«Un match au féminin contre une équipe étrangère, pour fêter l'inauguration du stade de Marrakech, aurait certainement enrichi le spectacle, donné un cachet particulier à l'événement, une image favorable d'un Maroc qui se développe par ses hommes et ses femmes, ses sportifs et sportives, ses footballeurs et footballeuses». Marrakech vient d'inaugurer son nouveau stade de football. C'était la semaine dernière. Les Bahjaouis ont de quoi s'enorgueillir aussi bien sur le plan sportif que sur le plan touristique et les Marocains se souviendront avec fierté de cette fête de couleur et de ce ballet de lumières préparés pour l'occasion par les soins des responsables, à leur tête le Ministre de la Jeunesse et des sports, Moncif Belkhayat, qui depuis son avènement ne cesse de déployer des efforts colossaux pour faire décoller le sport national en général et le foot en particulier. Pour annoncer l'ouverture de ce monument, deux équipes de football, de grande renommée ont été conviées à disputer deux matches: Paris Saint Germain contre le WAC et L'Olympique Lyonnais contre l'équipe hôte c'est-à-dire le KACM. Jusque là tout est dans les meilleurs des mondes comme le scande «Candide» dans le conte philosophique de Voltaire. Ce qui interpelle à travers ce grand évènement, ce n'est pas la structure elle-même, ce n'est pas non plus la manifestation puisque pour organiser des événements, même les plus grandioses, le Maroc a fait des avancées considérables. Ce qui interpelle c'est l'absence de l'élément féminin en une telle occasion. Non pas en tant que spectateur -la gente féminine garnissait quand même les gradins- mais en tant qu'équipe féminine qu'on aurait du programmer et inviter pour faire partie de la fête. Nous avons actuellement des équipes féminines de la balle ronde auxquelles tout un programme et un budget sont consacrés depuis 2005 par la FRMF. Une sélection nationale est préparée pour défendre nos couleurs ici et ailleurs et nous a déjà honorés à plusieurs reprises sur le plan international. N'aurait-il pas été plus judicieux et paritaire de programmer un match pour les femmes et un autre pour les hommes ? Une opportunité pour rendre visible l'effort et l'investissement consentis par la Fédération dans ce sens et en même temps de vulgariser le foot au féminin qui reste dans l'ombre et ne parvient pas à émerger. D'autant plus qu'il ne s'agit pas là d'une compétition à enjeu, si ce n'est celui de redorer l'image du Maroc sur le plan infrastructure et les actions menées pour prouver qu'il est à même d'organiser des manifestations internationales. Est-ce que les footballeuses marocaines ne sont pas des citoyennes ? Ne participent-elles pas autant au développement du pays ? Ne sont-elles pas des contribuables de la même façon que leurs partenaires masculins pour profiter de cette nouvelle structure emblématique qu'est le stade de Marrakech ? L'image du pays ce n'est pas seulement ses édifices, son infrastructure, c'est aussi et surtout l'état d'esprit de ses citoyens et leur bien être, c'est l'égalité en droits instaurée entre ses différentes composantes et dans tous les domaines. Qu'en est-il alors de la parité proclamée depuis un certain temps en commun accord avec la société civile ainsi que les instances internationales des droits humains et que le Maroc s'est engagé à respecter et à promouvoir ? Tant que le foot féminin est laissé pour compte et ne jouit pas des mêmes soins que le foot masculin et ce par la médiatisation, la valorisation, le budget alloué, inutile de prétendre qu'on cherche à le promouvoir ou le faire décoller. Un match au féminin dans une telle soirée footballistique, contre une équipe étrangère, aurait enrichi le spectacle, donné un autre cachet à l'événement, une image positive d'un Maroc qui se développe par ses hommes et ses femmes: le sport est par excellence le domaine idéal pour le prouver et le manifester.