«Rio Bravo ! » Ce n'est pas une référence au célèbre film western de John Ford avec John Wayne et Dean Martin que le D.V.D rend aujourd'hui accessible et visible pour tous, mais cette exclamation est le titre du journal « l'Equipe » dans son édition du samedi 3 octobre pour consacrer le triomphe de Rio de Janeiro qui a obtenu l'organisation des J.O de 2016. Triomphe pour le Brésil de Lula et humiliation pour les U.S.A de Obama. Et alors, là, autant dans la presse française ou américaine on rivalise de superlatifs pour la victoire brésilienne autant les mots sont blessants pour relater ce qu'on appelle déjà «l'échec Obama ». On vous l'a dit plus haut, on parle « d' humiliation » ce qui est déjà très fort et très poussé mais le reste des commentaires est d'une férocité incroyable : « On a quand même un peu perdu la face » déclare l'Associated Press qui ajoute : « Obama veut trop en faire en même temps. Du coup, il tente beaucoup, mais réussit peu ». Le New York Times en rajoute une couche : « Le président n'a pas échoué seulement pour la médaille d'or, il n'a même pas eu l'argent ou le bronze » Allusion sans détour au fait que Chicago a été éliminé au premier tour du scrutin. Et dans toute la presse U.S. les critiques continuent, acerbes et cruelles pour Obama : « Décidément il est meilleur pour parler, que pour faire, il est plus une célébrité qu'un homme d'Etat ». Même la présence de sa femme, à Copenhague, a été jugée comme « une faute de goût » et dans l'Equipe, le quotidien sportif français donne le coup de grâce par la plume du chevronné Alain Luzenfichter « Si le message de Michelle racontant l'Histoire de son père handicapé, fut quelque peu émouvant, celui de Barack, fut en revanche complètement raté. Chicago a perdu les Jeux et Barack Obama, une partie de son immense prestige ». Et vlan ! Si la défaite de Chicago a été plus commentée que celles de Tokyo et Madrid, c'est que la déroute de la ville américaine donnée favorite paraît assez difficile à croire. Pourtant, il y avait à Copenhague des signes annonciateurs, et dès la veille du scrutin jeudi soir, les observateurs ont commencé à revoir leurs analyses du début de semaine. Ainsi dès vendredi matin, on annonçait que Rio « inquiétait les U.S.A. et que le vote du CIO pouvait bousculer la tradition d'un suivi aveugle des sponsors ». Et on peut trouver plusieurs explications à cette déroute américaine. Il y a plusieurs niveaux d'analyses ; les puristes diront que le CIO a voulu ouvrir les J.O. à d'autres continents, ici l'Amérique du Sud, comme l'a fait la FIFA en donnant la Coupe du Monde à l'Afrique ; les politologues verront dans l'échec d'Obama la main de tous les lobbys qui, actuellement, lui mènent la vie dure aux U.S.A. critiquant toutes ses décisions tant sur le plan interne que pour l'international et ils vous diront que « Mc Donalds » et « Coca-Cola » ne sont pas mécontents d'avoir donné cette « leçon » à un chef d'Etat qui prétend convaincre « Israël » de revenir à la raison dans ses attitudes envers les Palestiniens. Et puis il y a ceux, qui connaissent bien les méandres de ces comités internationaux composés de dirigeants qui sont, comme l'écrit Sylvain Cypel correspondant français à New York « un ensemble de notables vieux jeu, imbus de leur importance et qu'il faut séduire. Un cénacle sensible aux enjeux de la notoriété et à ses avantages, et à d'autres avantages plus prosaïques. Le « convaincre » se travaille durant de longs mois ». Allusion au fait, qu'Obama n'est arrivé qu'à quelques heures du vote pour repartir avant le résultat, certains votants auront pris cela, comme du mépris envers eux. Et il y a aussi, en 1999, cette intrusion du Congrès Américain qui obligeait le CIO à déclarer publiquement qu'il y avait de la corruption chez les vénérables membres de son institution. Et depuis les sponsors américains et le Comité Olympique U.S partagent beaucoup moins les recettes avec le CIO et veulent jouer avec lui d'égal à égal. Le CIO a-t-il donc pris sa revanche ? Très possible et d'ailleurs toutes les hypothèses citées ci-dessus sont possibles… A vous de prendre l'explication qui vous convient. Pour conclure, il nous reste à dire félicitations au Brésil qui a gagné son pari avec des slogans que le Maroc n'a pas cessés d'utiliser face à la FIFA depuis 1986. Cela a servi à d'autres, en fin de compte, mais on gardera l'immense consolation et aussi le privilège d'avoir été les premiers à demander l'universalité du sport et que l'organisation des compétitions mondiales ne soient plus réservées qu'aux seuls pays puissants. L'Histoire aura donné raison au Maroc … Soyons fiers de celà malgré toutes les déceptions.