Face à la problématique du chômage au Maroc, l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) a organisé, le 28 mars à Casablanca, un débat sur les moyens de créer davantage d'emplois de manière pérenne. Malgré les progrès économiques récents, le chômage demeure une préoccupation majeure pour notre pays. En effet, le taux de chômage reste élevé et les nouvelles opportunités d'emploi ne parviennent pas à absorber tous les jeunes entrant sur le marché du travail chaque année. Pour discuter des moyens de combattre ce phénomène, l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) a organisé, le 28 mars à Casablanca, une conférence-débat sur le thème de "La création massive d'emplois de qualité : défis et perspectives".
Dans son discours introductif, le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal et ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a rappelé que "l'emploi est une des priorités définies par le Nouveau Modèle de Développement (NMD), et également une priorité pour le gouvernement auquel notre parti appartient. Cependant, malgré cela, il est évident que la question de l'emploi reste très préoccupante dans notre pays".
"Un des principaux mécanismes de création d'emplois est la croissance économique. Le NMD avait ambitionné de porter la croissance à une moyenne annuelle de 6%. Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous sommes très loin de ces taux, ce qui a évidemment un impact sur le nombre d'emplois créés", a poursuivi le ministre.
Gisements d'emplois
Nizar Baraka a rappelé que la qualité de création d'emplois par notre économie s'est fortement détériorée. Auparavant, un point de croissance créait 35.000 emplois, alors qu'aujourd'hui il en crée moins de 20.000. A cela s'est ajoutée la sécheresse de ces dernières années, qui a occasionné une perte considérable d'emplois, surtout en milieu rural. "Cette année, nous avons perdu plus de 200.000 emplois. Cela impacte évidemment la création nette d'emplois dans notre pays", a-t-il regretté.
Afin de dépasser cette situation, le Maroc a le potentiel pour profiter des grands changements sur la scène internationale. "Il y a au niveau mondial un chamboulement des chaînes de production. Il est donc nécessaire que notre pays se positionne dans ces nouvelles chaînes. Et on voit qu'on a la capacité de le faire, comme par exemple dans la voiture électrique", a soutenu dans son discours le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal.
L'autre potentiel gisement d'emplois est l'industrie, à condition de réaliser un saut technologique, permettant de faire du Maroc un pôle industriel africain. "L'industrie est la clé pour l'accélération du développement économique, la création d'emplois et la consolidation de la classe moyenne", a rappelé Nizar Baraka.
Le ministre de l'Equipement et de l'Eau a aussi rappelé que la crise démographique en Europe était une opportunité de création d'emplois pour notre pays. "Plusieurs responsables de ces pays m'ont confié qu'ils n'avaient plus de choix que d'investir dans les pays de proximité, et le Maroc est le premier dans ce sens. Le Maroc leur garantit une compétitivité partagée", a-t-il expliqué.
Cependant, "si ces pays veulent nos cerveaux et nos compétences, notre position au Parti de l'Istiqlal est qu'ils doivent investir avec nous dans la formation de ces jeunes. Nous ne pouvons accepter que notre pays se vide de sa force vive", a-t-il martelé.
Des leviers à activer
Pour sa part, le président de la CGEM, Chakib Alj, a expliqué que devant les données préoccupantes de l'emploi au Maroc, "nous restons tout de même optimistes et confiants en l'avenir de notre économie et en sa capacité à rebondir post-crises et à créer de la valeur ajoutée et des opportunités d'emplois pour nos concitoyens".
Pour encourager l'investissement et donc l'emploi, le patron de la CGEM recommande d'agir sur plusieurs leviers, parmi lesquels le renforcement de l'offre foncière, le financement, la réduction du coût des facteurs de production à travers notamment la libéralisation maîtrisée du secteur électrique, la simplification des procédures et la mise en place d'un e-Gov, ainsi que le développement du capital humain.
"La CGEM appelle à une véritable transformation du système de la formation continue, en œuvrant au plus vite à la réforme tant attendue de la loi 60-17 pour le renforcement de la gouvernance et faciliter l'accès à la formation professionnelle aux TPME", a-t-il conclu.
3 questions à Abdeljabbar Rachdi « Nous avons toujours demandé à ce que les politiques publiques soient liées à la création d'emplois »
* Quelle est l'importance d'un tel événement ?
La Commission de l'économie et du développement durable a organisé avec l'AEI cette conférence sur l'emploi, car cette problématique constitue une question centrale pour le parti. L'emploi a en effet des répercussions importantes sur le plan économique et social. Le Parti de l'Istiqlal a toujours demandé à ce que les politiques publiques et les décisions économiques soient étroitement liées à la création d'emplois.
* Qu'en est-il de l'intégration des jeunes et des femmes dans la dynamique de la croissance ?
Les avantages fiscaux octroyés aux entreprises doivent être liés à leur capacité à créer des emplois. Pour nous, l'intégration des jeunes et des femmes dans la dynamique de la croissance est un élément important pour que notre pays évolue. Dans ce cadre, le Parti a plusieurs recommandations, partant de l'expérience accumulée durant plusieurs années, et partant également des compétences de ses membres.
* Quelles sont les dimensions de la problématique de l'emploi ?
On voit aujourd'hui que la problématique de l'emploi a deux aspects. Le premier aspect est lié à notre capacité à conserver les emplois actuels. Ceci est important, car aujourd'hui nous vivons dans un monde en pleine transformation, qui connaît plusieurs changements avec des perspectives opaques.
Le deuxième aspect est comment créer des emplois de qualité, compte tenu de tous ces chantiers dans lesquels notre pays s'est engagé sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans plusieurs domaines. Une nouvelle génération d'industries marocaines va voir le jour prochainement, que ce soit en rapport aux énergies renouvelables, de l'hydrogène vert...
Ces chantiers ont besoin d'une main d'œuvre qualifiée et capable de relever ces défis.