Les chars israéliens ont pris mardi le contrôle du poste frontière vital de Rafah à Gaza mettant les négociations de cessez-le-feu sur le fil du couteau. Le mouvement de la résistance Hamas avait déclaré lundi avoir accepté une proposition de cessez-le-feu négociée par l'Egypte et le Qatar. L'armée israélienne a annoncé mardi avoir pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte et que des troupes au sol avaient entamé une "opération ciblée" dans l'est de Rafah. "A l'instant présent, des forces spéciales passent au peigne fin le point de passage" de Rafah, "nous avons le contrôle opérationnel de la zone", a affirmé l'armée israélienne, précisant parler "uniquement du côté gazaoui du point de passage". Alors qu'Israël martèle depuis des mois son intention de mener une offensive terrestre d'ampleur sur Rafah, localité surpeuplée du sud de la bande de Gaza, où selon Tel-Aviv se terrent les derniers bataillons du Hamas, l'armée israélienne a martelé mardi que l'opération était localisée et d'ampleur limitée. L'armée israélienne a refusé d'indiquer combien de temps durerait cette opération. Israël et le Hamas étaient attendus mardi en Egypte, après l'annonce par le mouvement islamiste palestinien qu'il acceptait un projet de trêve, devant notamment permettre une pause dans les combats en cours depuis sept mois dans la bande de Gaza et un échange de détenus palestiniens contre des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre.
« Réelle perspective de famine »
Le président américain Joe Biden a de nouveau mis en garde lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre le lancement d'une invasion de la ville après qu'Israël a ordonné à 100.000 Palestiniens d'évacuer les parties orientales de Rafah. La 401e brigade israélienne est entrée tôt mardi du côté de Gaza du passage de Rafah, a annoncé l'armée israélienne, prenant le « contrôle opérationnel » de ce point frontière crucial. Le passage de Rafah et le passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza – les deux principales routes d'entrée de l'aide vers le territoire assiégé – sont fermés depuis au moins deux jours. Bien que des points d'entrée plus petits soient toujours opérationnels, la fermeture constitue un coup dur pour les efforts visant à maintenir le flux de nourriture, de médicaments et d'autres fournitures qui maintiennent la population de Gaza en vie à un moment où les responsables affirment que la partie nord de l'enclave connaît déjà « une véritable crise de famine ». Jens Laerke, porte-parole du bureau des affaires humanitaires de l'ONU connu sous le nom d'OCHA, a déclaré que les autorités israéliennes lui ont refusé l'accès au terminal de Rafah. Il a averti que des perturbations à Rafah pourraient interrompre la fragile opération d'aide, affirmant que tout le carburant qui maintient le travail humanitaire passe par le passage. « Cela plongera cette crise dans des niveaux de besoin sans précédent, y compris la possibilité très réelle d'une famine », a-t-il déclaré. L'armée israélienne « ignore tous les avertissements sur ce que cela pourrait signifier pour les civils et pour l'opération humanitaire dans la bande de Gaza ».
Allégations israéliennes sans preuve
L'armée a également mené une série de frappes et de bombardements dans Rafah pendant la nuit, tuant au moins 23 Palestiniens, dont au moins six femmes et cinq enfants, selon les dossiers de l'hôpital consultés par l'Associated Press. Mohammed Abu Amra a déclaré que sa femme et ses deux frères, sa sœur et sa nièce ont été tués lorsqu'une frappe a rasé leur maison alors qu'ils dormaient. L'armée israélienne a affirmé, sans fournir aucune preuve pour ses allégations, avoir pris le passage de Rafah après avoir reçu des informations selon lesquelles il était « utilisé à des fins terroristes ». Un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a refusé de commenter immédiatement la prise par Israël du passage. L'Egypte a précédemment averti que toute prise de Rafah – qui est censée faire partie d'une zone frontalière démilitarisée – ou une attaque qui forcerait les Palestiniens à fuir vers l'Egypte menacerait le traité de paix de 1979 avec Israël, qui est un pilier de la sécurité régionale. Les projets d'Israël d'attaquer Rafah font également craindre une augmentation spectaculaire du nombre de morts parmi les civils dans une campagne de bombardements et d'offensives qui a fait plus de 34.700 morts palestiniens, selon les responsables de la santé à Gaza. 8.610 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre Le nombre de détenus de Cisjordanie occupée dans les geôles israéliennes a augmenté ce mardi à 8.610 Palestiniens, depuis le 7 octobre, suite à l'arrestation de 22 Palestiniens la nuit dernière par l'armée israélienne. L'Autorité gouvernementale des affaires des prisonniers et ex-prisonniers et le Club des prisonniers palestiniens (non gouvernemental) ont fait savoir, par voie d'un communiqué commun, que le nombre total d'arrestations après le 7 octobre 2023 "a atteint plus de 8.610, lorsque les forces d'occupation (israéliennes) ont arrêté au moins 22 citoyens de Cisjordanie, dont une fille et un enfant blessé âgé de 8 ans et des anciens prisonniers". Selon les deux organisations palestiniennes, les interpellations se sont réparties entre les gouvernorats de Tulkarem, de Naplouse et de Tubas (nord), de Ramallah (centre), de Jéricho (est) et de Bethléem (sud). Dans le contexte de sa guerre contre Gaza, l'armée israélienne a intensifié ses opérations en Cisjordanie, faisant, outre les milliers d'arrestations, 497 morts et environ 4.950 blessés, selon les derniers chiffres du ministère palestinien de la Santé, rendus publics dans la soirée du lundi. Israël mène une offensive meurtrière contre Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, dont la plupart sont des femmes et des enfants. Les opérations israéliennes ont causé d'énormes destructions et une famine qui a déjà coûté la vie à plusieurs enfants et personnes âgées, selon des données palestiniennes et onusiennes.