Dr Mouline : A l'achat, le mouton doit avoir un regard clair et rose, les muqueuses de l'œil limpides. Par ailleurs il ne doit pas présenter de jetage nasal. Il doit avoir une laine dure, qui résiste quand on la tire. Il doit être en très bon état d'embonpoint et non maigre car il peut souffrir de maladie chronique, de malnutrition ou de carence en vitamines. Il faut également se méfier des signes de mauvaise digestion comme la diarrhée, à vérifier au niveau du postérieur, en dégageant la queue. Maintenant après l'abattage, si la carcasse est ictérique (NDLR maladie relative à l'ictérie : jaunisse), il faut consulter d'urgence les services vétérinaires qui assurent une permanence le jour de l'Aid. Une fois égorgé, il faut procéder à un douchage rapide de la chair et ne commencer sa consommation que le lendemain pour la laisser mûrir. En ce temps de propagation de la grippe porcine, doit-on craindre pour le bétail? Pas de risque ; le cheptel est vacciné contre la peste, la bluetong ou toute maladie susceptible d'être contagieuse. Le consommateur n'a donc rien à craindre ; nos moutons sont en parfaite santé. A votre avis les mesures de sécurité sont-elles respectées par le consommateur ? Les vendeurs savent parfaitement comment entretenir et sacrifier puis dépouiller ovins et caprins car ils sont en contact permanent avec les vétérinaires. Ils connaissent toutes les maladies relatives au bétail et savent comment agir en conséquence. Les vétérinaires leur fournissent un tableau de bord et les consignes à suivre et les éleveurs les appliquent. Ils sont bien encadrés. Qu'en est-il des bouchers ? Il y a deux sortes de bouchers : ceux qui travaillent dans les abattoirs et qui savent ce qu'ils font, et les bouchers qu'on attrape au passage le jour de l'Aïd, qu'on ne connait pas. Un boucher mal formé risque de se comporter mal en cas de maladie du mouton. Si le foie présente des kystes hydatiques (synonymes de la maladie hydatidose) il ne faut pas qu'il le touche directement. S'il manipule l'organe maladroitement il risque d'éjecter la maladie dans l'œil, ce qui provoquerait des lésions difficilement guérissables et au coût médicamenteux onéreux. En plus il n'est pas courant que les bouchers qui déambulent pour proposer leurs services disposent d'un matériel stérilisé, surtout s'ils ont déjà égorgé ailleurs. Ils peuvent avoir opéré dans des conditions d'hygiène douteuses, surtout ceux qui procèdent au soufflage de la bête sacrifiée. A ce sujet, pourquoi interdit-on cette pratique ? Le soufflage comporte des risques énormes pour la santé des consommateurs car le boucher, quand il souffle pour écorcher la bête, peut transmettre un problème sanitaire s'il en souffre, tels que la tuberculose, l'asthme, la grippe ou tout problème d'ordre respiratoire. Il faut demander au boucher de procéder au dépouillement sans souffler, comme ce qui se fait aux abattoirs. Peut-on se passer des services d'un professionnel et abattre soi-même son mouton ? Si on s'y connait en abattage et qu'on assimile les règles de l'hygiène, la stérilisation du matériel de l'abattage rien n'empêche de le faire soi-même.