Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé mardi l'installation de centrifugeuses plus performantes dans la centrale de Natanz, au moment où les Etats-Unis, la Russie et la France dénonçaient le récent lancement de l'enrichissement d'uranium à 20% sur ce site. Les trois pays y voient "une nouvelle étape vers la capacité à produire de l'uranium hautement enrichi", potentiellement à usage militaire. Mahmoud Ahmadinejad a expliqué à des journalistes à Téhéran que ces centrifugeuses n'étaient pas encore opérationnelles, mais qu'elles étaient cinq fois plus puissantes que le modèle actuellement utilisé à Natanz pour enrichir l'uranium. L'Iran "les utilisera dans un avenir proche", a-t-il déclaré, sans donner plus de précisions. La République islamique revendique le droit à maîtriser le cycle nucléaire et soutient que son programme est destiné à un usage strictement civil, et non militaire. Un uranium enrichi à au moins 90% est nécessaire pour fabriquer une arme atomique, mais un enrichissement à 20% des réserves actuelles de l'Iran représenterait une étape importante dans son programme nucléaire. Avec les quelque 2.000 centrifugeuses aujourd'hui en service à Natanz, enrichir à 20% prendrait environ un an aux scientifiques iraniens. En revanche, les étapes suivantes, comme le passage de 20 à 90%, ne prendrait qu'environ six mois, et seulement entre 500 et 1.000 centrifugeuses. Dans une lettre adressée mardi à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA, dépendant de l'ONU), les Etats-Unis, la Russie et la France mettent en doute la version du réacteur de recherche de Téhéran avancée par l'Iran, estimant que la décision d'enrichir à 20% représente "une nouvelle étape vers la capacité à produire de l'uranium hautement enrichi". Ce courrier est significatif dans le sens où il traduit une convergence de vues entre, d'un côté, la Russie, traditionnelle alliée de l'Iran, et, de l'autre, les Etats-Unis et la France, favorables depuis des mois à de nouvelles sanctions contre Téhéran. Mais si par le passé Moscou s'était montré réticent à l'adoption de nouvelles sanctions onusiennes, cela ne semble plus être le cas aujourd'hui. Il a suffit d'une visite de Netanyahu pour que la Russie montre déjà un signe de ralliement à la thèse occidentale. En effet, La Russie a annoncé, hier mercredi, le report de la livraison à l'Iran de systèmes antimissile S-300, au lendemain selon l'agence Interfax. Un report expliqué par des "problèmes techniques" "Le retard s'explique par des problèmes techniques. Les livraisons seront effectuées dès qu'ils seront résolus", a déclaré le directeur adjoint du service russe pour la coopération militaro-technique, Alexandre Fomine, à l'agence Interfax à New Delhi. Cette déclaration intervient après la visite à Moscou du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. L'Iran se trouve aujourd'hui sous le coup de trois séries de sanctions des Nations unies pour sa volonté de développer un programme nucléaire jugé suspect, notamment par les puissances occidentales. C'est dans ce contexte que le régime iranien a annoncé le 7 février le lancement d'un programme d'enrichissement de l'uranium à 20% destiné officiellement à alimenter le réacteur de recherche de Téhéran.