Depuis quelques semaines, les prix de la viande et des légumes ont vertigineusement augmenté, donnant lieu à une réelle inquiétude chez le consommateur marocain, surtout à l'approche du mois sacré. Entre vague de froid, sécheresse, hausse des prix des hydrocarbures, des engrais et des fourrages, les explications sont multiples mais la solution est seule et unique aux yeux des professionnels du domaine, celle de soutenir la production locale pour approvisionner le marché en la matière dans l'optique d'assurer la sécurité alimentaire. Rien ne fait parler autant ces derniers jours que la flambée des prix que connaît le marché local. Si les citoyens ont toujours du mal à digérer la hausse des prix d'autres denrées et services dans un contexte inflationniste, ils font désormais face à l'augmentation des prix de la viande et des légumes. Les tarifs exorbitants affichés par les commerçants au niveau du marché Al Kamra à Rabat en témoignent parfaitement. Rien que vendredi dernier, le prix de la viande a dépassé les 100 DH/kg pour le veau et entre 100 et 120 DH/kg pour la viande du mouton. Les légumes n'échappent pas non plus à cette réalité inquiétante, les pommes de terre ont dépassé les 7dhs/kg, les tomates ont atteint 13dhs/kg alors que les petits pois ont atteint les 13dhs/kg. A la recherche de produits moins coûteux, les habitués du marché d'Al Kamra n'hésitent pas à faire le tour de ses étroites allées. Toutefois, ces allées semblent sans résultat parce que tous les marchands affichent les mêmes prix. Leur explication principale, la sécheresse par laquelle passe le Royaume malgré les dernières précipitations et l'augmentation des coûts du transport. Pour ce qui est de la viande, les boucheries témoignent de la rareté du produit sur le marché national.
EXONERER LES IMPORTATEURS À LA TVA ET APRÈS ? Tant attendu par les professionnels du secteur mais aussi par le consommateur, l'Exécutif vient, enfin, de réagir par rapport aux doléances des professionnels du domaine, notamment aux importateurs des vaches destinées à l'abattage rapide. Il a été, d'ailleurs, décidé de les exonérer de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de suspendre les tarifs douaniers afin de réduire les coûts d'importation dans l'optique d'assurer l'approvisionnement du marché national. Joint par «L'Opinion», la Fédération nationale bovine (FNB) a indiqué par la voix de Abdelali Ramou que «la TVA était notre grande contrainte de l'importation. Elle nous coûtait 2000 et 4000 dirhams par tête, notant que les mesures annoncées par le gouvernement sont en mesure d'alléger la situation tant aux importateurs qu'aux consommateurs. «Les importateurs sont déjà partis en Amérique latine et en Europe en quête de plus de vaches destinées à l'abattage. Entre 40 et 100 veaux par importateur sont attendus de l'Europe et environ 3000 têtes de bovins seront importées d'Amérique latin. Ce qui est en mesure de rapporter le prix de la viande entre 65 et 70dhs dans les boucheries et à 60dhs dans les abattoirs», détaille-t-il. Si la hausse des prix de la viande a étonné les consommateurs, Abdellali Ramou explique qu'au-delà de la sécheresse que connaît le Royaume, l'insuffisance de l'offre en viande au Maroc revient plutôt au boycott du lait en 2018 qui a fortement frappé le commerce des petits éleveurs. «Le prix de la viande a augmenté de manière progressive depuis 5 ans en raison du boycott du lait. A cette époque, les petits éleveurs qui ont été en grande détresse en raison de la chute de leur vente en lait ont destiné leurs vaches à l'abattage. Depuis, nous avons assisté à la rareté des bovins entraînant ainsi une hausse des prix que nous avons pu constater qu'aujourd'hui», souligne-t-il, ajoutant que la hausse des prix des fourrages a pesé aussi sur les prix de la viande. Si le Maroc compte sur l'importation des bovins destinés à l'abattage, surtout à l'approche du mois de Ramadan, Abdellali Ramou considère que celle-ci est «une alternative temporaire, loin de mettre fin à la hausse des prix, d'autant plus que les importations coûtent encore plus cher». Face à ce constat, notre interlocuteur préconise de soutenir les petits éleveurs qui assurent 90% de l'offre du marché local en viande, mais aussi d'encourager l'investissement dans le domaine afin d'améliorer l'offre locale. «Seul le soutien à la production locale est en mesure de garantir la stabilité des prix, non pas seulement de la viande, mais de tout autre denrée alimentaire, surtout à l'ère des mutations que connaît le marché international», conclut-il.
Pourquoi les légumes coûtent-elles si cher ? A la vague de froid s'ajoute la prolifération des intermédiaires dans le processus de distribution des fruits et légumes au Royaume. De quoi attiser la colère des professionnels et des consommateurs, à l'approche du mois sacré.
«La vague de froid que connaissent plusieurs régions du Royaume affecte considérablement la production et donc le rendement surtout parce que certaines cultures exigent une température élevée», nous a indiqué Pr Mohamed Taher Sairi, professeur à l'Institut Agronomique et Vétérinaire de Rabat (IAV). Il fait allusion, notamment, à la culture des tomates dont la hausse des prix soulève des inquiétudes chez le consommateur. Mais pas que, d'autres raisons que les agriculteurs et les commerçants avancent depuis quelques mois sont, selon Pr Mohamed Taher Sairi, à l'origine de cette tendance haussière inquiétante, notamment les frais de logistiques et de fertilisation. «Le prix du gasoil et des engrais qui s'est multiplié par deux a eu un impact direct sur les prix des légumes et fruits», rappelle-t-il.
Le dilemme des intermédiaires Si le Royaume a réalisé, grâce au Plan Maroc Vert, des avancées notables en termes de production des légumes et fruits de façon à répondre aux besoins du marché local, la présence de nombreux intermédiaires dans le processus de distribution reste toujours un point noir, d'autant plus en raison de la présence d'un vrai décalage entre le prix à la production et celui à la consommation. A ce propos, notre interlocuteur considère que la série d'intermédiaires par laquelle passe chaque produit agricole est indispensable pour assurer l'approvisionnement de toutes les régions du Royaume. Néanmoins, la régulation du processus semble être le maître mot. C'est d'ailleurs le but même du projet de loi n° 37.21 adopté au début de 2022 qui permettra aux exploitants qui disposent d'unités de conditionnement de fruits et légumes de commercialiser leurs produits sans être obligés de passer par les marchés de gros. Néanmoins, la mise en œuvre de ce nouveau cadre est entourée de flou. Pour les agriculteurs, la présente loi n'est pas en mesure de remédier à la tendance haussière que connaît le marché ces derniers temps. Au contraire, «la commercialisation directe des récoltes nous compliquera la tâche, car les agriculteurs n'ont pas, tous, les moyens, surtout les petits et moyens, notamment en termes de transport», nous a dit un agriculteur dans les environs de Kénitra. Et d'ajouter : « Nous ne pourrons pas prendre le risque de commercialiser nos produits directement car nous ne sommes pas toujours sûrs d'arriver à les vendre à temps, tout simplement parce que nous sommes des agriculteurs et non pas de commerçants». Autrement dit, au-delà de la question logistique et des frais supplémentaires exigés, une autre dimension est à prendre en compte, liée notamment au risque du marché. Si les perspectives d'application de ce nouveau cadre demeurent entourées de flou aux yeux des professionnels, du point de vue de spécialistes du domaine, le nouveau cadre réglementaire est en mesure d'apporter des solutions à la spéculation à condition de bien outiller les concernés. «Il faut d'abord et avant tout professionnaliser la filière des légumes et fruits et bien outiller les agriculteurs pour réussir le processus, de la récolte à la commercialisation», nous a indiqué Mehdi Fakir, économiste. Il est aussi question, selon notre interlocuteur, de révolutionner la filière logistique pour permettre aux agriculteurs de transporter les récoltes directement sans passer par les intermédiaires. Pour ce faire, Pr Mehdi Fakir préconise une concertation entre les parties prenantes pour trouver les modalités de mise en œuvre de ce projet, tout en soulignant le rôle de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) dans le contrôle du processus de commercialisation.
Exonérer les importateurs à la TVA et après ? Tant attendu par les professionnels du secteur mais aussi par le consommateur, l'Exécutif vient, enfin, de réagir par rapport aux doléances des professionnels du domaine, notamment aux importateurs des vaches destinées à l'abattage rapide. Il a été, d'ailleurs, décidé de les exonérer de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de suspendre les tarifs douaniers afin de réduire les coûts d'importation dans l'optique d'assurer l'approvisionnement du marché national. Joint par «L'Opinion», la Fédération nationale bovine (FNB) a indiqué par la voix de Abdelali Ramou que «la TVA était notre grande contrainte de l'importation. Elle nous coûtait 2000 et 4000 dirhams par tête, notant que les mesures annoncées par le gouvernement sont en mesure d'alléger la situation tant aux importateurs qu'aux consommateurs. «Les importateurs sont déjà partis en Amérique latine et en Europe en quête de plus de vaches destinées à l'abattage. Entre 40 et 100 veaux par importateur sont attendus de l'Europe et environ 3000 têtes de bovins seront importées d'Amérique latin. Ce qui est en mesure de rapporter le prix de la viande entre 65 et 70dhs dans les boucheries et à 60dhs dans les abattoirs», détaille-t-il. Si la hausse des prix de la viande a étonné les consommateurs, Abdellali Ramou explique qu'au-delà de la sécheresse que connaît le Royaume, l'insuffisance de l'offre en viande au Maroc revient plutôt au boycott du lait en 2018 qui a fortement frappé le commerce des petits éleveurs. «Le prix de la viande a augmenté de manière progressive depuis 5 ans en raison du boycott du lait. A cette époque, les petits éleveurs qui ont été en grande détresse en raison de la chute de leur vente en lait ont destiné leurs vaches à l'abattage. Depuis, nous avons assisté à la rareté des bovins entraînant ainsi une hausse des prix que nous avons pu constater qu'aujourd'hui», souligne-t-il, ajoutant que la hausse des prix des fourrages a pesé aussi sur les prix de la viande. Si le Maroc compte sur l'importation des bovins destinés à l'abattage, surtout à l'approche du mois de Ramadan, Abdellali Ramou considère que celle-ci est «une alternative temporaire, loin de mettre fin à la hausse des prix, d'autant plus que les importations coûtent encore plus cher». Face à ce constat, notre interlocuteur préconise de soutenir les petits éleveurs qui assurent 90% de l'offre du marché local en viande, mais aussi d'encourager l'investissement dans le domaine afin d'améliorer l'offre locale. «Seul le soutien à la production locale est en mesure de garantir la stabilité des prix, non pas seulement de la viande, mais de tout autre denrée alimentaire, surtout à l'ère des mutations que connaît le marché international», conclut-il. Pourquoi les légumes coûtent-elles si cher ? A la vague de froid s'ajoute la prolifération des intermédiaires dans le processus de distribution des fruits et légumes au Royaume. De quoi attiser la colère des professionnels et des consommateurs, à l'approche du mois sacré. «La vague de froid que connaissent plusieurs régions du Royaume affecte considérablement la production et donc le rendement surtout parce que certaines cultures exigent une température élevée», nous a indiqué Pr Mohamed Taher Sairi, professeur à l'Institut Agronomique et Vétérinaire de Rabat (IAV). Il fait allusion, notamment, à la culture des tomates dont la hausse des prix soulève des inquiétudes chez le consommateur. Mais pas que, d'autres raisons que les agriculteurs et les commerçants avancent depuis quelques mois sont, selon Pr Mohamed Taher Sairi, à l'origine de cette tendance haussière inquiétante, notamment les frais de logistiques et de fertilisation. «Le prix du gasoil et des engrais qui s'est multiplié par deux a eu un impact direct sur les prix des légumes et fruits», rappelle-t-il.
Le dilemme des intermédiaires Si le Royaume a réalisé, grâce au Plan Maroc Vert, des avancées notables en termes de production des légumes et fruits de façon à répondre aux besoins du marché local, la présence de nombreux intermédiaires dans le processus de distribution reste toujours un point noir, d'autant plus en raison de la présence d'un vrai décalage entre le prix à la production et celui à la consommation. A ce propos, notre interlocuteur considère que la série d'intermédiaires par laquelle passe chaque produit agricole est indispensable pour assurer l'approvisionnement de toutes les régions du Royaume. Néanmoins, la régulation du processus semble être le maître mot. C'est d'ailleurs le but même du projet de loi n° 37.21 adopté au début de 2022 qui permettra aux exploitants qui disposent d'unités de conditionnement de fruits et légumes de commercialiser leurs produits sans être obligés de passer par les marchés de gros. Néanmoins, la mise en œuvre de ce nouveau cadre est entourée de flou. Pour les agriculteurs, la présente loi n'est pas en mesure de remédier à la tendance haussière que connaît le marché ces derniers temps. Au contraire, «la commercialisation directe des récoltes nous compliquera la tâche, car les agriculteurs n'ont pas, tous, les moyens, surtout les petits et moyens, notamment en termes de transport», nous a dit un agriculteur dans les environs de Kénitra. Et d'ajouter : « Nous ne pourrons pas prendre le risque de commercialiser nos produits directement car nous ne sommes pas toujours sûrs d'arriver à les vendre à temps, tout simplement parce que nous sommes des agriculteurs et non pas de commerçants». Autrement dit, au-delà de la question logistique et des frais supplémentaires exigés, une autre dimension est à prendre en compte, liée notamment au risque du marché. Si les perspectives d'application de ce nouveau cadre demeurent entourées de flou aux yeux des professionnels, du point de vue de spécialistes du domaine, le nouveau cadre réglementaire est en mesure d'apporter des solutions à la spéculation à condition de bien outiller les concernés. «Il faut d'abord et avant tout professionnaliser la filière des légumes et fruits et bien outiller les agriculteurs pour réussir le processus, de la récolte à la commercialisation», nous a indiqué Mehdi Fakir, économiste. Il est aussi question, selon notre interlocuteur, de révolutionner la filière logistique pour permettre aux agriculteurs de transporter les récoltes directement sans passer par les intermédiaires. Pour ce faire, Pr Mehdi Fakir préconise une concertation entre les parties prenantes pour trouver les modalités de mise en œuvre de ce projet, tout en soulignant le rôle de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) dans le contrôle du processus de commercialisation.