En ce début du printemps, une chaleur précoce envahit plusieurs régions du Royaume suscitant la crainte des agriculteurs concernant l'impact qu'en subiraient les récoltes, notamment céréalières. Les espoirs des agriculteurs restent cependant suspendus à la clémence du Ciel, tant que la saison printanière est en cours. A contrario de ce que les agriculteurs attendaient en ce début de printemps, une grande chaleur s'abat sur une grande partie du Royaume. Plusieurs régions connaissent, depuis quelques jours, une augmentation surprenante des températures et une vague de chaleur est attendue cette semaine, du mardi au jeudi, dans plusieurs provinces, avec des pics de température allant de 36 à 41C°. Bien qu'elle soit inquiétante aux yeux des agriculteurs, cette vague de chaleur reste explicable. Elle reste une hausse « normale » liée, selon la Direction générale de la météorologie (DGM), à la remontée d'air chaud en provenance du grand Sahara vers le Sud et le centre du pays et apportée par des vents soufflant d'Est au Sud du pays». Ainsi, «le rayonnement solaire augmente et la durée du jour s'élargit. C'est une période durant laquelle la chaleur commence à prendre place du fait qu'on avance vers l'été ». La crainte des agriculteurs Cette vague de chaleur a surpris par sa précocité les agriculteurs et les éleveurs dans plusieurs régions du Royaume, notamment celles qui s'attendent à une très bonne campagne agricole après que les conditions météorologiques aient été favorables depuis le début de l'année. «Dans le Moyen-Atlas qui a connu ces derniers jours une température allant de 27C° à 28 C° vers midi, il y a des craintes pour les cultures céréalières, notamment l'orge et le blé », indique Mouhae Herbou, expert en agriculture, soulignant que « ces céréales ont encore besoin d'avoir des températures basses et un peu plus d'eau pour le grossissement du grain ». Ainsi, l'eau et une température froide s'avèrent indispensables, dans le contexte actuel, pour éviter un préjudice trop important dans les champs, parce que, selon notre interlocuteur, un soleil trop fort et des températures trop élevées peuvent avoir des effets délétères dans certaines exploitations agricoles, notamment dans le Moyen-Atlas où les agriculteurs s'attendent à des précipitations au mois d'avril, qui pourraient sauver la récolte. Dans l'Ouest du Royaume où la plupart des cultures céréalières ont atteint une période de grossissement nécessitant de l'eau, la crainte de la baisse de la récolte céréalière est bien palpable. Selon l'avis de Rachid Benali, président de la Confédération marocaine pour l'agriculture et le développement rural (COMADER), « La vague de chaleur actuelle menace la culture céréalière, du fait que la plupart des céréales ont besoin, actuellement, d'une température froide. Ce qui est clair, c'est que nous pourrons faire face à une baisse significative de la récolte céréalière nationale ». A part les cultures céréalières, les arbres fruitiers semblent moins menacés, surtout dans le Moyen-Atlas. Selon Mouhae Herbou, « Les indices sont au vert, le florissant des arbres montre bien que la production va bon train ». Il est à noter que selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, la récolte céréalière de cette saison devrait atteindre 55 millions de quintaux, contre 34 millions lors de la saison dernière, sachant que la récolte était estimée à 103 quintaux la saison d'avant. D'ailleurs, les prévisions de l'Exécutif aux termes de la loi de Finances de l'année 2023 tablent sur l'hypothèse d'une récolte céréalière de 75 millions de quintaux. Une ambition qui reste difficile à concrétiser, aux yeux des observateurs du secteur agricole, au vu des conditions météorologiques actuelles. Ainsi, une saison agricole « faible » pourrait impacter négativement l'approvisionnement du marché national, forçant le Maroc à importer davantage de l'étranger, notamment du marché européen. Pour rappel, le secteur agricole contribue à environ 14% du PIB du Maroc, et il en résulte que le taux de croissance économique reste lié à la performance de ce secteur. En 2022, marquée par une saison sèche, le taux de croissance n'a pas dépassé 1,2%. En 2023, le Royaume aspire atteindre un taux de 4%.