Pas étonnant que sur les gros plans montrant son visage, Mourinho ait paru, abattu, déprimé presqu'au bord des larmes. Des larmes de désespoir, des larmes d'impuissance … Mourinho, vivait, mardi soir, à Madrid, un Real-Barça qui tournait au désastre… Il y a une semaine, jour pour jour, après la victoire en Coupe du Roi, José Mourinho était intronisé roi du foot mondial. On célébrait son génie tactique, sa gestion du groupe, sa conception du foot; la victoire sur le Barça l'avait porté aux nues et le but de cette victoire avait, été réussi par SON EXCELLENCE Ronaldo, le footballeur qui joue comme s'il avait un miroir devant lui… Mais voilà, après cette victoire, le Réal a trop festoyé, trop célébré, ignorant que le Barça, mortifié par cette défaite avait su se montrer grand seigneur, Puyol (absent de cette finale) était même descendu sur le champ de jeu pour féliciter Casillas gardien du Réal et de l'équipe d'Espagne. Le Real, lui, tout enivré de cette démonstration monta sur son nuage et se mit à contempler de haut toute la planète ibérique. Et comme une illusion ne vient jamais seule, voilà encore que 72 heures après la finale victorieuse, le Real atomise Valence sur le score incroyable de 6 buts à 3. Le même jour Barcelone peinait chez lui pour vaincre le très modeste Ossassuna. Le délire madrilène atteint alors des sommets, et la ferveur « mourinesque » compta de nouveaux fidèles. Plus personne ne doutait que le Portugais qui, l'an dernier, avait tout gagné en Italie avec l'Inter de Milan, n'était pas capable d'éliminer le Barça de la Ligue des Champions. Il est très possible que Mourinho a commis l'erreur de penser que le Barça était devenu vulnérable. Et fort de cette certitude, il commit une autre erreur, celle de s'endormir sur ses lauriers, oubliant du même coup que l'orgueil blessé du Champion d'Espagne pouvait devenir la meilleure motivation pour Guardiola et ses troupes. Guardiola, justement, qui décida de changer d'attitude envers les provocations de Mourinho. Il leur répondit du tac au tac et cela fit le régal des internautes. Les plus avisés observateurs remarquèrent que dans ce duel oratoire l'entraîneur barcelonais avait marqué des points. Les joueurs s'unirent derrière lui, et c'est un bloc massif fait de fierté catalane qui se présenta à Madrid pour régler le solde de tous comptes. Mourinho ne vit rien venir, il présenta la même disposition que lors de la finale : un Real agressif, privilégiant le pressing sur le porteur du ballon, et laissant la responsabilité de l'attaque, à son mannequin vedette, le gominé Christiano. Ronaldo dont le talent indiscutable et réel ne semble pas suffire à son bonheur. Ce monstre de foot pétri de qualités, milliardaire et tout et tout, est jaloux. Jaloux de Messi, l'autre star du foot espagnol et mondial, voire jaloux de ses coéquipiers et peut être même jaloux de lui-même. Tout cela fait de lui un garçon fragile, le seul fait que Guardiola ait mis Puyol sur son chemin, a fait se liquéfier le beau Ronaldo qui ne va rien réussir de bien dans ce match capital, ratant même lamentablement des balles arrêtées, exercice dans lequel Ronaldo passe pour être un maître tireur. Mais voilà, ce soir-là le destin avait choisi les siens, à l'arrogance il a préféré l'humilité et la modestie. Et comme un signe des cieux, c'est Messi, le joueur qui donne envie à tout le monde de le prendre dans ses bras, qui va planter l'estocade en deux buts dont l'un fait déjà partie de la légende de la Ligue des Champions. Et alors que Messi triomphait et que Ronaldo, rageait, Mourinho, lui, était au piquet. Comme un élève sorti par le maître d'école pour comportement irresponsable. Expulsé par l'arbitre, Mourinho ruminait une noire colère, et peut être même une énorme déception car tout ce qu'il avait prévu n'a pas marché. Le maître tacticien avait été roulé dans la farine, chez lui, aux yeux du monde, par un Barça qui est venu rendre coup pour coup. Un Barça qui s'est rappelé qu'il avait huit points d'avance, sur le Real en championnat et qu'il avait déjà battu ce Real par 5-0. Mourinho regarda des tribunes s'effondrer ses plans et ses conceptions. Il a préféré Ronaldo à tous ses autres attaquants, et celui-ci se révéla le plus nul d'entre les nuls, le jour où tout Madrid attendait de lui monts et merveilles. Suprême châtiment pour Ronaldo, c'est son « ennemi intime » Messi qui est venu affoler la défense madrilène et battre super-Casillas. Retentissante raclée que celle reçue par le Real, déjà pratiquement éliminé de la Ligue des Champions. Le 4ème acte de ce classico qui se joue mercredi prochain à Barcelone risque d'être une chevauchée fantastique du champion en titre. A moins, à moins… que Mourinho, le Real, et Ronaldo ne trouvent le moyen de laver leur honneur perdu. Rien n'est impossible en football a dit quelqu'un. C'est une vérité, admise et établie. Mais, franchement, face au talent, le vrai, le pur, celui qui s'affiche sans ostentation, et sans fanfaronnade, même les vérités peuvent s'incliner. Mourinho ou pas, rien ne semble pouvoir empêcher le Barça, roi des cœurs, et bourreau des orgueilleux, d'aller le 22 Mai à Wembley pour jouer une finale de Ligue des Champions qui s'annonce somptueuse et que Madrid regardera à la télé. Et on dira que c'est bien fait…