Entre les manifestations et les affrontements dans la capitale, et la grève générale décrétée à Zarzis, au sud, la situation en Tunisie reste explosive et risque d'évoluer vers le pire. Les manifestations et affrontements se sont renouvelés lundi soir avec les forces de sécurité dans plusieurs quartiers de la capitale tunisienne entre la police et des milliers de manifestants, quelques heures avant le début d'une grève générale à Zarzis, dans le sud du pays, à l'appel de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Les affrontements ont repris dans le "quartier Tadamon" de la capitale, et se sont étendus à de nouveaux quartiers, où les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des groupes de manifestants qui protestaient pour le quatrième jour consécutif contre le meurtre par la police d'un jeune homme alors qu'elle le poursuivait. Des manifestations et des affrontements avec les forces de sécurité ont eu lieu la nuit dans les quartiers d'Al-Zayatin, Al-Jabal Al-Ahmar et Al-Zahrouni au centre de la capitale, où les manifestants, pour la plupart des jeunes, ont jeté des pierres sur les forces de sécurité et essayé de bloquer une rue principale avec des pierres. La zone est le théâtre d'opérations de délit de fuite entre la police et les manifestants à l'intérieur des ruelles, et les affrontements ont commencé vendredi, coïncidant avec les funérailles du jeune homme, Malek Al-Sulaimi, mais se sont étendus à plusieurs quartiers de la capitale depuis le quinze de ce mois, pour protester contre la détérioration des conditions économiques et la crise des prix dans le pays. Sur les réseaux sociaux, les militants ont tweeté sur le hashtag « #15_October_Revolution, et #Down_Coup_in_Tunisia », appelant à la poursuite des manifestations contre le coup d'Etat du président Kais Saied sur la voie démocratique dans le pays.
A Zarzis, le gouvernement aurait abandonné ses responsabilités
Dans un contexte connexe, une grève générale a été déclenchée dans la ville de Zarzis, dans le sud-est du pays, pour protester contre la gestion par les autorités du naufrage du bateau de migrants irréguliers le mois dernier. L'UGTT a appelé à une grève générale en coordination avec l'Association de la mer, l'Union des paysans, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme et l'Union de l'industrie et du commerce, alors qu'il a été décidé d'exclure des installations vitales telles que les boulangeries, l'hôpital de la ville et les pharmacies de la grève générale. Il y a plus de deux semaines, la ville de Zarzis a été frappée par le naufrage dramatique d'un bateau transportant plusieurs migrants en situation irrégulière. La population a accusé l'Etat d'abandonner ses responsabilités dans la recherche des disparus, et nombre d'entre eux ont été enterrés dans le cimetière des étrangers, sans être identifiés. Cela a déclenché des protestations continues et des affrontements avec les forces de sécurité, qui ont poursuivi les manifestants dans un certain nombre de ruelles et de rues de la ville. Le 21 septembre, un bateau transportant 18 migrants en situation irrégulière, dont une fille et des femmes, a pris la mer vers les côtes européennes avant de disparaitre sans laisser de traces. Les familles ont appelé les autorités à rechercher leurs proches en mer, mais la réponse des autorités a été faible et tardive, ce qui a poussé les familles des victimes à lancer une campagne de ratissage de la mer et des plages en coordination avec les marins de la zone avec l'espoir de retrouver les corps de leurs proches. L'annonce de la grève générale intervient au moment où la région connaît une grande tension autour du naufrage d'un bateau d'immigrés clandestins de la ville, et des critiques sur la gestion du dossier par les autorités. Saïed ordonne une "enquête approfondie" sur le naufrage de Zarzis
Le président de la République, Kaïs Saïed, a souligné, lundi, la nécessité d'approfondir davantage l'enquête sur le naufrage d'une embarcation au large de Zarzis (gouvernorat de Médenine), ainsi que sur d'autres incidents faisant état de l'implication de certaines parties dans la traite des êtres humains, rapporte un communiqué de la présidence de la République. Lors d'une réunion tenue lundi au palais de Carthage, avec le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine et le Directeur général de la Sûreté nationale, Mourad Saïdane, le chef de l'Etat a souligné l'impératif de poursuivre en justice les personnes impliquées dans ces drames et ce, en coordination avec le Parquet, afin que personne n'en sorte impuni. Sur un autre plan, le président de la République a fait savoir, au cours de la même rencontre, que la liberté s'exerce dans le cadre de la loi et qu'il n'y a plus de place pour porter atteinte aux institutions et aux symboles de l'Etat. Ces déclarations interviennent sur fond d'un mouvement de protestation organisé par quelques partis et coalitions politiques, au cours des derniers jours, dans la capitale Tunis, durant lequel, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux choix du président Kaïs Saïed.