La décision qu'a prise la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS), de rembourser tout médicament prescrit au prix du générique le moins cher, à partir du 1 mai 2011, est très courageuse et très pertinente sur le plan de la bonne gouvernance en matière de santé. Mais elle ne peut être effective sur le terrain que si les médecins prescripteurs y adhèrent. Cela suppose que ces derniers doivent recevoir des signes très forts dans ce sens de la part de leur ministère de tutelle. Cela nécessite indubitablement moins de pression de la part du lobbying de l'industrie pharmaceutique. C'est le rôle que devrait jouer, entre autres, une ONG marocaine très influente et qui se veut citoyenne, l'association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP). La Caisse Nationale de sécurité sociale (CNSS), pour les salariés du secteur privé, doit emboiter le pas à la CNOPS en donnant la preuve d'une vision commune du futur en matière de dépenses liées au médicament. De grandes pointures de la médecine et de la pharmacie au Maroc, tels les doyens des facultés de médecine, les directeurs des CHU du Royaume, les présidents des associations nationales et régionales de la formation médicale continue, doivent exprimer publiquement leur soutien à cette action, en relatant des données scientifiques et des expériences réussies adoptées par des pays Européens et Américains, qui sont pourtant plus riche que nous. Une commission nationale, indépendante de la direction du médicament, doit être mise en place pour statuer sur la liste des maladies, pour lesquelles le médecin prescrit le médicament princeps (la molécule mère), donc très cher et non un médicament générique qui est 30 à 50% moins cher. La société marocaine des sciences médicales (SMSM) et l'agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), qui ont produit des protocoles thérapeutiques, qui ont coûté de l'argent et qui sont restés lettre morte, doivent revoir leurs copies, en donnant la place qu'il mérite au médicament générique. Enfin, la société civile marocaine, notamment les associations de défense des consommateurs, doivent élaborer une stratégie de communication, notamment avec le soutien de la CNOPS et de l'ANAM, pour sensibiliser le citoyen sur le médicament générique qui est efficace et en plus, moins cher. Toute cette démarche est un maillon indispensable pour garantir la généralisation et la non faillite à l'assurance maladie obligatoire dans le moyen et le long terme.