Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a tenu, le 31 août 2023, la 149ème session ordinaire de son assemblée générale, laquelle s'est soldée par l'adoption de deux avis sur l'eau et le cloud. Zoom sur ces premières recommandations. Au cours de cette session, le Conseil a adopté un avis portant sur les mécanismes d'autorisation et de contrôle d'exploitation des ressources naturelles, ainsi qu'un autre sur le cloud. Dans un communiqué, le Conseil fait savoir que ces deux nouveaux avis seront publiés incessamment. Le premier avis souligne que malgré l'existence de plusieurs dispositifs régissant les mécanismes d'autorisation et de contrôle d'exploitation des ressources naturelles, certaines d'entre elles, notamment l'eau et les carrières, subissent encore des pressions croissantes, dues notamment à la surexploitation, à l'exploitation illicite et aux différentes formes de dégradation, explique le CESE dans un communiqué. Pour préserver ces ressources naturelles, ayant un caractère vital et stratégique pour le pays, le Conseil appelle à renforcer le cadre législatif et réglementaire y afférent, et ce, dans la perspective de la promotion du développement durable, de la sécurité humaine, de la résilience, de l'efficience économique, de la gouvernance et de l'équité sociale. Le second avis appelle à doter le pays d'une politique dédiée au Cloud, visant le déploiement d'une infrastructure nationale en la matière et la promotion de son utilisation, en vue d'accélérer la transformation digitale de différents secteurs et d'assurer la souveraineté des données, précise le communiqué du CESE. Le Conseil a en outre précisé que ces deux avis seront publiés dans les semaines à venir, soulignant qu'une partie des travaux de cette session ordinaire a également été consacrée à la présentation et la discussion du projet d'avis sur la participation des citoyens. Le diagnostic de l'Institut Royal des Etudes Stratégiques sur la gestion de l'eau L'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES), a rendu public, en mai dernier, un document synthétisant la situation de l'eau au Maroc. L'IRES indique que l'état des aquifères a atteint, presque dans l'ensemble du pays, des niveaux piézométriques «alarmants» alors que les réserves de ces nappes s'étaient formées pendant des dizaines, voire des centaines d'années. «Couvrant 10% de la superficie du territoire, les 130 nappes phréatiques que compte le Maroc ne peuvent, désormais, plus être reconstituées, même en année de forte pluviométrie et, donc, leur amenuisement pourrait devenir irréversible», tranche l'Institut. Le manque de connaissances et la gestion «inadéquate» de ces nappes ont provoqué un déficit de la ressource en eau souterraine de l'ordre de 1 milliard de m3, en moyenne annuelle, depuis 1980. D'après les données fournies par l'Institut, la dégradation de la situation hydrique se manifeste, également, par la disparition de 60 à 80% des superficies des zones humides (lacs et bassins humides), dont l'importance a été occultée par la politique des grands aménagements hydrauliques, telle qu'elle a été mise en œuvre, déplore l'IRES. Ces zones souffrent, principalement, de l'extension sans contrôle des terres cultivées, et ce, bien que le Maroc ait signé la convention RAMSAR destinée à protéger les zones humides. Selon l'IRES, le stress hydrique actuel, qui ravage le Royaume, interroge les choix opérés dans le cadre du « Plan Maroc vert ». Cette stratégie, arrivée à échéance en 2022, a certes permis de réaliser des «progrès importants» en termes de production agricole, mais, dans le même temps, a favorisé le développement d'une agriculture intensive, à très forte demande en eau. En outre, les ressources en eau non conventionnelles, particulièrement, celles provenant du dessalement ou du recyclage des eaux usées, restent à des niveaux insignifiants, estimés à 54 millions de m3, sur un total prévu de 300 millions par la Stratégie nationale de l'eau. Salué sur le plan international pour sa politique de mobilisation des ressources en eau et qui s'est traduite jusqu'à fin 2021 par la construction de 281 grands et petits barrages, le Maroc n'a, toutefois, pas été en mesure de résoudre ni la problématique de l'inadéquation entre l'offre et la demande en eau, ni celle de la dégradation de la qualité générale des eaux souterraines et de surface, relève l'Institut.