Avec une stratégie nationale comprenant 18 programmes clés, le Maroc anticipe les inondations, séismes, glissements de terrain et tsunamis, tout en renforçant la résilience des territoires et des citoyens. Face aux risques croissants liés aux catastrophes naturelles, en particulier les inondations, le Royaume a mis en place une stratégie nationale de gestion des catastrophes naturelles couvrant la période 2020-2030. Cette stratégie est actuellement déployée à travers un plan d'action s'étendant de 2021 à 2026, dont l'objectif principal est d'atténuer les effets des phénomènes extrêmes, tout en renforçant la résilience des populations et en garantissant un développement territorial durable, notamment au profit des communautés les plus vulnérables. Dans une réponse écrite adressée au groupe parlementaire du Mouvement Populaire, le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a détaillé les mesures mises en œuvre pour améliorer la prévention et la gestion des catastrophes naturelles. Il a souligné l'importance de renforcer la gouvernance et la coordination entre les différentes parties prenantes, mettant en avant une approche proactive visant à limiter les pertes humaines et économiques engendrées par ces événements.
Une mobilisation multisectorielle Dans le cadre de cette politique de gestion des risques, le Maroc mise sur des projets à la fois structurels et non structurels, financés en grande partie par le Fonds de Lutte contre les Effets des Catastrophes Naturelles. Depuis 2016 et jusqu'à fin décembre 2024, ce Fonds a permis de financer 321 projets pour un investissement total d'environ 4,68 milliards de dirhams. Parmi ces projets, 139 concernent la mise en place d'infrastructures destinées à protéger les villes et localités les plus exposées aux inondations, à travers la construction de barrages de protection, le renforcement des digues et l'amélioration des systèmes d'évacuation des eaux pluviales. À cela s'ajoutent 177 projets non structurels comprenant des études et des évaluations des risques, la cartographie des zones vulnérables ainsi que le développement de systèmes de surveillance et d'alerte précoce. Le ministre a insisté sur le rôle stratégique de ces investissements dans l'anticipation et la limitation des dégâts provoqués par les phénomènes climatiques extrêmes, dans un contexte où les ressources hydriques sont en diminution et où les épisodes de précipitations violentes deviennent de plus en plus fréquents.
Cartographie et outils de surveillance avancés Un autre axe majeur de cette stratégie repose sur l'amélioration des outils de connaissance et de surveillance des risques. À cet effet, plusieurs projets de cartographie des zones vulnérables sont en cours, en partenariat avec les ministères concernés et les agences urbaines. Le projet de cartographie nationale des risques naturels, actuellement en cours de réalisation, vise à identifier avec précision les zones les plus exposées aux catastrophes naturelles, notamment aux inondations. Dans le même esprit, la loi 15- 36 sur l'eau prévoit la mise en place d'un atlas des zones inondables, élaboré en coordination avec le ministère de l'Equipement et de l'Eau, et qui devra être finalisé dans un délai de trois ans. Ce guide sera complété par des plans de prévention des risques d'inondation, qui devront être finalisés dans un délai de six ans après la publication du décret correspondant au Bulletin Officiel. En parallèle, le ministère de l'Intérieur a mis en place des systèmes de prévision et d'alerte pour détecter les crues dans les cours d'eau à risque élevé, permettant ainsi une meilleure anticipation des événements climatiques extrêmes et une réactivité accrue des autorités afin de protéger les citoyens et leurs biens. Dans cette dynamique de renforcement des capacités de prévention et de gestion des risques, plusieurs avancées notables ont été enregistrées. Parmi elles, l'acquisition d'un supercalculateur météorologique de pointe, permettant d'améliorer la précision des prévisions climatiques et notamment des précipitations. Le réseau de radars météorologiques a également été renforcé à l'échelle nationale afin d'assurer un suivi plus précis des évolutions climatiques. De plus, des systèmes d'alerte précoce ont été installés dans les zones les plus exposées aux inondations. Ces dispositifs comprennent des sirènes et des haut-parleurs diffusant des messages d'alerte dans plusieurs langues : l'arabe, l'amazigh et différentes langues étrangères, afin d'assurer une information rapide et accessible aux populations locales ainsi qu'aux touristes présents sur le territoire. Dans cette optique de renforcement des capacités de gestion anticipative des catastrophes, le ministre a également annoncé le lancement du projet pilote « Vigirisques Inondations », qui est actuellement en phase de test dans quatre régions : Mohammedia, Al-Haouz, Kénitra et Guelmim. Ce programme repose sur la mise en place de centres de gestion des risques d'inondation, ainsi que sur la création de centres de prévision des crues au sein des agences de bassins hydrauliques. L'objectif est d'optimiser la prévention et l'intervention en cas de crue soudaine, en permettant une meilleure anticipation des phénomènes météorologiques extrêmes. Une étude est également en cours pour la création d'un centre national de prévision des crues, qui viendrait compléter et renforcer le dispositif national existant.
Réhabilitation et indemnisation Par ailleurs, cinq mois après les inondations dévastatrices qui ont frappé plusieurs régions du Sud-Est du pays, le gouvernement a mis en place un plan d'indemnisation des sinistrés, mobilisant une enveloppe budgétaire totale de 2,5 milliards de dirhams. Ce programme prévoit une aide financière de 140.000 dirhams pour chaque maison complètement détruite et de 80.000 dirhams pour celles partiellement endommagées. Selon le ministre, 90 % des fonds alloués ont d'ores et déjà été distribués, permettant aux familles touchées de reconstruire leurs habitations et de retrouver des conditions de vie décentes. Outre ces aides directes, le programme englobe également la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures publiques, avec un investissement de 105 millions de dirhams, ainsi que la réparation du réseau routier affecté par les inondations, pour un montant de près de 2 milliards de dirhams. Le renforcement des réseaux d'eau, d'électricité et d'assainissement bénéficie également d'un budget de 75 millions de dirhams, tandis qu'un soutien spécifique aux activités agricoles dans les zones sinistrées est assuré à hauteur de 293 millions de dirhams. Laftit a insisté sur le fait que tous les moyens humains et logistiques nécessaires ont été déployés pour garantir une réponse efficace et rapide aux besoins des populations affectées. Il a précisé que tous les ministères concernés ont été mobilisés pour assurer la bonne mise en œuvre du programme de réhabilitation et de reconstruction. Face à ces défis croissants, le gouvernement marocain réaffirme son engagement à anticiper et gérer les catastrophes naturelles de manière plus efficace, en développant des infrastructures adaptées et en renforçant les mécanismes de coordination et de prévention. À travers la mise en œuvre de la stratégie nationale de gestion des risques, les autorités publiques restent mobilisées pour assurer une veille permanente, intervenir immédiatement en cas de crise et protéger les citoyens ainsi que leurs biens contre les effets dévastateurs des phénomènes climatiques extrêmes.
Yousra RHARDOUD Inondations, débits records et destructions à grande échelle Les inondations survenues dans le Sud-Est du pays ont été provoquées par des précipitations d'une intensité exceptionnelle, générant des débits records dépassant 3.300 mètres cubes par seconde. Ces crues ont entraîné la perte de nombreuses vies humaines, en plus des dégâts matériels considérables qu'elles ont causés. Environ 1.100 maisons ont été partiellement ou totalement détruites, tandis que des infrastructures administratives et techniques, ainsi que plusieurs tronçons de routes classées et non classées, ont été fortement endommagés.