Les partis français se lancent dans la campagne avec des objectifs divers: le Parti socialiste rêve de grand chelem, l'UMP déploie ses ministres pour faire oublier la débâcle de 2004 et Europe Ecologie veut être mieux qu'une force d'appoint. Pour le Front national et le MoDem, l'enjeu des 14 et 21 mars sera d'endiguer la chute apparente de leur popularité dans un scrutin qui, traditionnellement, les désavantage. Le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, a réaffirmé mardi, lors de ses voeux à la presse, son ambition de remporter "toutes" les régions. Le PS contrôle vingt des 22 régions métropolitaines depuis sa victoire de 2004. Les premières réunions de campagne se tiennent déjà dans les régions, avant les meetings rassemblant tous les chefs de file, dans la deuxième partie du mois de janvier. L'UMP se présentera dès le premier tour avec ses alliés du Mouvement pour la France et du Nouveau Centre, le parti du ministre de la Défense Hervé Morin ayant obtenu deux têtes de listes régionales (Bourgogne et Nord-Pas-de-Calais). Le parti présidentiel craint toutefois l'absence de réserve de voix, d'autant plus que le Front national peut espérer se maintenir dans une dizaine de régions en obtenant 10% des votes. Huit ministres du gouvernement de François Fillon seront têtes de listes, dont Valérie Pécresse en Ile-de-France, Bruno Le Maire en Haute-Normandie, Alain Joyandet en Franche-Comté et Alain Marleix en Auvergne, autant de chances de succès. Auquel cas ils quitteront le gouvernement après les élections. Huit autres ministres sont en position éligible dont trois en Ile-de-France, mais ils ne seront pas obligatoirement concernés par un remaniement. EUROPE ECOLOGIE VISE UNE RÉGION Fin décembre, Nicolas Sarkozy a invité les chefs de file UMP à nationaliser la campagne et à défendre le bilan gouvernemental. Pour autant, il n'est pas prévu pour l'instant qu'il participe à des meetings. En revanche, François Fillon a dit jeudi qu'il ferait tout pour priver le PS d'un "grand chelem". "Je trouve que c'est très prétentieux", a dit le Premier ministre à des journalistes en marge de ses voeux à la presse. "On va tout faire pour qu'elle (la prédiction de Martine Aubry) ne se réalise pas", a-t-il ajouté. Le parti présidentiel, qui espérait en septembre reprendre cinq régions à la gauche, n'annonce plus d'objectif. Le Parti socialiste a trouvé des accords avec le MRC de Jean-Pierre Chevènement et le Parti radical de gauche mais ne sera allié avec le Parti communiste que dans cinq régions. Dans la gauche radicale, le rassemblement national n'a pas eu lieu et les alliances entre Parti de gauche, PCF et NPA se négocient au cas par cas, tandis que Lutte ouvrière partira seule dans 21 régions. Martine Aubry a clamé à plusieurs reprises qu'elle rêve de conserver les régions déjà à gauche et de conquérir l'Alsace et la Corse, les deux régions métropolitaines manquantes. Son entourage se contenterait de conserver celles acquises, parfois d'un cheveu, il y a cinq ans, et de repousser poliment l'offensive d'Europe Ecologie, avec qui il faudra bien négocier entre les deux tours. Sur la lancée des élections européennes de juin dernier, les écologistes rêvent de gagner une région, jetant leur dévolu sur l'Ile-de-France et le Rhône-Alpes, et d'obtenir un score national de 15%. LE FRONT NATIONAL RÊVE D'UN RETOUR La secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, à la tête d'Europe Ecologie en région parisienne, a prévenu que ses amis constitueraient les rassemblements de deuxième tour "sur la base des résultats du premier tour" et non en fonction des états-majors.