Par ce froid d'hier, B. Bouaziz vient de mettre des bûches dans les cheminées afin de rechauffer le zèle des lecteurs par ce vide intellectuel gelant les âmes de la ville. Le détenant de la boutique du coin du quartier me fit signe avec un sourire malicieux. Tout d'abord, j'ai cru qu'il avait touché un gros lot et vint m'annoncer la bonne nouvelle. Il tira un petit bouquin des rayons du kiosque et me le mit dans les mains. Etonné, je lui fis savoir que j'étais à la retraite et que seulement les quotidiens de la presse m'intéressaient. Avec un air plein de fierté, il me confia qu'on lui a appris que son kiosque a connu une célébrité grâce au nouveau roman de B. Douib alias B. Bouaziz. Je lui coupais la parole et lui fis savoir que je venais de rentrer de voyage. Le marchand savait que je m'intéressais tout particulièrement à la littérature maghrébine d'expression française et en particulier tout ce qui a rapport avec la région et la culture. Evidemment, je me procurai le roman lequel me fut réservé avec un grand merci et reconnaissance. La lecture dudit roman m'a casé pour une semaine à la maison. Bouchaïb Douib est pour moi un ami d'enfance et un de mes proches voisins du quartier, je détiens donc les bouts de ficelle de l'écrit. Dans sa préface, l'auteur déclara : « Mirage, est en quelque sorte une plainte agonisante de tout vieillard qui n'a pas eu le droit d'être enfant ». Le roman ne pourrait être qu'une rétrospective d'une existence perturbée par les aléas du destin. L'auteur conçut le monde par les yeux de Brin de paille selon les différentes étapes de son évolution. Ce fut en quelque sorte une genèse vue par un psychologue. 10 étapes, 10 histoires, 10 facettes et on se retrouvait avec 10 chapitres le long desquels « Brin de paille » allait prendre le bâton de pèlerin pour secouer la conscience des générations. Orphelin de père, il allait subir les plus vils sévices et dire à la fin à la manière des grands qu'il était toujours debout malgré les couteaux qui ont déchiré sa chaire et tout cela grâce à la bonté divine et la protection de la mère ne disposant que de son souffle de bénédiction. Brin de paille déteste de Bison que fut le mari de sa mère. Celle-ci, à son tour, fut victime de la décision du patriarche qui n'a pas hésité à livrer sa fille à un bourreau que fut le Bison, alors qu'elle ne manquait de rien et ne désirait que la protection de son fils. En fin de compte le Bison a toujours été la cause de plusieurs malheurs et de la famille de Brin de paille et des gens avoisinants l'atelier et des clients non-satisfait. Il a été puni avant terme car il allait perdre une jambe dans un accident de circulation par excès de vitesse en roulant sur un gros cylindré. Brin de paille croyait bien que la fatalité s'est exécutée pour punir l'oppresseur. Sur le plan stylistique, l'écrit de B . Douib à l'instar de « Mirages » est un amalgame de résidus heureux de circonstance pour former un chef-d'œuvre. Mots, phrases simples, sens direct frappant et le message passe facilement sans aucune complication. Ainsi, nous pouvons affirmer que l'auteur est pressé de faire passer le message de communiquer de vider son cœur. Plusieurs facettes rebondissent le long du récit.. L'auteur fait preuve de bitextualité et du récit et de la description à la manière d'un peintre sage et fou et de quelle manière ! Le récit garde son enchaînement chronologique du début jusqu'à la fin. Les 10 parties du roman ont un seul fil conducteur commun les reliant pour en faire une seule partie. Tous les faits pivotent autour de Brin de paille pour faire de lui un autre Gavroche. Il s'agit là bien sûr d'un mazaganais. Bouchaïb Douib nous donne l'occasion de revivre l'aube de l'indépendance. Son œuvre dévoile les souffrances et démystifie les démons de l'injustice à savoir les souillons, les fagotés, les dépravés… et les pervers. Ces énergumènes n'ont fait que rendre la vie d'autrui plus pénible et plus misérable sans pitié. L'auteur a fait jaillir le marbre à coups de marteau pour réveiller les démons de la plume. Les retraités sont invités à nous faire part de leurs expériences personnelles…, tout simplement par un écrit, une œuvre et à chacun selon ses moyens par respects à la mémoire collective.