Les forces gouvernementales libyennes ont tiré jeudi des dizaines de roquettes sur la ville assiégée de Misrata, faisant 23 morts dont trois Egyptiens et des dizaines de blessés, a déclaré un porte-parole des rebelles. «Le bilan s'est alourdi à 23 morts et des dizaines de blessés. Ce sont des civils, en majorité des femmes et des enfants. Nous savons qu'il y a trois Egyptiens parmi les tués», a dit par téléphone à Reuters de la troisième ville de Libye ce porte-parole, qui s'est présenté sous le nom de Gemal Salem. «Ils ont tiré ce matin au moins 80 roquettes Grad pendant une heure et demie sur le quartier résidentiel de Kasr Ahmad, près du port. Pour l'instant, nous dénombrons huit martyrs et vingt blessés», a dit par téléphone à Reuters Abdelbasset Abou Mzereik. «Ils continuent de tuer les civils. Hier il y a eu cinq morts et 37 blessés dans la population.» Un autre porte-parole de l'opposition a affirmé que les tirs se poursuivaient sur le centre-ville, notamment sur la rue de Tripoli, et a exhorté l'Otan à intensifier ses attaques contre les forces de Kadhafi afin d'éviter un «massacre». «Un massacre (...) se produira si l'Otan n'intervient pas avec force», a dit par téléphone ce porte-parole qui s'est présenté sous le nom d'Abdelsalam. Le CNT obtient à Doha aide financière et légitimité Sur le plan diplomatique, la première réunion du Groupe de contact sur la Libye, chargé du suivi politique de l'intervention internationale dans ce pays, a décidé mercredi au Qatar la création d'un fonds d'aide à la rébellion et réitéré la nécessité d'un départ du colonel Mouammar Kadhafi pour régler le conflit. Le Groupe a reconnu le CNT comme le représentant «légitime» du peuple libyen et réitéré la nécessité du départ du colonel Kadhafi pour mettre un terme à la crise. Selon le communiqué final, le Groupe de contact a décidé «la mise en place d'un mécanisme financier temporaire» pour doter le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, «des moyens pour gérer les aides et répondre aux besoins urgents» des régions contrôlées par la rébellion. L'OTAN divisée sur le durcissement de son action Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan, divisés sur l'urgence de durcir l'intervention militaire contre le leader libyen Mouammar Kadhafi, se retrouvaient jeudi à Berlin, deux semaines après que l'alliance a pris les opérations en main en Libye. La France et le Royaume Uni tentaient de convaincre leurs alliés que la mobilisation insuffisante de certains freine l'action de l'aviation contre les troupes de Kadhafi. Paris et Berlin poursuivent les mêmes buts en Libye, à savoir la paix et la démocratie, même s'ils divergent sur les moyens, ont affirmé jeudi les chefs de la diplomatie des deux pays, avant l'ouverture d'une réunion de l'Otan centrée sur la crise libyenne. «La divergence porte sur les moyens», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, en rappelant que Paris contrairement à Berlin était «pour une intervention militaire». «Mais sur le fond nous sommes d'accord pour dire qu'il n'y a pas de solution militaire et qu'il faut une solution politique», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Guido Westerwelle, à l'issue d'un entretien. Pour sa part, l'Espagne ne changera ni son dispositif ni sa mission militaire en Libye, en dépit de l'appel de la France et du Royaume Uni à leurs alliés pour qu'ils accroissent leur engagement, a déclaré jeudi la chef de la diplomatie espagnole, Trinidad Jimenez. Ban Ki-moon appelle à un cessez-le-feu, Ashton au départ de Kadhafi Au Caire, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi à une solution «politique» et à un «cessez-le-feu immédiat» en Libye lors d'une réunion internationale à la Ligue arabe, tandis que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a réclamé le départ du colonel Kadhafi. «Nous appelons à un processus politique pour que le peuple libyen puisse réaliser ses aspirations», a déclaré M. Ban, qui co-présidait la réunion, lors d'une conférence de presse à l'issue des travaux. «Nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu immédiat», a-t-il ajouté. Mme Ashton a pour sa part déclaré que «la position de l'UE est très claire, le colonel Kadhafi doit se retirer immédiatement». «La seule solution pour mettre fin à cette crise est politique», a-t-elle ajouté, en appelant à «un dialogue entre toutes les parties qui devrait mener à une période de transition». Le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu et le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping ont également participé à cette réunion consacrée à l'examen des moyens de mettre fin à la crise en Libye et co-présidée par M. Ban et le secrétaire général de l'organisation panarabe, Amr Moussa. «Cette conférence vise à examiner les solutions et les issues politiques à la crise libyenne et à coordonner les efforts entre ces organisations», selon Ahmed Ben Helli, le secrétaire général adjoint de la Ligue, cité par l'agence officielle égyptienne Mena.