Plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées par les violences dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué mardi l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui a appelé à une action immédiate face aux risques accrus pour les déplacés dans ce pays de la région des Grands Lacs. "Deux années de conflit cyclique dans les territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu ont forcé plus de 1,3 million de personnes à fuir leurs maisons en RDC, conduisant à un total de 5,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri", a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole du HCR, Matthew Saltmarsh.
Depuis les violents affrontements qui ont eu lieu le 7 février dans la ville de Sake, dans le territoire de Masisi, près de 300.000 personnes sont arrivées dans la ville de Goma et ses environs. De nouveaux déplacés qui viennent grossir des sites spontanés et officiels alors qu'ils cherchent désespérément à s'abriter des bombardements aveugles et d'autres violations des droits de l'homme, souligne le service de presse de l'ONU.
"Sur place, les conditions sont désastreuses car les besoins croissants en matière d'abris, d'installations sanitaires et de moyens de subsistance dépassent les ressources disponibles", a ajouté Saltmarsh.
Au Sud-Kivu voisin, 85.000 personnes supplémentaires ont fui les mêmes violences et ont cherché refuge dans la région de Minova. En janvier, la ville de Minova accueillait déjà plus de 156.000 personnes déplacées, la majorité d'entre elles vivant dans des abris de fortune.
Depuis 2021, la province du Nord-Kivu, à l'est de la RDC, connaît un regain de violences entre les forces gouvernementales et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Le HCR évoque la poursuite d'une tendance profondément troublante "de l'utilisation accrue de l'artillerie lourde dans le conflit, avec des rapports de bombardements ciblant des sites civils à Minova".
"Les rapports faisant état de bombardements aveugles à Sake et à Goma au cours des dernières semaines, qui ont tué plus de 30 personnes et en ont blessé au moins 80, sont également préoccupants, tout comme la menace d'engins non explosés", a souligné le porte-parole du HCR.
Sur un autre plan, le HCR fait état d'une augmentation du nombre d'enfants déplacés, avec un grand nombre d'entre eux qui sont maintenant non accompagnés. Ces derniers sont ainsi exposés à des risques et des violations graves, notamment des enlèvements, des recrutements forcés, des mutilations et des viols.
Le HCR n'a reçu que 14% des 250 millions de dollars nécessaires à sa réponse en RDC en 2024.