Le 108è derby casablancais entre le Wydad et le Raja, prévu dimanche prochain, promet un plateau footballistique alléchant, agrémenté d'une rivalité historique et d'un enthousiasme d'un public dévoué et exigeant, et relevé par l'enjeu d'une course au titre qui bat son plein entre les deux clubs phares de la capitale économique. (Par Ali Refouh) Vu les circonstances actuelles du championnat national de première division, on ne peut rêver d'une meilleure affiche: A cinq journées de la fin, le Wydad se maintient, tant bien que mal, en tête du classement général, talonné de deux longueurs par le Raja, qui revient en force après sa victoire mardi contre le Moghreb de Fès (2-0). L'issue de ce classico marocain ne sera donc pas seulement une affaire d'honneur footballistique, mais déciderait en grande partie du prochain vainqueur du titre du championnat, détenu par le Raja. Le Wydad sous de mauvais auspices Sur le papier, les Poulains de Baddou Zaki entament ce derby sous de mauvais auspices. Incapables de gagner un match depuis trois journées d'affilée, leur dernière victoire ayant été signée contre l'AS FAR (22è journée), les Rouges s'affichent avec une ligne d'attaque peu prolifique en cette deuxième moitié de saison. Le dernier coup d'éclat des Wydadis remonte, en effet, à la 16è journée lors de laquelle ils se sont imposés devant la Jeunesse Massira sur le score de 3 buts à 1. Depuis ils se contentent du score minimum. On est loin, là, de l'image acquise par le Wydad en début de saison, comme équipe redoutable au compartiment offensif fougueux conduit par le Congolais Lys Mouithys, un des meilleurs buteurs du championnat national qui, à l'instar de son équipe, fait profil bas ces derniers temps. Est-ce une baisse de régime en cette fin d'un championnat long et pénible, ou une stratégie d'économie de jeu adoptée par le pragmatique Zaki, surtout après que son équipe ait pris la tête du classement et se trouve contrainte de maintenir jusqu'au bout son nouveau statut? Quoi qu'il en soit, le Wydad est acculé à se surpasser lors du derby, même si l'ancien sélectionneur de l'équipe nationale relativise l'importance de cette rencontre. "Le résultat du derby ne risque pas de sceller le sort du titre de championnat, puisqu'il restera quatre autres journées à disputer ensuite", a indiqué Zaki à la MAP, avant d'admettre que son équipe est "consciente de la difficulté de cette rencontre et il faut gérer au mieux la pression qui en résulte". "Les joueurs son prêts physiquement et mentalement pour ce match", assure-t-il, estimant que "les derniers résultats ne sont pas, certes, à la hauteur de nos espérances, mais le niveau du WAC est en progression constante par rapport aux saisons précédentes". +Le RAJA, après l'echec africain, "en avant toute" pour le championnat Les hommes de José Romao étaient irréguliers lors des dernières journées. Alternant éclatantes victoires et défaites incompréhensibles, ils semblaient capables aussi bien du meilleur que du pire. Ce parcours en dents de scie leur a coûté gros, notamment une sortie du premier tour de la Ligue des Champions d'Afrique devant les Angolais de Petro Atletico. Mais comme pour envoyer un signal fort juste avant le derby, les Rajaouis, profitant des faux pas des autres prétendants, le Wydad, le Kawkab et le Difaa d'El Jadida, qui se sont contentés d'un résultat nul (25è journée), ont frappé fort devant le MAS et réduit l'écart à deux points seulement des Rouges. Plus que le résultat, c'est la manière qui rassure les fans du Raja, dont les joueurs semblent avoir oublié tous les récents déboires, pour se concentrer sur la défense de leur titre. Pour Romao, "c'est le match de l'année. Tout le monde l'attend et on se remémora longtemps ces instants après le sifflet final". "Forts de notre victoire contre le MAS, nous allons préparer le derby casablancais sur tous les plans, pour être au rendez-vous", a-t-il affirmé, ajoutant qu'à son arrivée au Raja, "l'équipe était sixième, à neuf points du leader. Désormais nous sommes dauphins à deux longueurs du WAC, malgré un calendrier dense et chargé". L'enjeu l'emportera-t-il sur le jeu ? Dimanche prochain au complexe sportif Mohammed V, les deux rivaux éternels seront, certes, submergés par leur antagonisme aussi bien historique que conjoncturel (course au titre), mais devront garder à l'esprit que d'autres prétendants guettent l'opportunité de profiter de ce duel pour améliorer leurs chances de voler le titre. A ce propos, le plus proche poursuivant, le Kawkab de Marrakech de Fethi Jamal, troisième à trois points du Raja et qui hérite d'un mal-loti du championnat, la Jeunesse Massira, ne peut espérer mieux qu'un résultat nul qui freinera les deux clubs casablancais. Les représentants de la cité ocre devront croiser les doigts pour voir leur souhait exhaussé car cette confrontation a demeuré, tout au long de son histoire, indéchiffrable pour les pronostiqueurs. En effet, en l'espace de 54 ans de rivalité, 57 derbies sur 107 se sont achevés sur la victoire de l'une des deux équipes (32 pour le Raja et 25 pour le Wydad), alors que 50 se sont soldés par un nul. Des chiffres qui démontrent que ce duel reste ouvert à toutes les possibilités. Il peut donner lieu, aussi bien, à un spectacle footballistique extraordinaire qu'à une partie tactique où la prudence finira par ternir le jeu.