Après des mois de froid glacial dans leurs relations bilatérales, Paris et Rabat ont retrouvé le chemin de l'entente suite à la visite de la Cheffe de la diplomation française, venue réchauffer une relation qui a besoin de s'adapter à l'évolution du monde. Détails. Au lendemain de la victoire de la France contre les Lions de l'Atlas en demi-finale de la Coupe du Monde de football, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, est venue au Maroc dans le cadre d'une visite officielle avec un seul et ultime objectif : réchauffer les relations avec le Maroc après des mois de tension latente. Pour cela, il fallait des annonces retentissantes qui, d'ailleurs, n'ont pas fait défaut. Celle-ci a annoncé, vendredi, la fin de la crise sur les visas et la reprise de la coopération consulaire. «Nous avons pris les mesures, avec nos partenaires marocains, pour restaurer une relation consulaire» dans le domaine migratoire », a-t-elle déclaré, lors d'une conférence de presse conjointe. « Cette coopération est effective depuis lundi dernier », a-t-elle-même précisé à ce sujet.
Sahara : rassurances et statu quo ! La visite de Catherine Colonna était également une occasion d'introduire un peu de gaieté dans les relations franco-marocaines. D'où les compliments et les déclarations louangeuses de l'amitié maroco-française. L'hôte française a qualifié le Royaume de « pays ami ». « Entre Marocains et Français, il y a quelque chose d'unique », s'est-elle réjouie. Pour prouver la bonne volonté de Paris, la Cheffe du Quai d'Orsay a tenu de réitérer le soutien de son pays au plan d'autonomie, même si la position de Paris n'a pas changé au fond. Ce qu'on peut retenir des propos de Colonna, c'est que le Maroc « peut compter sur l'appui de la France ». Ce qui semble rassurant pour les Marocains, qui, pourtant, espèrent plus de l'allié traditionnel. Nasser Bourita a jugé la position française « positive » tout en estimant que « le besoin d'adaptation est sur la table et peut être examiné ». Du point de vue marocain, tous les pays ayant une bonne connaissance du dossier doivent contribuer à sa résolution. Réinvention d'une amitié Cependant, espérer un changement radical de la position française serait difficile à imaginer à l'heure actuelle, selon Abdessalam Saâd Jaldi, expert en relations internationales au Policy Center for the New South (PCNS). De l'avis de notre interlocuteur, « Paris ne peut rompre avec sa tradition équilibriste, de crainte de préjudicier ses relations avec Alger, alors qu'il a si besoin du gaz algérien pour remédier à la crise énergétique qui frappe de plein fouet l'économie française, et que le Président français avait fait de la réconciliation mémorielle avec l'Algérie un des axes forts de sa politique étrangère ». « C'est dire que seuls des pourparlers directs entre le Maroc et l'Algérie permettront la résolution du différend, comme le recommande l'ONU qui invite toutes les parties prenantes au différend à trouver une issue diplomatique au conflit sur la base d'un compromis régional », observe-t-il. En gros, M. Jaldi estime que nous sommes dans une phase de réinventer la relation spéciale entre les deux pays, de façon à prendre en compte le poids de la France comme puissance mondiale, et le poids du Maroc comme puissance régionale. « Une des pistes à explorer sera l'élaboration d'un nouveau cadre de coopération entre les deux pays, en mettant en avant le thème du «gagnant-gagnant» », conclut-il.