Dans un rapport que vient de publier la Banque africaine de développement (BAD), l'institution financière panafricaine souligne qu'afin d'appuyer le développement économique et la connectivité du continent, elle a facilité la construction ou la réhabilitation de 833 kilomètres de routes. Mieux, en 2022, ses investissements ont atteint 8,2 milliards de dollars, signe d'un retour aux niveaux d'avant la pandémie. « Nous devons revoir nos ambitions à la hausse si nous voulons que l'Afrique atteigne ses objectifs de développement. La nouvelle Stratégie décennale de la Banque guidera nos efforts pour promouvoir et accélérer une croissance et un développement inclusifs et résilients aux changements climatiques, alors que nous continuons de faire des « High 5 » et des Objectifs de développement durable une réalité pour l'Afrique ». C'est en ces termes que le Président du Groupe BAD, kinwumi Ayodeji Adesina, a introduit le rapport 2023 de son institution, intitulé : « L'Afrique reste résiliente face aux nouveaux chocs, mais les progrès et les financements doivent être accélérés ». Sur la même lancée, un autre rapport a été publié sur les « Perspectives économiques en Afrique » où l'institution financière panafricaine souligne que « l'Afrique devrait être la deuxième région favorable à la croissance la plus rapide après l'Asie en 2023-2024, même si demeurent des vents contraires ». Ces différents indicateurs montrent que l'Afrique a de meilleurs atouts, à travers ses richesses incommensurables, de mieux se développer. Ce rapport prévoit que l'Afrique va consolider sa reprise postpandémie de Covid-19 avec une croissance de 4,3% du PIB en 2024, contre 3,8% en 2022. Ainsi quelque 22 pays enregistreront des taux de croissance supérieurs à 5%. Pour ce faire, le document de la BAD recommande des mesures politiques fortes, notamment encourager les industries vertes et fournir des garanties à grande échelle pour dé-risquer les investissements du secteur privé dans la gestion du capital naturel sur l'ensemble du continent. Les experts de la BAD notent, dans ce document, que le bras financier africain a fait preuve de souplesse et de réactivité face aux besoins de l'Afrique en réalisant des investissements transformateurs dans le cadre de ses « High 5 », pour un total de 8,2 milliards de dollars en 2022.
Transformation de l'Afrique Publiée tous les ans depuis 2011, la Revue annuelle de l'efficacité du développement évalue le soutien de la Banque au développement durable des pays africains. Elle vérifie en particulier les contributions aux domaines stratégiques prioritaires que sont les « High 5 » de la Banque, moteurs de la transformation de l'Afrique : éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie, nourrir l'Afrique, industrialiser l'Afrique, intégrer l'Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique. Dans le contexte d'un continent toujours aux prises avec l'impact résiduel de la pandémie de Covid-19, l'édition 2023 de la Revue annuelle de l'efficacité du développement, intitulée « Renforcer la résilience de l'Afrique », se penche sur l'impact des multiples chocs que le continent a subis. Ainsi en 2022, l'audace de la réponse de la Banque face à un environnement opérationnel difficile lui a permis de tirer parti de ses ressources, de son expertise technique et de son rôle de partenaire de choix des pays africains, pour obtenir des résultats tangibles en termes de développement pour l'ensemble des « High 5 ». Résultat : 12,3 millions de personnes ont eu accès à des services d'eau et d'assainissement nouveaux ou améliorés, tandis que 4 millions de personnes supplémentaires ont bénéficié des opérations d'investissement de la Banque dans le secteur privé. Pour appuyer le développement économique et la connectivité du continent, la Banque a également facilité la construction ou la réhabilitation de 833 kilomètres de routes. Autre fait notable que montre le rapport : en 2022, les investissements ont atteint 8,2 milliards de dollars, signe d'un retour aux niveaux d'avant la pandémie. Une croissance économique atone, indique le rapport, une crise alimentaire mondiale et des phénomènes météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques menacent de freiner les efforts de relance post-Covid-19 du continent, sapant, voire annulant, les gains de développement durement acquis. Pour les rédacteurs du rapport, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a provoqué de nouvelles difficultés sur le continent, perturbant les chaînes d'approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie, avec, pour conséquences, de fortes hausses des prix. Une situation qui a eu pour effet de plonger 15 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté. Ce qui faire dire au directeur par intérim du Département impact et résultats du développement, Armand Nzeyimana, que dans un contexte de reprise lente mais régulière à la suite de la pandémie, les changements climatiques sont parmi les menaces qui continuent de peser sur le continent.
Changements climatiques Selon le rapport, les enjeux liés à la fragilité et aux conflits, aux changements climatiques et à la pauvreté continueront de poser de sérieux défis au continent. Dans ce cadre, soulignent les rédacteurs du rapport, les pays africains doivent redoubler d'efforts pour renforcer leurs capacités, leurs ressources et leurs institutions, afin de bâtir une plus grande résilience aux chocs futurs. Sont reconnus les efforts que déploie la Banque pour améliorer la transparence et la responsabilité, dans le cadre de ses objectifs de renforcer l'efficience et l'efficacité de ses opérations. Publish What You Fund a classé le portefeuille souverain de la Banque en tête des 50 autres organisations bilatérales et multilatérales, dans son indice de transparence de l'aide 2022. Au-delà des défis et vulnérabilités immédiats, lit-on dans le rapport, la Banque finalisera en 2023 sa nouvelle stratégie décennale, qui guidera son orientation stratégique et ses priorités. S'appuyant sur le succès de la reconstitution des ressources du Fonds africain de développement en 2022, la Banque reste déterminée à poursuivre ses efforts pour accroître les financements qui renforceront et soutiendront la réalisation des priorités de développement de l'Afrique et des Objectifs de développement durable (ODD). In fine, le rapport relève que l'Afrique s'efforce de reconstruire en mieux après la pandémie de Covid-19 et les chocs économiques, il est nécessaire de renouveler collectivement l'engagement de la Banque à accélérer les progrès vers la réalisation des ODD.
Wolondouka SIDIBE
Congrès africain sur l'agriculture de conservation : Rabat accueille la 3ème édition Construire un avenir résilient en Afrique grâce à l'agriculture de conservation et à la mécanisation durable sera au centre du débat lors du 3ème Congrès africain sur l'agriculture de conservation (3ACCA), qui se tiendra du 5 au 8 juin à Rabat, à l'initiative du ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. Organisé en collaboration avec plusieurs partenaires internationaux et nationaux, ce conclave connaîtra la participation de plus de 200 invités, dont de hauts responsables des entités internationales et nationales, indique l'Institut national de recherche agricole dans un communiqué. Ce congrès africain est un effort de collaboration entre le Consortium National de Recherche Agricole (coordonné par l'INRA et qui implique l'IAV HII, l'ENAM) et l'Office National de Conseil Agricole (ONCA), le Réseau africain de l'Agriculture de Conservation (ACT), la Commission de l'Union Africaine, l'Agence du NEPAD, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) relevant du Groupe CGIAR, la Banque Mondiale et les autres partenaires nationaux (OCP, UM6P/ Almoutmir, Crédit Agricole du Maroc, fondation AAA, AMAC). Le thème central du congrès est « Créer un avenir résilient en Afrique grâce à l'agriculture de conservation et à la mécanisation durable ». L'objectif principal, visant l'échange d'expériences et d'informations sur l'agriculture de conservation (AC) et la mécanisation agricole durable (SAM), est de promouvoir l'apprentissage et d'accroître la sensibilisation et l'intérêt pour l'adoption et la diffusion de l'AC et de la SAM en Afrique. En effet, l'Afrique est la région du monde la plus exposée au risque d'insécurité alimentaire compte tenu du changement climatique, de sa faible productivité agricole et de sa dépendance actuelle à l'égard des importations de céréales, ce qui soulève des questions quant à sa capacité à se nourrir elle-même. La prévalence de la sous-alimentation en Afrique est passée de 17,6% de la population en 2014 à 19,1% en 2019, soit plus du double de la moyenne mondiale et la plus élevée de toutes les régions du monde.