Le marché de l'emploi n'est toujours pas remis de la pandémie au point qu'il affiche encore des frictions importantes quelle que soit en terme de conditions de travail, de rémunération ou encore des besoins des candidats et des recruteurs. Tel est le constat frappant relevé par une étude intitulée « Les défis du Maroc au sortir de la pandémie : niveau de vie, conditions de travail et emploi » présentée, lundi 20 février à Rabat lors d'un symposium sur les évaluations d'impact rigoureuses des programmes d'employabilité et d'inclusion économique organisé par l'Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA-Morocco) et le Lab de l'Emploi Maroc. Malgré les efforts déployés par la tutelle pour relever les défis liés à l'employabilité et l'inclusion économique, le marché de l'emploi est encore loin de d'être revenu à la normale après deux ans de crise. Selon une enquête post-covid-19 menée auprès de 500 chercheurs d'emploi pour évaluer, effectivement, la vie des ménages dans un contexte de chocs importants, le taux de chômage en 2022 est nettement plus élevé qu'en 2019 au Maroc, tant pour les femmes que pour les hommes, et chez les jeunes. Et si la conjoncture a fortement pesé sur la dynamique du marché de l'emploi (18% des interrogés disent avoir perdu leur emploi pour des raisons économiques), la pandémie n'est pas nécessairement la raison principale derrière la situation des chômeurs en âge de travailler. Pour la majorité de l'échantillon, le manque de compétences, d'expériences ou d'opportunités d'emploi adéquates à leur besoin reste la raison principale du chômage. Quand l'informel monte en puissance Les chiffres tirés de l'enquête ont remis au devant de la scène l'importance du poids de l'informel quelle que soit durant ou au lendemain de la crise engendrée par la Covid-19. Pour des raisons économiques, sociales ou par ignorance de leurs droits en travail, certaines personnes se voient contraintes de travailler dans l'informel, l'équivalent du doute mais aussi de précarité. Selon ladite enquête une large part des emplois ont un statut d'informalité, une part encore plus grande des demandeurs d'emploi ayant perdu leur travail avait un tel statut et une proportion importante des nouveaux emplois crées depuis le début de la pandémie sont dans le secteur informel plutôt que le formel. Dans le détail, 46% des salariés dans le monde urbain exercent sans contrat de travail, 40% travaillent sans contrat écrit, 58% ne sont pas enregistrés à la sécurité sociale et 21% des travailleurs indépendants ne sont pas enregistrés. En milieu rural, la situation n'est pas meilleure. La même enquête ressorti que 75% des salariés exercent sans contrat, 46% travaillent sans contrat écrit, 85% ne sont pas enregistrés à la sécurité sociale et que 30% sont des travailleurs indépendants qui ne sont pas enregistrés. En termes de rémunération, l'enquête souligne que les salariés informels gagnent 9Dhs/heure de moins que ceux qui exercent dans le secteur formel. Ce qui représente une moindre rémunération de 1422Dhs par mois. Cumulé aux chocs engendrés par la pandémie de la Covid-19, l'informel est loin de garantir une situation financière stable. En effet, 52% des salariés informels non-agricoles déclarent une baisse de leur revenu depuis le début de la pandémie contre 25% pour les travailleurs formels.
Personnes sans qualification, les naufragés de l'emploi Les salariés les moins qualifiés, les travailleurs précaires ou encore les femmes ont dû subir, plus que les autres, les conséquences de la conjoncture économique dans la mesure où ils étaient plus susceptibles de perdre leur emploi, de travailler dans des situations précaires ou de subir une réduction de salaire. En effet, les résultats de l'enquête témoignent du fait qu'une large population de jeunes chômeurs inexpérimentés et en manque de qualification est à la recherche d'un emploi. La moitié des demandeurs d'emploi sont des jeunes, inexpérimentés et qui n'ont pas ou peu suivi d'études supérieures. Les primo-demandeurs étaient en moyenne au chômage depuis 29 mois au moment de l'enquête. Une autre réalité inquiétante, relevée bien évidemment par d'autres études, a été souligné par l'enquête. Il s'agit de l'inadéquation des compétences par rapport au marché de l'emploi. D'ailleurs, 46% des jeunes non-qualifiés en emploi pensent qu'ils ne disposent pas des compétences nécessaires pour leur emploi actuel.
L'effort de recherche d'emploi relativement faible Si certains salariés exercent encore dans l'informel et d'autres sont en situation de chômage, l'effort fourni par cette catégorie dans la recherche des opportunités d'emploi reste relativement faible. C'est le constat relevé par la même enquête qui souligne que le demandeur d'emploi type consacre moins d'une heure par jour à la recherche d'un emploi, 20% des demandeurs d'emploi ont passé un entretien d'embauche et seuls 3% ont reçu une offre d'emploi au cours du mois précédent l'enquête. En termes de secteur d'emploi, l'enquête ressorti qu'un bon nombre de demandeurs d'emploi privilégient le secteur manufacturier qui ne crée pas suffisamment d'emploi et ignorent d'autres tels que les services, l'agriculture et autres.