L'armée ukrainienne "progresse" dans sa contre-offensive, a assuré mardi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, reçu par le président américain Joe Biden. "Plus les Ukrainiens pourront libérer de territoire, meilleure sera leur position à la table des négociations", a estimé le chef de l'alliance de défense, assis dans le Bureau Ovale aux côtés du président américain, le principal architecte du soutien occidental à l'Ukraine. Les Etats-Unis ont d'ailleurs annoncé mardi une aide militaire supplémentaire de 325 millions de dollars, visant notamment à renforcer la défense aérienne ukrainienne. Premier pays donateur à l'Ukraine, ils ont livré ou promis plus de 39,7 milliards de dollars d'armements divers aux forces de Kiev depuis l'invasion russe le 24 février 2022. Joe Biden a pour sa part évoqué le prochain sommet annuel de l'Otan à Vilnius (Lituanie), qui se tiendra en juillet. "Nous avons renforcé le flanc oriental de l'Otan, et bien fait comprendre que nous défendrons le moindre pouce de territoire" des pays membres de l'alliance, a dit le président américain, en assurant que lors du sommet, "nous continuerons sur cette lancée". Alors que l'Ukraine affirme "avancer" dans sa contre-offensive, le président russe Vladimir Poutine a au contraire assuré mardi que son armée infligeait des pertes "catastrophiques" à son adversaire. Selon des analystes militaires, l'Ukraine n'a pas encore lancé le gros de ses forces dans sa contre-offensive, testant la ligne de front en quête de points faibles. Actuellement, ces opérations semblent se concentrer sur trois axes principaux: Bakhmout, la zone de Vougledar (sud-est) et celle d'Orikhiv (sud).
Frappe de missiles russe sur Odessa
Sur le terrain, trois personnes sont mortes et 13 autres ont été blessées mercredi dans une attaque aux missiles lancée par les forces russes sur le port d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, selon un responsable militaire. Les trois personnes décédées sont des employés d'un entrepôt commercial touché par un missile de croisière russe de type Kalibr, a indiqué sur Telegram Serhiï Bratchouk, porte-parole de l'administration militaire d'Odessa. Sept autres employés ont été blessés et "il pourrait y avoir des gens sous les décombres", a-t-il ajouté. L'attaque a détruit 1.000 m2 d'entrepôts et a provoqué un incendie sur 400 m2, selon lui. Quatre missiles ont été lancés depuis un navire en mer Noire, a-t-il précisé. Outre les employés de l'entrepôt, six personnes ont été blessées dans d'autres endroits d'Odessa, où un centre d'affaires, un établissement d'éducation, un complexe résidentiel, des restaurants et des magasins ont été endommagés, selon M. Bratchouk. Selon l'administration militaire, la défense anti-aérienne ukrainienne a abattu deux des missiles.
Intensification des frappes nocturnes russes
Moscou a intensifié ces dernières semaines ses attaques nocturnes sur les principales villes ukrainiennes, au moment où Kiev a lancé une vaste contre-offensive, avec l'aide d'armes fournies par les Occidentaux, pour tenter de récupérer les territoires occupés par les forces russes. A Kryvyï Rig, dans le centre de l'Ukraine, des bombardements ont ainsi fait au moins onze morts mardi avant l'aube, avec la destruction notamment d'un immeuble d'habitation et d'un entrepôt. Les autorités de la région de Dnipropetrovsk (sud-est) ont par ailleurs fait état d'une attaque russe menée dans la nuit de mardi à mercredi à l'aide de trois drones explosifs, tous détruits par la défense ukrainienne, selon elle. Par ailleurs, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi est pour sa part attendu mercredi à la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie, pour voir notamment si celle-ci a été mise en danger par la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, dont l'eau est utilisée pour refroidir les six réacteurs. Selon Grossi, il n'y a pas de "danger immédiat", mais le niveau d'eau dans le bassin de refroidissement l'inquiète: "Il y a un risque sérieux, car l'eau qui est là-bas est limitée". Moscou "envisage" de se retirer de l'accord céréalier Le président russe Vladimir Poutine a déclaré, mardi, que la Russie avait accepté à plusieurs reprises l'extension de l'accord céréalier de la mer Noire, mais qu'elle envisageait désormais de s'en retirer. Lors d'une réunion avec des correspondants militaires à Moscou, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait été "une fois de plus trompée" et que "rien n'avait été fait" pour mettre en œuvre la partie de l'accord la concernant. "Ces corridors, le long desquels circulent les navires, sont constamment utilisés par l'ennemi pour lancer des drones, des drones marins", a-t-il déclaré. L'un de ces corridors a été utilisé, lundi, pour attaquer le navire qui surveillait le gazoduc TurkStream, a précisé le dirigeant russe. L'accord avait été signé à Istanbul, en juillet dernier, par la Türkiye, l'ONU, la Russie et l'Ukraine en vue de la reprise des exportations de céréales depuis trois ports ukrainiens de la mer Noire, interrompues après le déclenchement de la guerre en Ukraine en février de l'année dernière. Il a depuis lors été reconduit à plusieurs reprises et a été prorogé de deux mois le 18 mai. Moscou a conditionné l'extension de l'accord à l'inclusion de la Banque Agricole Russe (publique) dans le système de paiement international SWIFT. Elle s'est également plainte du fait que l'accord ne tienne pas sa promesse de débloquer les exportations agricoles russes, qui seraient entravées par les sanctions occidentales. Poutine a estimé qu'il était dans l'intérêt de la Russie d'entretenir de bonnes relations avec les Etats "amis" d'Afrique et d'Amérique latine. "Nous ne faisons pas cela pour l'Ukraine, mais pour les pays amis d'Afrique et d'Amérique latine. Car les céréales doivent avant tout servir aux pays les plus pauvres du monde", a-t-il déclaré.