Le Maroc, touché de plein fouet par un séisme dans la région de Marrakech, a autorisé officiellement l'aide de l'Espagne, de la Grande-Bretagne, du Qatar, et des EAU, mais n'a pas donné suite à la demande française. Paris n'as pas aimé. L'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, né à Rabat, a fait part de "sa profonde émotion" après le séisme qui a provoqué la mort d'au moins 2100 personnes selon un bilan provisoire. Dominique de Villepin refuse de faire un lien "de cause à effet", alors que le Maroc n'a pas donné suite, pour l'instant, à l'aide proposée par la France tout en reconnaissant l'"argument technique" et "sérieux" de Rabat. Il relève également de "fortes tensions" entre les deux pays. En ce sens, il appelle à dépasser "les susceptibilités" et propose une aide via l'Union Européenne pour éventuellement faciliter les choses. Si certains expliquent la volonté de la part des autorités marocaines de faire l'impasse sur l'aide française par des tensions diplomatiques, De Villepin estime que la décision d'accepter une aide étrangère relève d'un "argument technique" pour "garantir l'efficacité" de la planification des aides, explique-t-il. C'est "un argument très sérieux. Il faut planifier, organiser dans le temps pour s'assurer que tout cela sera efficace", justifie-t-il. L'ancien locataire de Matignon a appelé à "dépasser les susceptibilités qui pourraient s'exprimer. Il est important pour la France de mettre son drapeau dans sa poche, de mettre sa susceptibilité dans sa poche et de faire en sorte que l'aide française, puisse être acheminée par tous les moyens possibles et en particulier par des canaux privés ou par un canal européen", a-t-il déclaré.
"Il faut se garder d'interprétations erronées"
Evoquant les allégations d'un prétendu silence du Souverain marocain, De Villepin a assuré que le Roi du Maroc "sera au rendez-vous dans ce drame" que traverse son pays. "La monarchie chérifienne ne fonctionne pas comme un pays comme la France. Le Roi est un homme extrêmement discret, ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas très présent au milieu de son peuple. Il faut bien se garder d'interprétations erronées sur ce qui se passe aujourd'hui au Maroc", dit-il. "Il faut mesurer cette relation si particulière qui existe entre la France et le Maroc. Ce n'est pas seulement 2 millions de Marocains ou de binationaux vivants en France, ce sont aussi 5.000 Français qui vivent là-bas et 4 millions de touristes chaque année. C'est une émotion considérable", assure-t-il. "Il faut partir de cette réalité pour dépasser les susceptibilités qui pourraient s'exprimer. Il est important pour la France de mettre son drapeau dans sa poche [...] et de faire en sorte que cette aide puisse être acheminée par tous les moyens possibles".
Planifier les aides pour garantir l'efficacité
Dimanche soir, le Maroc a accepté l'aide de seulement quatre pays, dont l'Espagne et la Grande-Bretagne. Tout en remerciant tous les pays qui ont proposé l'envoi de secouristes, le ministère de l'Intérieur marocain affirme que Rabat a accepté celle de quatre d'entre eux uniquement "après avoir procédé à une évaluation minutieuse des besoins sur le terrain et en tenant compte du fait qu'une absence de coordination pourrait être contre-productive". D'autres offres pourraient être acceptées à l'avenir "si les besoins devaient évoluer", précise le communiqué du ministère. En attendant, Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a annoncé ce lundi sur BFMTV-RMC que 5 millions d'euros seront consacrés aux ONG, internationales ou françaises, présentes au Maroc. L'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères a suggéré lundi sur France Info que l'aide proposée par Paris à Rabat, sans être acceptée jusqu'ici, "puisse éventuellement transiter par d'autres canaux". La démarche pourrait "faciliter les choses", au regard du "contexte de fortes tensions" entre les deux pays, que Dominique de Villepin a reconnu sans ambages, évoquant "l'affaire des visas" entre autres. Il a néanmoins refusé de faire "un lien de cause à effet", reconnaissant un "argument sérieux" des autorités marocaines, qui "consiste à faire en sorte que la planification des aides puisse garantir l'efficacité".
Catherine Colonna: "Le Maroc n'a refusé aucune aide" La France débloque une enveloppe de 5 millions d'euros en faveur des ONG mobilisées après le séisme qui a frappé le Maroc, a annoncé lundi matin la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, à l'antenne de BFMTV. « Le Maroc n'a refusé aucune aide, aucune proposition. Ce n'est pas comme ça qu'il faut présenter les choses. Il est seul en mesure de déterminer quels sont ses besoins et le rythme auquel il souhaite que des réponses soient apportées », a-t-elle poursuivi répondant à la polémique distillée dans la presse française et accusant le Royaume de refuser l'aide de Paris. La locataire du Quai d'Orsay a, par ailleurs, souligné que « le Maroc qui est un pays souverain et qui est maître de ses choix, a pris la décision de prioriser l'arrivée de l'aide en s'adressant aux pays qui sont disponibles (...) en fonction de son évaluation de la situation au cas par cas et non pas en recevant d'un coup des aides qui ne correspondraient pas à leurs besoins ». De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé à l'antenne de France 2 que « le Maroc est un grand pays » et que « le Maroc est capable de répondre à ce genre de difficultés tout seul ». S'agissant de la situation des Français sur place, Catherine Colonna a fait savoir que près de 20.000 ressortissants se trouvent dans la région de Marrakech et confirme le bilan communiqué la veille de 4 Français décédés et une quinzaine de blessés. « Il y a encore quelques personnes dont on cherche les coordonnées et dont on cherche à savoir où elles sont localisées », a-t-elle précisé, laissant craindre une aggravation du bilan toujours provisoire.