L'apparition de l'internationale marocaine Nouhaila Benzina en mode voilé face à la Corée du Sud n'est pas passée inaperçue. Plusieurs médias ont traité avec abondance le sujet. « L'Equipe » dans son édition du lundi 31 juillet en a également fait écho. On vous rapporte dans son intégralité l'article du journaliste Hervé Penot:
Benzina ouvre la voie
La Marocaine est la première joueuse de l'Histoire à disputer une Coupe du monde avec un voile. Contrairement à la France, la FIFA accepte ce changement depuis 2014. Le Maroc a marqué, à sa manière, l'Histoire du foot mondial, hier, face à la Corée du Sud (1-0). Nouhaila Benzina est ainsi devenue, lors de cette victoire surprise des Lionnes de L'Atlas, la première joueuse voilée à disputer la compétition internationale majeure. L'exception française « Beaucoup de travail a été fait pendant plusieurs années, et il y a eu un résultat positif », résumait-elle au micro d'Al-Jazeera. En France, le conseil d'Etat a refusé récemment ce droit aux Hijabeuses – un collectif de joueuses musulmanes qui réclamaient de pouvoir porter le voile en compétition – en dépit d'un avis favorable du rapporteur public. Le débat portait sur l'abrogation ou le maintien de l'article 1er des statuts de la FFF, qui interdit notamment « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ». La FIFA valide
La FIFA a dû se pencher sur cette question majeure à l'échelle planétaire des années plus tôt. Et Benzina, la défenseuse des FAR, doit l'autorisation d'évoluer suivant ses croyances à un changement de législation opéré le 1er mars 2014, au bout d'un combat mené par certaines nations. « C'était une requête qui venait d'un groupe de pays et d'un groupe de joueuses qui disaient que cela contribuerait au développement du football et ce fut le principal argument qui a poussé l'IFAB – l'organisme qui détermine les lois du jeu– à dire oui », soulignait à l'époque Jérôme Valcke, l'ancien secrétaire général de la FIFA, dans « Le Monde ». L'Iran avait, par exemple, porté plainte contre la gouvernance mondiale, car ses représentantes, interdites de découvrir leur tête, n'avaient pas pu participer aux Jeux Olympiques de Londres en 2012.
Nasser Larguet relativise
« Mais il n'y a pas tellement de filles qui jouent avec ce voile, qui est plutôt un équipement spécifique couvrant, relativise Nasser Larguet, le directeur technique national de l'Arabie saoudite depuis 2022 après l'avoir été au Maroc (2014-2019). En Arabie Saoudite, elles sont au maximum 2 ou 3, peut-être 4 à le porter. Sinon, elles ont toutes la tête dénudée et elles mettent un legging. Et quand j'étais au Maroc, une seule vraiment pas de discussions. Chacune évoluait suivant ses convenances religieuses : Du moment que le voile n'entrave pas le jeu, ne blesse pas une adversaire. En Arabie saoudite, le foot féminin est très récent. Il a été créé il y a cinq ou six ans et l'équipe nationale depuis deux ou trois ans seulement, et tout récemment les moins de 17 ans. En fait, chacun veut simplement jouer au foot ». Et la minorité de ces Saoudiennes voilées rêve surtout un jour de disputer une Coupe du monde. Comme Nouhaila Benzina ».