La surfacturation est devenue une pratique courante pour les décideurs algériens quand il s'agit de détourner des sommes colossales qui vont garnir leurs comptes bancaires à l'étranger. Le général-major Mustapha Oudjani, contrôleur général de l'armée a trouvé un autre procédé. Il a failli réussir s'il n'avait pas fait preuve d'une voracité exagérée. Dans notre édition du 18 novembre nous avons évoqué le limogeage en catimini du contrôleur général de l'armée, le général-major Mustapha Oudjani sans que ne soit précisé s'il a été appelé à d'autres fonctions ou mis à la retraite. Une source bien informée du ministère algérien de la défense nationale nous livre la raison exacte de ce surprenant changement. Parmi les premiers officiers formés par l'Ecole Nationale des Ingénieurs et Techniciens d'Algérie (ENITA), (promotion 197), le général-major Mustapha a occupé diverses fonctions au sein de l'institution militaire algérienne dont la plus importante est celle de contrôleur général de l'armée. Un poste de confiance et accessible aux seuls officiers dignes de confiance. Deux critères que ne rempli guère le nouveau contrôleur connu pour sa frivolité et surtout son manque de sérieux. Il était qualifié de véreux par ses pairs, depuis qu'il était lieutenant. Les missions du contrôleur général de l'armée sont fixées et approuvées annuellement par le ministre de la défense nationale ou son délégué. Il a accès à toutes structures de l'institution militaire et à toutes les unités opérationnelles. Parmi les opérations qu'il avait menées à ce poste, l'inspection du siège du commandement des Forces Terrestres peu après le décès du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, l'ex-chef d'Etat-major de l'armée et vice-ministre de la défense nationale. Une inspection qui s'est soldée par l'arrestation du colonel Malek Mohamed, commandant du groupement du siège du commandement général et le lieutenant-colonel Belloumi, chef de l'ordinaire (restaurant) de cette unité. Les deux officiers ont été condamnés à 5 ans de prison ferme. Avant d'accéder à ce poste, le général-major Mustapha Oudjani avait dirigé le Commandement de la Capacité Régionale de l'Afrique du Nord (NARC). Un poste qui lui a permis de gérer un budget de 5 millions de dollars. Une aubaine pour s'enrichir et en devises fortes. Pour profiter de cette providentielle manne, il envoyait des officiers en mission à l'étranger en payant leurs frais de mission du budget du NARC alors qu'ils devaient les percevoir du ministère de la défense nationale. Mais, c'était fait à desseins. Le général-major Oudjani effectuait des ponctions sur les frais des missionnaires. Comme l'appétit vient en mangeant et loin de tout contrôle il s'auto-désigne chef de la base de logistique du NARC à Jijel pour une durée de quatre années. Une base qui n'a existé que sur du papier. Et ce n'est qu'à quelques mois de son départ que fut mise en activité cette base par le comité exécutif du NARC. Ce dont profita, notre général pour s'accorder un rappel de rémunération de 48 mois d'exercice à raison de 5.000 dollars mensuels. Soit un montant de 240.000 dollars empoché sans provoquer la moindre réaction. Une somme, franchement, exagérée et qui ne manquera pas de provoquer des jalousies. Quatre ans après avoir quitté son poste de commandant du NARC, le pot aux roses est découvert, lors d'une réunion des hauts représentants des pays membres du NARC. Selon notre source, parmi ces représentants, les ambassadeurs d'Algérie à Tripoli et au Caire qui n'ont pas manqué de relever cette énorme anomalie dans les comptes budgétaires du NARC. Les deux ambassadeurs signalent leur découverte au ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Ce dernier transmet l'information au président de la république qui, à son tour, alerte le général d'armée Saïd Chengriha. Toujours, selon la même source, le chef d'état-major de l'armée algérienne était bel et bien au courant de cette opération frauduleuse et n'avait pas émis la moindre objection lorsque le général-major l'avait informé de cette « régularisation ». Mais, une fois alerté par le président de la république, il s'est limité à proposer le limogeage du général indélicat sans plus. On laisse entendre, toutefois, qu'une enquête a été ouverte et on attend ses résultats.