« Le mot d'ordre c'est de rattraper le temps perdu. Le Maroc avait démarré le chantier de l'économie numérique dans le début des années 2000. Toutefois on est encore loin derrière d'autres pays », c'est ainsi que s'est exprimé Abdelkader Amara, ministre de l'industrie, du commerce et des technologies, à l'occasion de la 2e édition du Moroccan eGov Forum (forum marocain de l'eGov MGF) devant une salle archi-comble. Le forum qui s'est tenu mardi 29 janvier 2013 à Rabat a été l'occasion pour le ministère porteur du projet, celui de l'industrie du commerce et des technologies de présenter son bilan d'étape à la veille de l'échéance du plan Maroc Numeric 2013 et de poser les jalons d'une nouvelle feuille de route. Que des chantiers Sur cette feuille de route, la priorité est donné au changement du mode de gestion du projet e-gov. Chapeauté depuis son démarrage et jusqu'à maintenant par des organes au sein du ministère, « il devrait désormais l'être par un organe dédié, idéalement une agence publique, semblable à l'ANRT, présidée par le chef du gouvernement. Il assurera le déploiement et la récupération de toutes les tâches que les autres départements ministériels, telles la saisie, ne pourront assurer », souligne Amara. Une étude sera lancée dans ce sens à la fin du premier trimestre de l'année en cours, pour que l'organe puisse voir le jour courant 2014. L'autre chantier qui va être attaqué, est celui de l'équipement en infrastructures, dont le coût est estimé à 36 milliards de DH. Dans le détail, l'étude sur la 4G est pratiquement bouclée et les agréments vont bientôt être accordés. Le princing pour le déploiement du «wifi outdoor» (permettant à tout un chacun de devenir opérateur wifi) est également en cours, ainsi que l'évaluation du chantier des 9 000 zones blanches (une zone du territoire qui n'était ou n'est pas desservie par un réseau donné, plus particulièrement un réseau de téléphonie mobile ou Internet) prises en charge par l'Etat. Le prochain conseil d'administration de l'ANRT devrait s'enquérir du plan de déploiement de la fibre optique sachant que la priorité est donnée au «backbone» (liaison point à point pour qu'elle ne soit plus en hertz), qui devrait couvrir les villes moyennes et peut être un jour avec l'insertion de la fibre optique partout. En attendant, le ministère table sur l'usage des téléphones portables pour rapprocher les services du e-gov des citoyens ruraux. Pour une meilleure intégration entre les différents départements ministériels, le chantier d'identifiant unique par citoyen est un élément nécessaire qu'il faudra déployer dans la nouvelle feuille de route. Des réalisations encourageantes Selon Abdelkader Amara, ministre de l'industrie du commerce et des technologies, « le nombre de services électroniques e-gov ne cesse d'augmenter. Aujourd'hui, le nombre de portails réalisés s'élève à 29 projets dont 13 prioritaires ». Il s'agit notamment du guichet électronique de commande de documents administratifs watiqa.ma, de la réservation de rendez-vous dans les hôpitaux publics par téléphone ou électroniquement, le paiement en ligne des taxes et impôts pour ce qui est des services adressés aux citoyens. Dans le cadre des services destinés aux entreprises, le ministre a cité l'enregistrement électronique au registre de commerce, le système BADR dédié aux procédures de douane, le portail des marchés publics, tandis que le projet de création d'entreprise via le net « CREOL », ainsi que le service électronique dédié à la réception et le traitement des plaintes sont toujours en cours. Dans le cadre des services intergouvernementaux « Gov-to-Gov » pour l'échange électronique entre les administrations il y a lieu de citer le programme de gestion intégrée des dépenses de l'Etat, le portail du gouvernement. Or, le déploiement de ces services de manière efficace est tributaire de la mise en œuvre de mesures accompagnatrices que ce soit au niveau des usagers ou à travers la mise en place des textes réglementaires nécessaires ou encore l'utilisation des médias pour faire connaître ces services. «Par ailleurs, le déploiement de ces services n'est pas suffisant si l'utilisation ne suit pas. Les résultats», affirme le ministre. En effet, près de 4 000 soumissionnaires ont publié plus de 65 000 appels d'offre sur le portail des marchés publics. 2,4 millions de documents électroniques ont été échangés à la fin 2011 à travers le système de gestion des dépenses de l'Etat. 90% des passeports en usage ont été commandés via le portail passeport.ma. En dépit de ces réalisations, le ministre a tenu à souligner que « les objectifs du Maroc Numeric 2013 ne pourront être atteints au 31 décembre 2013. Au mieux, on aura réalisé 60% ». une évaluation dans le détail a été justement lancée au cours de cette année pour mettre le doigt sur les lacunes du premier plan et définir les contours de la nouvelle stratégie qui devrait avoir pour l'horizon 2019 ou 2020.