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Interview de Slimane El Omrani : « Malgré les efforts, on ne dispose encore pas d'une véritable stratégie numérique »
Publié dans L'opinion le 11 - 07 - 2023

Les programmes et plans en matière de transition numérique ne manquent pas. Ils ont indubitablement permis de mettre sur les rails le train de la transition digitale. Cependant, ces plans et programmes pêchent par un manque d'approche participative dans leur élaboration, ce qui explique le manque de cumul dans ce domaine.
-Depuis 2005, le Maroc a vu se succéder beaucoup de stratégies nationales en matière de transition numérique. Comment évaluez-vous leur évolution ? Quel bilan en tirez-vous ?
-Effectivement, on peut citer les stratégies et programmes en matière de transition numérique menés par les gouvernements successifs depuis l'année 2005, qui sont : le plan stratégique de l'administration électronique «Idarati» pour la période 2003-2007, chapeauté par le ministère chargé de la modernisation des secteurs publics ; le plan Maroc numéric 2005-2010, chapeauté par le ministère des Affaires économiques et générales ; le plan Maroc numéric 2009-2013, chapeauté par le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies ; le plan Maroc numéric 2020, chapeauté par le ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie Numérique ; le plan national de la réforme de l'Administration 2018-2021, piloté par le ministère chargé de la Réforme de l'administration et la Fonction publique ; la note d'orientations générales pour le développement du digital au Maroc à l'horizon 2025, produite par l'agence de développement du digital ( ADD).
On ne peut pas nier que lesdits plans et programmes ont comblé un vide, et ont participé à mettre sur les rails le train de la transformation digitale au Maroc, sans oublier qu'ils ont répondu à un besoin national en termes de vision et de planification stratégique.
Mais on peut reprocher aux plans et programmes susmentionnés beaucoup d'insuffisances, dont les principales sont le manque d'approche participative dans l'élaboration de ces plans et programmes, ce qui peut expliquer le bilan modeste de leur mise en œuvre et l'absence de méthodologie de cumul dans l'élaboration desdits plans et programmes.
Je veux dire par là qu'il semble qu'on parte à zéro chaque fois qu'on procède à une nouvelle programmation, sans valoriser les points forts des programmes antécédents et tirer profit des faiblesses qui les ont marquées.
Le principal élément qu'on peut citer dans ce contexte c'est que le Maroc, malgré les efforts de programmation déployés, ne dispose pas à nos jours d'une véritable stratégie numérique, ce qui peut expliquer la décision de l'actuel Gouvernement de procéder à l'élaboration de la stratégie numérique à l'horizon 2030.
-La récente stratégie en date est la stratégie nationale de la transition numérique à l'horizon 2030. Si les objectifs sont bien définis, il reste à créer les conditions et les modalités de leur réalisation et de leur implémentation dans les politiques publiques...
-Le chantier de la stratégie numérique à l'horizon 2030 a été déclenché par la circulaire du Chef du Gouvernement publiée en août 2022, annonçant la décision du Gouvernement de lancer la nouvelle stratégie de la transformation digitale à l'horizon 2030.
Ladite circulaire dévoile comme objectifs de la stratégie souhaitée : la digitalisation des services publics et la mise en place des bases de l'émergence d'une économie numérique créatrice d'opportunités d'emplois, assurant un meilleur positionnement de notre pays dans ce domaine.
La ministre déléguée chargée de la transition numérique et de la réforme de l'administration a clarifié davantage les objectifs du projet de stratégie, lors de son allocution à l'ouverture du 6ème Congrès de l'AUSIM à Marrakech en octobre dernier, en disant que le projet s'articule autour de trois axes que sont : améliorer les services publics rendus aux citoyens ; faire du Maroc un pays « producteur » de numérisation et de technologies numériques ; et permettre à tous les Marocains de bénéficier de la technologie et de la numérisation, afin de contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie et de leur bien-être.
L'approche menée par le Gouvernement pour l'élaboration de la stratégie numérique à l'horizon 2030 suscite à notre sens quelques remarques d'ordre méthodologique en rapport avec le système de gouvernance. On remarque la présence d'une approche participative, sans précédent, faisant inclure les acteurs concernés, autour du projet de stratégie, à travers les cinq rencontres régionales tenues pendant la période octobre-décembre 2022. On accuse néanmoins un retard considérable dans l'élaboration de ladite stratégie, du moment que le texte final n'est pas encore approuvé à nos jours. Presque deux ans se sont déjà écoulés de l'actuel mandat gouvernemental.
Le débat portant sur le projet de stratégie a concerné un projet préliminaire préparé par le ministère avec l'appui d'un bureau d'études international, au lieu d'être le fruit d'un débat national de pleine envergure auquel devraient participer tous les acteurs institutionnels intéressés, tels les départements ministériels concernés, le Parlement, les partis politiques, les syndicats, les acteurs économiques, les associations œuvrant dans le domaine et les mass-médias.
-De nombreuses institutions sont mises en place pour mettre en œuvre ces stratégies digitales. Arrivent-elles à se concerter ?
-Il faut rappeler d'abord que le Maroc a mis en place des institutions chargées de bien conduire les chantiers de la transformation digitale, et je cite à titre d'exemple, le ministère chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration (MTNRA), le ministère de l'Industrie et du Commerce, le Conseil National des Technologies de l'information (CNTI), et l'Agence de développement du digital.
La nouveauté institutionnelle à cet égard consiste en la création de la Direction générale de la Transition numérique (DGTN) au sein du MTNRA, introduite par un décret validé par le Gouvernement lors de son Conseil tenu le 24 mai dernier.
Il est clair que le ministère chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration fournit un effort dans la conduite du chantier de développement numérique au Maroc. Néanmoins, notre écosystème souffre d'un déficit caractérisé par deux éléments. En effet, le MTNRA est chargé de 3 fonctions lourdes, en l'occurrence la transformation digitale, la réforme de l'administration et la fonction publique. On se demande toujours dans quelle mesure ce ministère aura la capacité nécessaire pour mener en bonne et due forme ces trois chantiers ? Est-ce que l'instauration de la nouvelle direction générale chargée de la transition digitale au sein du ministère serait un remède à l'insuffisance enregistrée? Que deviendra le rôle de l'ADD après l'avènement de l'DGTN ? Le pire est que notre système institutionnel en charge de la conduite du chantier de la transformation digitale, est déplacé par rapport à l'expérience mondiale. On assiste à une absence de leadership national, comme on le trouve dans les systèmes institutionnels internationaux bien développés, où la conduite de la transformation digitale, vu son ampleur et sa dimension stratégiques, est assurée à un haut niveau (les Chefs d'Etat ou au moins les Premiers ministres).
-A l'échelle mondiale, comment se positionne le Maroc en matière de transformation digitale ? Comment peut-il combler son retard ?
-La plupart des critères, émanant de différentes organisations mondiales, pour mesurer le degré de transformation digitale des pays du monde, classent modestement le Maroc.
On peut citer à titre indicatif deux critères. Le premier émanant de la Banque mondiale, intitulé « la maturité du gouvernement électronique », rendu public le 17/11/2022, et classant 198 pays au titre de l'année 2022, a positionné le Maroc au 93ème rang avec une notation de 61,3/100. Le deuxième, émanant de l'organisation britannique « Surfshark », portant sur « la qualité de la vie numérique », a classé le Maroc au titre de l'année 2022 à la position 71 parmi 117 pays.
Les deux critères se basent sur des sous-critères en particulier que sont : les services publics digitaux rendus aux citoyens ; l'interactivité avec les citoyens ; la qualité et le coût de l'internet, l'infrastructure numérique ; et la sécurité électronique.
Mais le critère de l'Organisation des Nations Unies (ONU) concernant le gouvernement électronique (e.gov) demeure le critère le plus fiable. Ce critère est basé sur 3 sous-critères : les services publics on-line, l'infrastructure télécom et le capital humain.
L'ONU émet tous les 2 ans un rapport mesurant l'état de l'e.gov des 193 pays au niveau mondial. Le dernier rapport, relatif à l'année 2022, a classé le Maroc à la 101ème place avec une notation qui n'a pas dépassé 59,15/100.
Concernant l'indice de la participation électronique, affilié au critère e.gov de l'ONU, le Maroc a occupé la 128ème place sur 193 pays avec une note de 27, 27/100.
Il est clair que la place du Maroc, selon le critère e.gov de l'ONU, reste très modeste, et ne répond pas aux attentes des différents acteurs et citoyens.
Pour y remédier, il est impératif de procéder à l'amélioration des « inputs » qui alimentent les 3 sous-critères de l'e.gov, en l'occurrence : les services publics on-line : ce qui signifie l'obligation d'accroître le taux de la digitalisation des services publics qui est aujourd'hui aux alentours de 25% ; d'améliorer l'infrastructure télécom , qui passe par l'obligation de soigner le problème de la fracture numérique laquelle demeure un frein à l'accessibilité des citoyens aux services publics digitaux ; le capital humain : Par l'obligation de mettre en place une forte politique publique en matière de développement des compétences.


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