Le quotidien «L'Opinion» fète, aujourd'hui 9 mars, son 45ème anniversaire. «L'Opinion» fut en effet fondé par le Parti de l'Istiqlal le 9 mars 1965 à une époque où la liberté de la presse au Maroc était particulièrement en souffrance. C'était en plein année noire de la proclamation de l'état d'exception. Il devait succéder à un autre titre, «La Nation Africaine», interdit par les pouvoirs publics et dont le directeur fut emprisonné. A cette époque et jusqu'aux débuts des années 90, exprimer des idées et des positions contraires au bon vouloir de certains gouvernants influents, était souvent qualifié d'acte subversif et de tentative de trouble à l'ordre public. Tel fut le cas en septembre 1970, quelques mois après la création de la Koutla nationale (juillet) et juste après le boycott des élections scélérates d'août 1970 et l'appel à voter «non» à la Constitution de 1970. L'ex-directeur de «L'Opinion», feu Mohamed Berrada décédé tout recemment et qui venait juste de succéder au fondateur du journal, feu Abderrahmane Baddou, fut poursuivi pour «démoralisation de l'armée» et écopa d'un an de prison ferme. En 1989 encore, l'actuel directeur, M. Mohammed Idrissi Kaitouni, fut condamné en première instance à deux années de prison ferme pour une affaire de droits de l'Homme. Malgré cette atmosphère d'étouffement des libertés en général et de celle de la presse en particulier, le quotidien «L'Opinion» a eu cette particularité de s'être érigé, dès sa création, en un journal d'opinion offrant un espace de liberté permettant la confrontation des idées, doublé d'une tribune de défense des droits, des causes populaires et des valeurs nationales. La ligne éditoriale du journal est demeurée inchangée jusqu'à nos jours. Si le combat pour la liberté de la presse et des libertés publiques et individuelles a été globalement remporté, il n'en demeure pas moins que celui de la consécration de la démocratie, du développement économique et social, de la justice sociale et du parachèvement de l'intégrité territoriale demeure toujours d'actualité, à côté de l'impératif droit du public à l'information. L'action d'un journal engagé comme «L'Opinion» s'inscrit ainsi dans une logique de pérennité, nonobstant les changements d'époques et de conjonctures. Comptant aujourd'hui parmi les médias marocains les plus populaires, malgré une concurrence de plus en plus farouche, «L'Opinion» bénéficie d'une très large audience qui en fait incontestablement une référence. Son atout principal, mis en évidence par son parcours même, est son attachement à la promotion des libertés et des valeurs démocratiques et nationales ainsi qu'à son ancrage à la nécessité d'informer dans la transparence et l'objectivité. Ce choix où la prise de position est omniprésente, fait de «L'Opinion» un journal qui ne privilégie pas une élite bien particulière, mais tente de s'adresser au public le plus large possible dans ses différentes catégories sociales. Une telle approche a permis à «L'Opinion» de se forger une réputation de journal sérieux, crédible et respectueux des valeurs professionnelles, nationales et éthiques. «L'Opinion» a par ailleurs pu relever un très grand défi, celui d'être, en même temps, un journal professionnel bénéficiant d'un lectorat large et diversifié et le porte parole d'un parti politique, sans que cela n'altère l'importance de sa présence dans le paysage médiatique. Etant l'organe en langue française du Parti de l'Istiqlal qui a lutté pour l'indépendance du pays et qui poursuit son action pour la consécration de la démocratie, la défense de l'intégrité territoriale et des valeurs sacrées de la nation, la promotion des libertés et la mise sur les rails du train de développement économique et social, «L'Opinion» est tout naturellement conditionné par ces paramètres. Partant de là, il se retrouve avec trois caractéristiques qui, pratiquement, ne font pas forcément bon ménage ailleurs: journal d'opinion ouvert sur la société; quotidien professionnel d'information; et porte-parole d'un parti politique. Par cette situation, il a toujours été enclin à mener son action sur trois fronts. Chose qui n'est pas aisée, mais qu'il réussit toutefois bien à en juger par son aura et par son positionnement par rapport aux autres quotidiens d'expression française. C'est cette démarche tridimensionnelle qui lui avait souvent valu d'être aux prises avec les étouffements (interdictions et saisies répétées), la censure préalable (abolie en 1977) et les procès d'opinion. Mais malgré toutes les contraintes, «L'Opinion», journal militant au sens le plus large du terme, a su poursuivre son chemin arrachant, aux côtés de la presse nationale sérieuse et crédible, des acquis successifs dans les domaines des libertés, de la démocratie et de la consécration du droit à l'information. Plusieurs hauts faits sont comptabilisés pour le compte de ce journal dont le parcours est jonché de réalisations patriotiques et populaires de haute facture.