S'il n'a pas son pareil pour provoquer et énerver par des petites phases bien choisies, chose qui l'a rendu antipathique à beaucoup, José Mourinho est aussi un «monstre» de football. Et cela, même ses pires adversaires sont bien forcés de le lui reconnaître. Il y a quinze jours, on ne donnait pas cher de la peau du Real de Madrid. Distancé en championnat, traînant lamentablement à huit points derrière un Barça irrésistible et dominateur, le Real semblait destiné à l'humiliation dans cette série de classicos qu'un démentiel calendrier a programmé pour le plus grand bonheur de tous les fanas de foot dans le monde. Il y a quinze jours, Mourinho faisait presque pitié. Le «Spécial one» venu à Madrid avec le plus gros contrat qu'un entraîneur puisse rêver (il perçoit 30 millions par jour !) paraissait parti pour une saison blanche et pauvre qui aurait fait de lui la risée du football. Quand on se déclare meilleur entraîneur au monde et qu'on prend une raclée (5-0) face au Barça de l'impeccable (et modeste) Guardiola, il ne vous reste plus qu'à disparaître sous terre et aller vous cacher dans d'obscurs vestiaires. Il y a quinze jours, on raillait Mourinho, on le disait fini et prêt à faire ses valises avant d'être «jeté» par le Real où même l'illustre Di Stefano, la légende vivante, le condamna par des déclarations assassines et qui semblaient capables de seceller le sort du Portugais aux cheveux d'argent. Mais Mourinho n'a pas seulement une grosse gu…, Derrière sa mise impeccable (les meilleurs tailleurs l'habillent et le bougre a largement de quoi les payer) et son sourire enjôleur, se cache un génie de la tactique, et de l'organisation de jeu. Il a suffi de 2 matches, les deux premiers «Real-Barça» sur cette série de 5 classicos pour que tout le monde l'encense. De provocateur il est devenu «l'enchanteur» comme le titre, sans vergogne, la presse mondiale depuis vendredi dernier. Que s'est-il passé ? Quel événement extraordinaire a réussi à modifier le jugement des détracteurs, tous ceux qui trouvaient que Mourinho avait sa place dans un cirque et non pas sur un banc de touche ? L'explication vous la connaissez, bien sûr, mais on vous la rappellera ici, avec les mots des meilleurs observateurs du foot mondial « Mourinho a testé, titillé et toréé son adversaire (NDLR : Le Barça) petit-à-petit, en finale de la Coupe du Roi, le génial technicien portugais fait déjouer et douter le Barça. Porté en triomphe par ses joueurs, il a gagné son combat non pas seulement contre Barcelone mais contre le reste du monde, c'est-à-dire tous ceux qui le critiquaient ». (Vincent Machenaud de France-Football). «Avec José Mourinho, le Real a retrouvé prestance, aura et résultats qui fon trembler Barcelone et l'Europe entières», (L'Equipe). Mais la belle revanche de Mourinho sur tous ceux qui ont osé douter de lui, ne s'arrête pas là, car le film continue, et tout peut encore arriver. Il y a encore de terribles duels à livrer, à commencer par celui de ce soir qui promet d'être aussi somptueux que suffocant. Le Real-Barça de ce mercredi soir comptant pour la Ligue des champions (demi-finale, s'il vous plaît) est le match le plus important de la saison. Oubliez la Coupe du Roi, oubliez la liesse du Real et la tristesse du Barça. Ne croyez pas ceux qui vous disent que ce soir c'est le Barça qui doute et le Real qui est favori – même si cela est écrit sur les plus belles pages de vos magasines préférés ou de vos sites facebookés… Oui, oubliez tout cela, car ce soir tout recommence et tout est possible. On peut assister au «réveil» du Barça qui reviendra reprendre son statut et son sceptre en plein Madrid, comme on aura peut-être la confirmation triomphale de Mourinho, le mage qui transforme le plomb en or. Ce soir, c'est tout simplement le plus dur match de la carrière de Mourinho. Il y a 15 jours, personne ne lui en aurait voulu de perdre tant la supériorité barcelonaise paraissait évidente, mais ce soir tout a changé et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour le Portugais. La victoire du Real en Coupe du Roi a redonné fierté et confiance à Madrid. Porté en triomphe, mercredi dernier, Mourinho sait qu'il sera piétiné ce soir si le Barça vient lui jouer un tour comme savent si bien le faire les Xavi Villa, Imiesta, et Messi. Mourinho a été trop encensé après avoir été méprisé, aussi sait-il que tous ceux qui le louent aujourd'hui seront demain ses plus cruels bourreaux. Le football est beau et effrayant car les plus grands matches peuvent se jouer sur un coup de dès, ou un coup de sifflet mal placé. Ce soir le Real jouera sans Pépé le joueur qui en Coupe du Roi enraya la belle mécanique barcelonaise, ce soir Pépé ne sera pas là, il est suspendu alors que le tuniso-allemand Khedira le joueur relayeur infatigable est blessé et donc indisponible. Le Barça n'est pas au mieux de sa forme aussi, comme on l'a vu l'autre samedi face à Oussassuna. Mais ce soir parce qu'il ne vient pas en position de favori, parce que tout le monde le dit «fini», eh bien le Barça risque d'être plus redoutable que jamais. Face au calcul tactique de Mourinho, Guardiola va faire ce qu'il sait le mieux faire : jouer au football avec le talent de ces chevaux-léger. Après si les Mozart du foot se font bouffer tout crus par la machine de guerre madrilène, et bien, le Barça compte bien tomber avec les honneurs, avec panache, en essayant d'imposer sa fluidité dans le jeu. Tout peut arriver ce soir. Rien n'est écrit à l'avance dans ce match. Mourinho est lui même trop intelligent pour ne pas savoir qu'il risque très gros ce soir et que Christiano Ronaldo, le play-boy bouffi d'orgueil peut aussi bien le faire gagner que le faire perdre s'il s'entête à vouloir jouer tout seul. Ce soir, le foot mondial retiendra son souffle. Le Barça qu'une grande partie de la planète adore va livrer bataille pour la gloire d'un football spectaculaire. Il est prêt à affronter Mourinho dans son repaire madrilène et à faire sauter tous les verrous. Question de suprématie, question d'honneur, … Quant à la qualification en finale on y pensera après, d'ailleurs, elle ne se jouera pas ce soir. Ce soir c'est la guerre de 2 mondes qui va se dérouler dans le rectangle vert du stade Bernabeu, n'en perdez pas une miette. Un match pareil n'a peut-être jamais lieu en lieu par le passé et on n'est pas près d'en revoir un autre d'une telle intensité et d'une telle férocité. Ce soir, soyez en sûrs, un mythe s'effondrera et un autre s'imposera. Il ne vous reste plus à connaître qu'elle sera la couleur du maillot du vainqueur. Mais pour cela il va falloir attendre le coup de sifflet final. Alors patientez et même si vos nerfs sont au supplice, préparez-vous aux délices de ce spectacle cruel et beau.