Le volcan islandais Eyjafjöll refait parler de lui avec de nouvelles perturbations dans le ciel européen. Plusieurs centaines de vols entre l'Europe et l'Amérique du Nord ont été retardés ou annulés samedi en raison du nuage de cendres volcaniques qui s'étendait au-dessus d'une grande partie de l'Atlantique Nord. Selon Eurocontrol, l'agence de sécurité de la navigation aérienne en Europe, dont le siège se trouve à Bruxelles, ces vols ont dû être déroutés pour passer au nord ou au sud du nuage, qui s'étirait sur quelque 2.000km de l'Islande au nord de l'Espagne. "En fonction des vents, le nuage de cendre pourrait toucher le sud de la France et le nord de l'Italie demain (dimanche), a indiqué une porte-parole d'Eurocontrol, Kyla Evans. Dans le nord de l'Espagne, 19 aéroports ont fermés, dont celui de Barcelone, et ceux de Santiago, Vigo, Bilbao et Lerida, au moins jusqu'à minuit (22h GMT). Plus de 670 vols ont été annulés. L'aéroport international de Madrid devait en revanche rester ouvert. Par ailleurs, 125 vols ont été annulés dans les trois principaux aéroports portugais (Faro, Lisbonne et Porto) samedi en raison du nuage, selon l'autorité aéroportuaire portugaise ANA. Les annulations de vols, pour la plupart, étaient à destination, ou au départ, du Royaume-Uni, d'Irlande, du centre et du sud de l'Europe. Aer Lingus a annulé des vols entre les Etats-Unis et Dublin, évoquant les difficultés pour contourner le nuage. Le nuage de cendres, qui évolue rapidement, risquait, selon les prévisionnistes, d'atteindre le sud de la France. Jérôme Lecou, ingénieur à Météo-France, a précisé à l'Associated Press qu'une partie du nuage "va passer les Pyrénées dans la soirée ou dans la nuit, et progresser sur les régions du sud-ouest et du sud-est de la France". "Les cendres sont potentiellement gênantes pour le trafic aérien", a-t-il souligné. En revanche, le festival de Cannes, qui commence mercredi, "est beaucoup trop loin" dans le temps pour qu'on sache s'il en subira les conséquences, alors que de nombreuses stars et autres journalistes sont attendus sur la Croisette.Aucune fermeture de l'espace aérien français n'était prévue samedi après-midi en raison du nuage de cendres, a-t-on appris auprès de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). "Ni les pilotes ni Météo-France n'ont relevé de quantités de cendres dommageables pour les appareils" dans le ciel français, indiquait-on à la DGAC. Un vol d'évaluation à vide devait être effectué par Air France. Les premiers résultats des analyses devaient être connus vers 21h, selon la DGAC. Le vol, parti de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, devait longer les Pyrénées, avant de rentrer à Roissy. Pour l'heure, les perturbations concernaient surtout les vols entre l'Amérique et l'Europe. "Nous pensons que la plupart des vols transatlantiques devront être déroutés samedi", expliquait Kyla Evans, porte-parole d'Eurocontrol. "Nous nous attendons à ce qu'il y ait des retards importants à cause de ça." Quelque 600 avions franchissent quotidiennement l'Atlantique. Environ 40% des vols devaient être déroutés par le sud et le reste par le nord. Le déroutement dû au nuage de cendres devait allonger le temps de parcours d'une heure en moyenne, dans les deux sens, selon Eurocontrol. Un avion d'Air France parti de Boston est arrivé à Paris samedi avec un retard de plus de quatre heures. "Durant la journée, la zone affectée par les cendres volcaniques devrait s'étendre de l'Islande au sud du Portugal et peut-être à l'est jusqu'à Barcelone et Marseille", a annoncé Eurocontrol. Mais selon des prévisions météorologiques communiquées un peu plus tard, le nuage de cendres devrait finalement se diriger samedi soir vers l'ouest, dans l'océan, loin des côtes espagnoles et portugaises. Le volcan Eyjafjöll, qui a connu au cours des derniers jours un regain d'activité, expulse un épais nuage de cendres atteignant 10.600m, l'altitude de croisière de la plupart des avions de ligne. Les cendres se concentraient jusqu'alors sous les 6.000m. Entre le 15 et le 20 avril, le volcan Eyjafjöll avait paralysé le trafic aérien sur une grosse partie du nord de l'Europe, provoquant de lourdes pertes pour le transport aérien et le tourisme. Depuis le début de l'éruption le 13 avril, le volcan Eyjafjöll n'a jamais cessé de cracher des cendres. Tant que cela durera, ce sont les vents qui seront déterminants pour le trafic aérien. La dernière éruption de ce volcan, qui avait commencé en 1821, avait pris fin en 1823. AP étrangers.