant qu'ils quittaient leur base dans la ville d'Abyei, selon un communiqué de l'ONU reçu mercredi. "Les appareils n'ont pas été touchés et ont pu atterrir sans encombre", selon la même source. Seuls étaient présents à bord des membres d'équipage. Le porte-parole de l'Unmis, Hua Jiang, a précisé que des hommes armés d'une milice se déplaçaient à travers la frontière vers le Sud. Des milliers d'habitants d'Abyei -en majorité des Sudistes soutenant la tribu Dinka Ngok- fuyaient vers le Sud, leurs maisons étaient incendiées et pillées dans les zones contrôlées par les nordistes. Des responsables sudistes ont affirmé que des membres de la tribu nomade pro-nordiste des Misseriya, qui traverse chaque année la région d'Abyei en quête de pâturages, entraient en grand nombre à Abyei. "La milice, apparemment les Misseriyia, se déplace vers le sud", a déclaré M. Jiang, sans pouvoir fournir de détails sur le nombre d'hommes armés. "La ville d'Abyei est désertée par les civils", a-t-il ajouté. Le président soudanais Omar Al Béchir a affirmé mardi que les troupes nordistes "ne se retireront pas d'Abyei", une enclave disputée entre le Nord et le Sud, et occupée depuis samedi par les forces armées soudanaises. "Abyei est une terre soudanaise du Nord, nos forces armées ne se retireront pas de cette terre", a martelé le président soudanais à Khartoum. "En cas de provocation, j'ai donné le feu vert aux troupes pour y répondre", a ajouté M. Béchir, se disant "disposé à une nouvelle guerre" à propos de cette région. Après de violents combats, les SAF (armée régulière de Khartoum) se sont emparées samedi d'Abyei: depuis quelque 15.000 personnes ont fui la ville. Ecartant les appels à un retrait des troupes nordistes, lancés depuis deux jours par l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne, le ministre soudanais de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein, avait déjà affirmé plutô_t qu'"Abyei restera une ville du Nord jusqu'à ce que la population décide de la situation par elle-même" "L'armée (nordiste) restera à Abyei pour maintenir la sécurité et la stabilité jusqu'à ce qu'une décision politique soit prise", avait-il ajouté. La population d'Abyei devait choisir lors d'un référendum son rattachement au Nord ou au Sud le 9 janvier 2011. Mais le scrutin a été reporté sine die, les ex-rebelles sudistes et la tribu Dinka Ngok d'un cô_té, les Arabes nomades Misseriya et les nordistes de l'autre n'ayant pas réussi à s'entendre sur le droit de vote des électeurs. Abyei est l'un des principaux points de tension depuis 2005 et la fin de la guerre civile entre le Nord du Soudan, musulman et arabe, et le Sud, principalement chrétien et noir, à l'origine de deux millions de morts. Elle est au coeur d'une lutte pour l'accès à l'eau mais aussi de rivalités tribales historiques et connaît une recrudescence des violences depuis le référendum de janvier sur le Sud-Soudan.