CDG Capital Insight vient de publier une nouvelle note d'analyse qui fait le point notamment sur l'évolution attendue de quatre secteurs économiques cotés à la Bourse de Casablanca en 2023. Il s'agit des secteurs bancaire, agro-alimentaire, minier et immobilier. «Le marché financier marocain est principalement un marché financier intermédié, avec un système bancaire qui bénéficie d'une large base de dépôts non rémunérés et un tissu économique qui repose beaucoup plus sur le crédit bancaire que sur les marchés financiers. Les banques marocaines devraient donc profiter d'une amélioration de leurs marges d'intermédiation à moyen terme, compte tenu des récentes hausses du taux directeur. Cette dynamique s'est déjà traduite au niveau des résultats trimestriels des banques européennes par une amélioration de leurs revenus provenant de l'intermédiation bancaire», ressort-il de l'étude intitulée «Perspectives du marché des actions face à des enjeux systémiques». Cependant, les analystes de CDG Capital Insight pensent que cet impact favorable serait partiellement atténué par une baisse de la demande de crédit et des pressions continues sur la qualité des actifs en raison du contexte macroéconomique difficile. En effet, pour l'année 2023, ils tablent sur un ralentissement de la croissance de l'encours de crédits, compte tenu de l'impact limité des hausses du taux directeur sur la demande de crédit et du ralentissement des crédits de trésorerie qui ont été soutenus en 2022 en partie par la hausse des cours des matières premières, notamment les produits énergétiques. «Au final, la lecture des différents drivers et enjeux du secteur nous laissent penser que les banques cotées à la Bourse de Casablanca enregistreront une performance positive des bénéfices courant 2023», ajoute la même source.
Agro-alimentaire
Quant à l'agro-alimentaire, les analystes de CDG Capital Insight indiquent que ce secteur se situe au centre des tensions inflationnistes tant globales que locales. D'après eux, les tensions inflationnistes pourraient en effet continuer à favoriser la croissance du chiffre d'affaires des entreprises agro-alimentaires pour 2022, mais le renchérissement des intrants et du coût de transports pourrait produire une pression sur leurs marges. «Nous pensons par ailleurs que la performance des entreprises agroalimentaires cache une certaine disparité qui dépendrait de leur capacité à répercuter la hausse des coûts auprès des ménages. En effet, ces derniers pourraient privilégier les produits de base, ce qui engendrerait une baisse de la demande sur les autres produits», notent les analystes de CDG Capital Insight. Pour 2023, ils soulignent que la légère baisse prévue des coûts des intrants et du coût de transport permettrait aux sociétés agro-alimentaires de voir leurs marges s'améliorer légèrement.
Secteur minier
Dans un autre volet, CDG Capital Insight fait remarquer que la performance du secteur minier marocain a largement bénéficié de l'envolée des prix des métaux qui se situent au centre de la vague inflationniste mondiale. «Au-delà de la reprise post-Covid qui a alimenté une forte demande de produits de consommation dans un contexte de tensions logistiques, les métaux tels que le cuivre ou le cobalt (mais aussi l'argent) ont surtout bénéficié du virage structurel que constitue la transition énergétique, ainsi que de l'augmentation spectaculaire de la vente des véhicules électriques. Cet effet atteint une telle ampleur que l'on parle de plus en plus d'un nouveau 'super-cycle des métaux' potentiel», est-il souligné. Cependant, cette tendance structurelle reste contrebalancée par deux éléments de conjoncture. Le premier est la pression de la hausse des taux dans le monde entier qui induit une crainte de récession chez les investisseurs autant que chez les consommateurs. Le second est relatif aux aléas de la demande chinoise en produits de consommation électroniques, consommateurs en métaux. D'après CDG Capital Insight, ces deux éléments de conjoncture expliqueraient le retour des prix des métaux à des niveaux comparables à ceux observés au début de l'année 2021 et sont de nature à tempérer les perspectives des valeurs minières pour l'année à venir. Ce contexte de niveau de prix élevés soutenus par un dollar fort et par la baisse des coûts des intrants, dont principalement l'énergie, devrait permettre aux sociétés opérant dans le secteur minier de réaliser des résultats satisfaisants et de soutenir le niveau de dividendes distribués, prévoit la même source.
Secteur immobilier
Après une saison 2021 globalement positive portée par le rebond post-Covid et d'incitations fiscales, le secteur immobilier pourrait, de son côté, faire face à l'avenir à des vents contraires. La guerre en Ukraine et les niveaux élevés d'inflation, conjugués avec le redressement des taux d'intérêt et le ralentissement économique, ont créé d'énormes défis pour le secteur immobilier au Maroc. En effet, le secteur immobilier est confronté à des problèmes de chaîne d'approvisionnement, à une augmentation des coûts de construction et à des coûts de financement plus élevés. Ainsi, l'industrie de l'immobilier devrait faire face à des vents contraires et, par conséquent, afficher une croissance atone durant l'année 2023. Par ailleurs, le rapport de l'offre et de la demande pourrait se détériorer davantage. Le niveau des coûts de construction de financement nettement plus élevés pourrait freiner la construction de logements. En parallèle, les ménages souffrent de la forte inflation et notamment du niveau élevé des prix de l'énergie. Les prix de l'énergie exercent également une pression sur les industries, ce qui pourrait alors, toujours selon CDG Capital Insight, comprimer le marché du travail et par ricochet les revenus des ménages. Cette pression sur les revenus des ménages en raison de l'inflation (en l'absence d'une hausse des salaires) ainsi qu'un contexte de taux d'intérêts haussier pourraient éventuellement limiter les transactions immobilières. L'urbanisation croissante estimée à 62% en 2018, le déficit en logement estimé à 400.000 unités et la croissance démographique régulière à 1,5% continuent de soutenir les perspectives de ce secteur, estime CDG Capital Insight. La banque d'affaires estime, toutefois, que ces perspectives ne seront soutenues qui si des mesures politiques fortes en faveur du pouvoir d'achat pourront stimuler la demande en logements. Elle pense aussi qu'une récidive des difficultés d'approvisionnement de produits semi-finis rencontrées par nos industries marocaines pourrait constituer une opportunité pour le secteur immobilier. "En effet, afin de pallier les pressions logistiques, nos industries pourraient éventuellement recourir à investir dans des dépôts pour stocker leurs intrants, et ce, dans le but de réduire l'exposition à la volatilité des prix des matières premières sur le marché, ainsi que mettre en place des mesures de protection dans les chaînes d'approvisionnement pour faire face aux pénuries et à la hausse des coûts logistiques", affirment-ils.