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My Tahar Al Asbahani porte son beau posthume
Publié dans L'opinion le 07 - 05 - 2023

Le 3 mai, « touiyer tar ». L'artiste, souffrant, a ainsi restitué à ce bas monde ses 75 années d'existence. Il était la voix et le geste enfoui de Jil Jilala, un corps et des déclamations au sein de la nombreuse troupe Masrah Ennass de Tayeb Saddiki. Il aura vécu en convoquant la simplicité, évolué en faisant rêver. Il saura maintenant se reposer, pourtant il sera invité à jongler entre retrouvailles et séparations.
Un rossignol rigoureux et efficace. Un comédien studieux et attachant. Un être généreux et ami de tous. Un fin boute-en-train aussi. Il est évidemment bien plus que cela, il est cet artiste qui intériorise caresses et éraflures, qui communique bonté et fragilité. Né pour l'art, Moulay Tahar connaît des débuts d'ajustements, des heures de gloires, des moments de doutes, une reconnaissance publique ininterrompue, une existence taillée pour l'artiste qui vit le présent, nourri de pas du passé que le futur ne peut configurer. Un jovial rêvassant, un fonceur mesuré. Ses débuts professionnels, c'est dans les méandres du théâtre qu'il les accomplit avec de la musique alentour. Son ami et compagnon de lutte artistique Moulay Abdelaziz Tahiri raconte en 2011 dans l'ouvrage « Nass El Ghiwane » (Editions du Sirocco) une partie de cette expérience, lui qui marque plus tard le double parcours de Nass El Ghiwane et de Jil Jilala : « Ce genre musical, Nass El Ghiwane comme Jil Jilala, on ne l'a pas appris dans les conservatoires, il est né au théâtre. Après l'Indépendance, Tayeb Saddiki, Saïd Saddiki et Abdessamad Kenfaoui cherchaient à faire du théâtre marocain, avec des thèmes marocains, comme Siyed El Ketfi. Ils cherchaient dans le patrimoine, comme par exemple la pièce de Sidi Abderrahmane El Mejdoub.
C'étaient de la poésie et des chansons. Les gens gardaient dans leur mémoire ces chansons, surtout les personnes qui s'intéressaient au théâtre. Ahmed Taïeb El Alj, dans les années 1956 et 1957, se disait déjà qu'on ne pouvait pas faire du théâtre sans chansons. Le public marocain aime la musique et les danses dans le théâtre. L'expérience d'El Harraz a ainsi donné un élan au théâtre marocain. » Il relate plus loin un autre épisode, alors que les deux formations musicales récemment créées font chavirer les foules : « A l'époque, les gens se sont demandé comment des jeunes n'ayant pas fait d'études pouvaient écrire de telles chansons et si nous n'étions pas manipulés.
Mais nous vivions avec des intellectuels, avec Larbi Essakalli, Khalid Jamaï, Kamal Zebdi, avec des poètes comme Laâbi... On dialoguait avec eux et on pouvait saisir les différences entre le bien et le mal, on a appris ce qu'était l'idéologie, la lutte entre le communisme et le capitalisme. On a lu Le Capital de Karl Marx et bien d'autres choses. Et on s'intéressait beaucoup au patrimoine marocain qui pouvait nous servir à transmettre des messages au public. »

Doigté et carté de la voix
La formation Jil Jilala voit le jour en 1972, quelque temps après la naissance de Nass El Ghiwane. A ses commandes, Moulay Tahar Al Asbahani, Mahmoud Saâdi et notamment Hamid Zoughi, membre de Masrah Ennass de Tayeb Saddiki et gendre de celui-ci. Le trio pense rapidement à Moulay Abdelaziz Tahiri lorsqu'il claque la porte des Ghiwane -après l'enregistrement en 1973 à Paris de Siniya (disque d'or), Ouina Ouine Ouine, El Hassada et d'autres encore- quittant Casablanca pour sa ville de naissance Marrakech et en phase de finaliser la mise sur pieds de son propre groupe.
Hésitant au début, il finit par accepter l'offre. Il rejoint Jilala, deux chansons sous le bras : Aïni Tjri Bedmou' et Maizk Rih Elberreh. En 1974, Jil Jilala partent pendant le ramadan en tournée en Algérie. Un après-midi, en écoutant une radio locale, ils apprennent la disparition à 30 printemps de Boujmii, icône de Nass El Ghiwane. Douche froide et une minute de silence le lendemain lors d'un concert donné à Mostaghanem.Moulay Tahar est atterré. Il boucle tant bien que mal son tour de chant mêlé aux voix de ses compères. Ses cordes vocales, reconnaissables à mille lieues, chatouillent l'ouïe de l'Egyptien Abdelhalim Hafed dans les années 1970 à l'écoute de l'interprétation magistrale d'Al Asbahani de Lighara. Hafed rejoint la scène, accompagne Jilala en percussionniste et rend hommage à Moulay Tahar. Le parcours de ce créateur-chanteur marque plus d'une génération, en s'appropriant avec doigté et clarté de la voix des kassidates du melhoun, remettant au goût d'une période les richesses de tout un pan du jazal imagé à outrance. « L'aventure de Jil Jilala a commencé en septembre 1972.
Nous avons d'abord enregistré trois chansons à la télévision. Et le 7 octobre, le groupe donnait son premier spectacle au Théâtre Mohammed V de Rabat. Deux mille personnes nous ont acclamés, debout, sans vouloir nous laisser partir. Nous ne nous attendions pas à un tel choc. Le lendemain, ce fut une autre grande surprise : S.M. Hassan II nous a fait inviter à son Palais de Rabat.
Nous avons joué devant lui et il nous a longuement complimentés. On ne pouvait pas imaginer qu'un jour nous parlerions avec le Roi... Et trois mois après notre premier concert, nous jouions à l'Olympia de Paris devant une salle bondée. Nous avons donc connu une consécration immédiate », se réjouit Al Asbahani en 2005 sur les colonnes du quotidien Le Matin. Avec un line up durablement changeant (Mahmoud Saâdi, Sakina Safadi, Hamid Zoughi, Abdelaziz Tahiri, Mohamed Darhem, Abdelkrim Kasabji, Mustapha Baqbou...) et un répertoire éclectique (Aïni Tejri Bedmou', Chemaa, Achbik daret laqdar, Allaymine, Nour El anwar, Assalamou Alykoum, Leklam Lemrassaa...) le groupe-concept s'ancre majestueusement dans l'esprit et les veines d'auditeurs dont les goûts mutent en gardant leur palais ouvert aux éclats d'envolées d'un Moulay Tahar Al Asbahani.

Anis HAJJAM


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