A trois journées de la fin du championnat, tant au niveau du bas que du haut du classement, les comptabilités les plus circonstanciées doublées des supputations et même des suspicions les plus perverses et les plus pernicieuses plongent le paysage footballistique dans un climat de tension et aussi de présomption qui enflamment les causeries des tribunes et des cafés. Tout geste donc, toute déclaration ou toute erreur sur le terrain sont sujets à des lectures souvent vicieuses à l'exemple de la publication dans un quotidien national de la déclaration d'un dirigeant widadi qui prétendait promettre une prime de motivation de 10.000 DHS à chaque joueur khouribgui en cas de victoire de l'OCK ou pour être plus précis, en cas de défaite du Raja. N'est ce pas là envenimer les esprits et attiser la flamme de la tension dans nos stades ? Ou aussi de ces rumeurs, démenties par l'OCK, rapportant qu'on aurait promis une prime spéciale aux joueurs en cas de victoire sur le RCA. Aussi, si pour l'OCK, il s'agissait surtout d'un match à dimension de palmarès et de rayonnement du club par la réalisation d'un meilleur classement, pour le RCA, ce match constituait indéniablement un tournant décisif dans sa course au titre. Et dès les premières lueurs de la matinée dominicale, des centaines de supporters casablancais débarquèrent dans la gare routière de Khouribga et prirent leur petit déjeuner aux chants et slogans des verts de Derb Soultane. Malgré donc cette ruée massive et cadencée des casablancais sur Khouribga, le service d'ordre a diamétralement quadrillé toutes les issues de la ville et du stade dans l'optique d'une logistique de prévention dont l'efficacité a été vraiment indéniable. Nous saisissons donc cette occasion pour féliciter tous les agents de l'ordre public et à leur tête le wali de la sûreté nationale et le chef de district. La partie débuta donc sur un rythme rapide et les rajaouis semblèrent, dès le coup d'envoi, miser sur la désertion du poste latéral droit par les Mahdoufi et Nejmi. Ainsi, après une première tentative ratée par Salhi, la deuxième fut concluante par Moutouali à la 10ème minute de jeu sur un tir croisé. Dans les tribunes des visiteurs, c'était le délire. Dix minutes après, Salhi « chassa » un penalty sifflé après une hésitation flagrante de Yara, le referee du match. Et Najdi, par un excès de zèle dont il se souviendra toute sa vie, mit le cuir dans les mains de Mohammadina devant la stupéfaction de tout le stade. Et si le premier corner des locaux n'advint qu'à la 43ème minute, leur première pénétration dans le carré casablancais n'advint qu'à la 46ème minute et elle rapporta le bonheur d'une égalisation advenue à un temps idéal et des pieds d'un Mahdoufi qui, s'il désertait son poste, il démontra que c'était pour marquer un et peut-être même plus. Au retour des vestiaires, on assista à une véritable baisse de régime des hommes de Romao qui semblaient déconcertés, mais il faut le reconnaître, on assista aussi à une volonté manifeste des phosphatiers de revenir dans le match et d'imposer leu jeu. M.Lamrini fit aussi remplacer Alaoui Mdaghri par Nafé, un latéral gauche, sans doute pour fermer cette issue ciblée par les visiteurs et aussi pour donner plus de liberté à un Mahdoufi qui manifestait une grande volonté de marquer un autre but. Et à chaque fois que le WAC marquait à Casablanca, le RCA paniquait à Khouribga et à la 79ème minute, Mahdoufi profita d'un de ces moments de déconcentration pour créer l'espace qu'il faut et marquer, des 32 mètres, un but d'anthologie. Un but qui assomma joueurs et tribune des supporters casablancais, tribune où il régna depuis un silence de mort. Romao fit remplacer respectivement Fatah, Najdi et Moutaouali par Cire Dia, Talal et Tnibar pour un quelconque sursaut de ses hommes, mais rien ne se fit devant un OCK qui continuait d'imposer jeu, manière et discipline tactique. Un OCK des grands joueurs. Un OCK dont la victoire a mis fin à toutes les cancans et clabaudages car les phosphatiers tiennent beaucoup à terminer la saison dans la crédibilité et la sérénité. A la fin du match, Romao n'a pu sortir des vestiaires pour les déclarations à la presse car les supporters rajaouis lui en voulaient rageusement et à Najdi aussi pour avoir raté un penalty et qui fut assommé par un projectile à sa sortie pour remplacement, comme quoi le fair play fait vraiment défaut dans nos stades et souvent ce sont des agissements de certains dirigeants qui sont à l'origine de ces dérapages.