Jusqu'à aujourd'hui, pour cette année agricole 2023, la production d'avocats a enregistré 40.000 tonnes. En perspective, un pic historique en termes de production, l'année prochaine. Détails avec le président de la Morocco Avocado Association (MAVA). - Au Maroc, l'avocat est l'un des principaux fruits d'exportations avec les agrumes et les fruits rouges. Où en est sa production cette année ? - Pour cette année agricole 2023, la production d'avocat a atteint 40.000 tonnes. Nous avons frôlé un record historique de production d'avocat, mais nous l'atteindrons sûrement la saison prochaine. Alors que la saison se clôture d'ici juin prochain, la filière marocaine pourrait encore continuer sur sa dynamique positive et effacer le record de 42.300 tonnes d'avocats expédiées au cours de la précédente saison. Ces chiffres pourraient tripler d'ici 2027 pour atteindre 100.000 tonnes. - Le Maroc est devenu en moins de dix ans un acteur significatif du commerce international de l'avocat. Fin 2022, le Royaume est devenu 9ème exportateur mondial d'avocats. Comment expliquez-vous cette lancée ? Et quelles sont vos projections ? - L'avocat marocain est très apprécié à l'international. Cette lancée s'explique par quatre facteurs clés. D'abord, pour sa qualité gustative, sa coloration et son calibre.De plus, l'avocat est un fruit utilisé dans différentes gastronomies mondiales et de plus en plus introduit dans les plats (sushi, jus, salades,...). D'un point de vue géographique, la proximité avec l'Europe est une aubaine pour les importateurs, contrairement à la Colombie ou au Mexique où le temps de transit peut prendre trois semaines. L'avocat marocain est également prisé pour sa qualité sanitaire. Le Maroc offre un fruit durable, dans le respect des normes sociales et environnementales. Compte tenu de la demande croissante de la consommation locale et à l'export, sa production est susceptible d'augmenter encore. Pour ce qui est des projections, le Maroc est en passe de devenir le premier pays africain exportateur d'avocats dans les prochaines années, avec une production de 100.000 tonnes. - Il y a un fort engouement du marché communautaire européen qui représente 90% des exportations. Quelle corrélation entre la demande croissante de la consommation locale et à l'export et l'augmentation des prix ? - C'est la loi de l'offre et de la demande qui en décide. Lorsqu'il y a une forte demande de la part des importateurs, le premier venu est celui qui bénéficie du coût le plus bas. Plus la demande augmente, les prix augmentent à leur tour. Par contre, s'il y a une faible demande, on cherche directement auprès de l'agriculteur. Dans ce cas, c'est nous qui dictons les prix. De plus, certains producteurs achètent le produit agricole sur pied, depuis les vergers au Maroc, changent le pays d'origine au niveau de leurs stations de conditionnement, pour l'exporter ensuite. - L'Espagne reste-t-elle le principal importateur de l'avocat marocain ? - Pendant les deux dernières années, on assiste à une diversification des pays importateurs tels que la France et les Pays-Bas, contrairement au passé où l'Espagne était l'unique importateur. Si près de 75% des exportations marocaines d'avocats prenaient le chemin de l'Espagne en 2017-2018, cette proportion est tombée à 39% en 2021-2022, car les avocats marocains sont désormais acheminés directement vers les acheteurs d'autres pays. L'Espagne est restée le premier importateur d'avocats marocains pour la saison 2021-2022, suivie de la France, des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. D'autres pays importateurs de petits volumes comprennent la Russie, la Suisse, la Belgique, le Portugal, ainsi que certains pays du Moyen-Orient et d'Afrique. - Quel est le rôle des exportateurs pour empêcher le comportement spéculatif de la part des intermédiaires ? - Les avocats marocains ont été exportés à des prix moyens de 4 EUR/kg cette saison, alors qu'auparavant les prix atteignaient 5-5,5 EUR/kg. Cette saison, nous avons assisté à un comportement spéculatif de la part des intermédiaires qui a fait baisser les prix, et que les exportateurs devraient empêcher à l'avenir. Dans ce cadre, il faut travailler sous contrat avec les agriculteurs pour avoir une stabilité en termes de prix et de volume permettant ainsi de respecter nos engagements avec les clients, notamment européens. - La MAVA, que vous présidez, est créée en 2021. Quelles sont vos principales missions ? - Cette association a pour mission de servir en tant que catalyseur des différentes démarches déjà existantes en matière d'exportation de l'avocat marocain, dont le but premier est d'assurer et de garantir la sécurité alimentaire des consommateurs européens. Nous sommes amenés à faire des protocoles d'accord en poussant l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) à s'ouvrir sur de nouveaux marchés tels que la Chine et l'Amérique. Nous travaillons main dans la main pour améliorer la qualité de récolte de fruits, et les plans de traitement, notamment les pesticides. - Depuis septembre dernier, il a été décidé d'arrêter les opérations de subvention des cultures gourmandes en eau, dont les arbres de l'avocatier. A quel point la production nationale a été chamboulée par cette mesure ? - Cette décision ne va impacter que les petits et moyens agriculteurs qui cherchent à améliorer leur situation financière en s'orientant vers des cultures à haute valeur ajoutée. Certes, le secteur va afficher des chiffres croissants à l'export. - Quelle est l'importance de la filière d'avocatier ? - La culture de l'avocatier offre 2.5 millions d'heures de travail et a ramené au Maroc 100 millions d'euros de devises. Une culture que le gouvernement doit encourager davantage dans une période où le Maroc vit une balance déficitaire le poussant à l'endettement.