L'ex-joueur du Maghreb de Fès Hamid Lahbabi vient de rendre l'âme en sa demeure à Casablanca. Avec le décès de Hamid Lahbabi c'est toute une page de l'ère de gloire du Maghreb de Fès qui est tournée. L'époque où le poste de centre-avant était conditionné par une authentique prédilection. Chaque club du Royaume avait son avant de pointe patenté qui ne faisait pas dans la polyvalence mais se consacrait corps et âme à cette responsabilité ultime de transformer toute offensive en but. Et donc tout avant-centre devait jouir des qualités suprêmes requises. Engagement athlétique, qualités techniques irréprochables à savoir reprises ajustées de la tête, tirs instantanés du pied droit comme du pied gauche, et surtout un jeu vertical qui ignorait la temporisation et le recours au soutien de milieu qui faussait l'effet de surprise de toute contre-attaque. Hamid Lahbabi faisait partie de cette race de baroudeurs innés qui faisaient trembler les arsenaux défensifs des adversaires du MAS à Fès et à l'extérieur. De cette trempe de spécialistes, Hamid Lahbabi jouissait de la compagnie d'un célébrissime ailier droit avec Feu Abdelhaq Benchekroun - artiste hors pair balle au pied - Hamid pouvait rêver de centrages télécommandés au centimètre près, repris victorieusement là où voulait le buteur du Maghreb de Fès. Rien à voir avec beaucoup de headings de nos joueurs contemporains qui se suffisent d'envoyer le ballon vers les buts... et c'est tout, faisant le bonheur des gardiens qui « le mangent froid ». En apprenant cette triste nouvelle, une phase de jeu inaltérable ressurgit de ma mémoire. Celle de ce coup de coin tiré par Abdelhaq Benchekroun côté voie ferrée du stade municipal (avant la dénomination « Stade Hassan II »). On jouait les ultimes minutes d'un fameux classique MAS-RCA, lorsque d'une forêt de joueurs massés dans la surface de réparation rajaouie surgit Hamid Lahbabi qui suppléa à sa taille moyenne une prodigieuse détente verticale avant de rabattre le ballon dans l'angle inférieur des buts du prestigieux gardien casablancais Rechag. Une concrétisation parfaite qui n'est pas sans rappeler la reprise toute aussi parfaite du roi Pelé en Coupe du Monde 70 mais que le keeper britannique Gordon Banks réussit miraculeusement à éviter le but. Un but comme celui inscrit à Rechag, Hamid Lahbabi en collectionna des tas à l'immense euphorie de dirigeants et supporters fassis qui adulaient cet enfant chéri. Quittant la pelouse et sa ville natale, Hamid Lahbabi – désormais juriste – n'en abandonna pas moins la scène sportive. D'abord au Raja et ensuite à l'échelle nationale au sein de la FRMF où il fut le recours incontournable en matière de règlements et de litiges à caractère juridique. Sa science footballistique et juridique lui valurent d'assister la commission de candidature du Maroc à la Coupe du Monde 2006 notamment. Hamid aura donc sacrifié sa vie jusqu'au bout à sa vocation première, se forgeant un aura et une réputation de serviteur perfectionniste et intransigeant d'un sport qui éterniseront un modèle du genre. Adieu Hamid.