A la veille des élections de l'Assemblée de Sebta, les candidats font de la réouverture des douanes commerciales le centre de la campagne électorale au moment où le flou persiste sur la date de cette réouverture. Décryptage. À quelques jours des élections locales de l'enclave de Sebta, la campagne électorale atteint son paroxysme et les candidats, chacun pour sa part, tentent de trouver un thème qui suscite l'intérêt des électeurs. Quoi de mieux que l'épineuse question des douanes avec le Maroc qui est si chère aux habitants. Cette année, la réouverture des postes de passage de marchandises est devenue le point central de la campagne pour l'ensemble des partis qui aspirent à diriger le prochain gouvernement local. Maintenant, le retard qu'accuse la reprise des flux de marchandises au niveau des douanes semble un sujet d'agacement et les candidats en font un enjeu de campagne. Un thème appétissant ! L'actuel président du préside occupé, Juan Vivas, qui brigue un nouveau mandat, semble s'impatienter d'autant qu'il parle souvent de cette question dans les médias pour faire pression sur le gouvernement de Madrid. De son côté, le candidat du Parti Socialiste, Juan Gutierrez, joue sur le flou actuel pour gagner des points. Il n'a pas manqué de dire à ses potentiels électeurs que les douanes devraient reprendre dès la fin de l'année courante. Le candidat socialiste s'est montré très sûr de son annonce en faisant savoir qu'il a eu des discussions sur ce sujet avec le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares. « Nous sommes convaincus que les douanes seront opérationnelles avant la fin de l'année », a-t-il dit, ajoutant que les négociations avancent avec le Maroc. Pour sa part, Juan Vivas voit cette promesse d'un œil irrité et reproche à son adversaire de se livrer à la démagogie. Selon Europa Press, Vivas a appelé les socialistes à ne pas transformer l'engagement de l'ouverture en une affaire « sine die ». Bien qu'il conteste la certitude affichée des socialistes, le président actuel de Sebta a lui-même été rassuré par le Chef de la diplomatie espagnole sur la réouverture des douanes commerciales. Lors d'une réunion tenue en février 2023, Albares lui a assuré que la réouverture est irréversible et qu'elle sera opérée de « façon progressive ». Le Parti Populaire (PP) n'a eu de cesse d'appeler le gouvernement de Pedro Sanchez à hâter la reprise des douanes qui étaient censées rouvrir leurs portes dès janvier dernier. Ceci a été annoncé conjointement par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue espagnol, José Manuel Albares. Depuis janvier, alors que les autorités locales de Sebta s'attendaient à une reprise rapide des douanes, il n'y a eu que des essais expérimentaux, autrement dits « essais pilotes ». En janvier, à l'abri des regards médiatiques, les autorités locales ont assisté à un test durant lequel une camionnette transportant des marchandises est passée par le poste de passage. Depuis lors, silence radio. Le flou persiste ! Actuellement, comme les douanes tardent à reprendre leur activité, la colère monte en Espagne au point que quelques médias n'hésitent pas à reprocher au Maroc de ne pas avoir respecté ses engagements dans la feuille de route d'avril 2022. A titre d'exemple, El Pais, un des journaux les plus prisés en Espagne, n'a pas manqué de publier un article titré : « Le Maroc ignore ses engagements d'ouvrir les douanes à Ceuta et Melilla ». El Pais a prétendu, en citant trois sources au courant des négociations entre le Maroc et l'Espagne, que le blocage viendrait du Maroc. Une allégation qui demeure infondée faute de preuves. Une reprise « ordonnée et progressive » Jusqu'à présent, le Maroc et l'Espagne continuent de coopérer afin d'assurer une reprise « ordonnée » du commerce terrestre. Rien n'indique qu'il y a des complications qui seraient de nature à entraver le processus. La Déclaration conjointe du 7 avril, adoptée à l'issue des discussions entre SM le Roi et Pedro Sanchez, a été claire. Les deux pays sont convenus d'œuvrer conjointement pour « la pleine normalisation de la circulation des personnes et des marchandises » qui « sera rétablie de façon ordonnée, y compris des dispositifs appropriés de contrôle douanier et des personnes au niveau terrestre et maritime ». Le mot « ordonné » s'impose dans ce paragraphe puisque le Maroc veille à ce que le retour du négoce ne soit nullement synonyme de retour de la contrebande, avec laquelle les autorités marocaines veulent en finir définitivement pour propulser les régions du Nord dans un nouveau modèle économique plus solide et plus autonome. En plus de cela, le gouvernement espagnol semble vouloir régler quelques éléments techniques, dont les procédures de documentation des opérations d'exportation et d'importation.Le transit des personnes physiques fait également l'objet de discussion entre le gouvernement central et les autorités de Sebta. Le gouvernement local plaide pour le maintien de l'obligation des visas pour les non-résidents dans l'espace Schengen. Une question qui s'impose dans les discussions au moment où un nouveau débat est suscité sur la nécessité du tamponnement des passeports marocains à l'entrée de Sebta et de Mellilia. Pour rappel, Juan Vivas, du Parti Populaire, qui dirige le préside occupé depuis 2001, aspire à sa propre réélection. Pour sa part, Juan Gutierrez, porte les ambitions du Parti Socialiste qui veut écarter le PP de son fief. De son côté, l'extrême droite est incarnée par le candidat de VOX, Juan Sergio Redondo. En gros, le prochain vainqueur devrait avoir une majorité dans l'Assemblée législative locale qui compte 25 sièges. Ces élections auront lieu concomitamment aux autres régions autonomes, l'Espagne étant un régime fédéral.