«Harmattan » pour Paris, « Ellary » pour Londres, et « Dawn Odyssey » pour Washington. Trois noms pour une seule et même opération. L'intervention de la coalition occidentale contre le dirigeant libyen a trois noms et pas de tête. Quarante huit heures à peine après son lancement samedi dernier, et déjà les premiers grincements dans l'engrenage. La Norvège avait envoyé six avions de combat F-16 en zone méditerranéenne pour participer à l'opération, mais la ministre norvégienne de la Défense, Grete Faremo, a déclaré lundi qu'ils ne participeraient pas à la mission internationale tant que la question du commandement n'aura pas été réglée. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a demandé lundi soir que l'Otan prenne en main le commandement des opérations de la coalition internationale en Libye, au cours d'une conférence de presse à Turin, dans le nord de l'Italie. "L'OTAN jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a déclaré lundi le président américain Barack Obama à Santiago du Chili, ajoutant que cette nouvelle phase interviendrait dans un délai "de jours, non de semaines". Poursuites des opérations et des combats Les bombardements de la coalition internationale et les combats entre forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et rebelles se poursuivent en Libye, le débat faisant rage sur la finalité et le mandat de l'opération menée à l'initiative de Washington, Paris et Londres. Au sein de la coalition --à laquelle participent côté UE, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne-- des voix dissonantes se font entendre au sujet du commandement que plusieurs pays souhaiteraient voir confier à l'Otan. Actuellement, les opérations de la coalition sont nationales et coordonnées par les QG américains de Ramstein (ouest de l'Allemagne) et Naples (sud de l'Italie). "L'Otan jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé M. Obama, ajoutant que le début de cette phase était une question "de jours, non de semaines". Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a réclamé que "le commandement des opérations passe à l'Otan". "Nous voulons (...) un contrôle utilisant les mécanismes de l'Otan, de façon à ce que tous ceux qui veulent participer de l'extérieur puissent être coordonnés correctement", a renchéri M. Cameron. Mais Paris estime que si l'Otan dirige l'intervention, les pays arabes ne voudront pas s'y rallier et, pire, finiront par la dénoncer. La Norvège a fait savoir que ses six F-16 dépêchés lundi en Méditerranée pour participer à l'opération n'entameront leur mission que lorsque cette question du commandement aura été clarifiée. Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra jeudi une réunion pour débattre de la situation en Libye. 40 morts à Misrata lundi Sur le terrain et malgré le nouveau cessez-le-feu annoncé par Kadhafi, les violences se sont poursuivies lundi, faisant au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, selon les rebelles. Quarante personnes ont été tuées dans les attaques menées lundi par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi contre Misrata, a déclaré à Reuters un habitant de la troisième ville de Libye, tenue par les insurgés. Cet habitant dit tenir ce bilan d'un membre du comité des insurgés chargé des soins aux blessés. Il n'a pas dit combien, parmi les tués, étaient des civils et combien des insurgés. Mardi matin, les blindés de Kadhafi tiraient des obus sur Misrata, ville à 200 km à l'est de Tripoli, et quatre enfants figurent parmi les nouvelles victimes, a dit un témoin. "La situation est très mauvaise ici. Les chars ont commencé à bombarder la ville ce matin", a dit ce témoin depuis les abords de l'hôpital. "Des tireurs d'élite participent aussi à l'opération. Une voiture civile a été détruite, les quatre enfants à bord ont été tués et le plus âgé avait 13 ans", a-t-il ajouté. La coalition internationale a bombardé lundi la ville de Sebha (750 km au sud de Tripoli), fief de la tribu de Guededfa du colonel Mouammar Kadhafi, a indiqué un porte-parole du gouvernement. "Depuis samedi, la coalition ennemi a mené des raids aériens et par missiles sur Tripoli, Zouara, Misrata (ouest), Syrte et Sebha, visant notamment des aéroports", a déclaré Moussa Ibrahim au cours d'une conférence de presse. "Oui. Sebha a été bombardée aujourd'hui", a-t-il répondu interrogé sur la date de l'attaque. Il a ajouté que ces attaques ont fait de "nombreuses victimes" parmi les civils, notamment à "l'aéroport civil" de Syrte, ville natale de Kadhafi, à 600 km à l'est de Tripoli. Il a ajouté que les raids de la coalition ont également touché lundi un "petit port de pêche" à 27 km à l'ouest de Tripoli. Mais selon plusieurs témoins, c'est lune base de la marine libyenne, située à 10 km à l'est de Tripoli, qui aurait été touchée par des bombardements lundi soir, ont indiqué les témoins qui ont vu des flammes s'échapper de la base. La télévision d'Etat libyenne a annoncé lundi soir que la coalition internationale bombardait Tripoli. Des tirs de la défense anti-aérienne suivis d'explosions avaient été entendus dans la soirée dans le secteur de la résidence du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Tripoli.