Le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, a été l'invité de l'émission « Décryptage » de "MFM Radio" où il a fait des annonces inédites dont la possibilité de la suppression de la TVA sur les médicaments. La nouvelle sortie médiatique du leader de l'Istiqlal a été une occasion de faire le point sur la politique générale du pays et surtout une façon de se livrer à un exercice de pédagogie, si cher aux Marocains, qui appelle le gouvernement à plus et à mieux communiquer et expliquer sa politique dans une conjoncture si sensible où l'inflation et les soubresauts de l'économie internationale se répercutent sur leur quotidien. "Les Marocains ne sont pas des mineurs, lorsqu'ils comprennent les véritables enjeux des réformes et l'utilité des mesures prises par leurs gouvernements, aussi dures puissent-elles paraître au début, ils les acceptent", a reconnu Nizar Baraka, tout en insistant pour que tous les efforts soient consentis afin de leur donner espoir dans l'avenir. Annulation de la TVA sur les médicaments De l'espoir, il y en a. Nizar Baraka a fait l'annonce réjouissante d'une bonne nouvelle. Dans le cadre de la préparation du Projet de la Loi des Finances 2023, le gouvernement a l'intention de défiscaliser les médicaments. En effet, l'Exécutif est en cours d'examiner les possibilités d'une levée de la TVA sur les médicaments. Nizar Baraka a fait cette annonce lors de son allocution. Une annonce tellement importante que le présentateur a dû s'y arrêter un moment. Pouvoir d'achat des classes moyennes : enjeu majeur Il est connu que l'Istiqlal, attaché à son idéologie égalitariste, fait des classes moyennes et de la sauvegarde de leur pouvoir d'achat un combat permanent. Comme la majorité partage la même vision et la volonté de construire l'Etat social, l'Exécutif s'emploie à préserver le pouvoir d'achat dans un contexte d'envolée des prix à des niveaux inédits. Force est de constater que l'inflation a atteint 6,3% et peut augmenter plus. Dans un tel contexte, la stabilisation des prix par le biais de la compensation est de mise. Nizar Baraka a rappelé que le gouvernement refuse d'abandonner le subventionnement du sucre et du gaz en débloquant 33 milliards de dirhams pour veiller à ce qu'il n'y ait aucun changement de prix. " Il est inconcevable que les Marocains achètent de tels produits de base deux fois plus cher qu'avant", a plaidé le ministre, rappelant que les prix de l'électricité ont été aussi maintenus, malgré la hausse du coût du charbon qui a augmenté à 75 dollars. " Si nous avions laissé les prix tels qu'ils sont sur le marché, la facture de 300 dirhams aurait augmenté à 800 dirhams. Les foyers moyens et modestes ne peuvent se permettre de payer de telles sommes, raison pour laquelle nous sommes intervenus", a souligné Nizar Baraka qui a pris soin de réfuter l'argument de ceux qui disent que les mesures de soutien à la demande favorisent l'inflation. "Non, il s'agit de soutenir le pouvoir d'achat des citoyens, sachant qu'il est dur de contrôler le niveau des prix", a-t-il martelé. Pourquoi le non-retour à la compensation des hydrocarbures On ne peut parler d'inflation sans parler des prix des carburants dont la hausse à des niveaux inédits suscite les critiques des consommateurs. Interrogé sur l'éventualité d'un retour au subventionnement du gasoil et de l'essence, le leader de l'Istiqlal a expliqué pourquoi le gouvernement préfère ne pas revenir sur la décompensation. La raison est claire selon Nizar Baraka qui a expliqué que le retour à l'ancien régime pourrait coûter jusqu'à 100 milliards de dirhams aux caisses publiques, dont l'Etat a vraiment besoin pour soutenir l'investissement et financer les réformes sociales. "Dans ce cas, le Maroc sera mis à l'arrêt, on édifiera plus de barrages, on suspendra la généralisation de la couverture sociale et les autres programmes sociaux. On pourrait risquer même de ne pas payer les salaires des fonctionnaires" a-t-il mis en garde, ajoutant que le gouvernement a jugé utile et plus judicieux d'intervenir par le soutien direct aux transporteurs afin que la hausse des carburants ne se fasse pas sentir sur les prix du transport public, que les Marocains utilisent le plus souvent. "Voulez-vous que les Marocains payent 2 dirhams de plus pour un ticket de bus, qu'ils payent deux fois plus le tarif des taxis et du transport public ?", s'est-il demandé. Grâce à la réforme de l'IR, celui qui touche 5000 dirhams par mois sera exempté ». Nizar Baraka est revenu sur le rapport jugé alarmant du Conseil de la Concurrence qui a pointé du doigt l'absence de concurrence libre dans ce marché des carburants. Le leader de l'Istiqlal a tenu à rappeler que les marges des sociétés de distribution, telles qu'elles sont actuellement, sont à 25 centimes alors que les marges frôlaient la barre des 90 centimes en 2021. "Cela fait 2% du prix de vente", a-t-il précisé, soulignant que le prix d'achat à l'importation est de 9 dirhams. Où vont les recettes fiscales supplémentaires ? Bien que confronté à des dépenses supplémentaires dues à l'inflation et à la compensation, le gouvernement a bénéficié tout de même d'une embellie : le renflouement des caisses de l'Etat grâce à l'amélioration des recettes fiscales, notamment l'IS (+17%), l'IL (+4%) et la TVA (+18%). Les recettes additionnelles ont été consacrées au financement de la hausse des salaires dans la Fonction publique et aux charges liées à la promotion dans le grade qui étaient suspendues par le gouvernement précédent. Couverture sociale : le chantier avance tel que prévu Prévue sur cinq ans, la généralisation de la couverture sociale se poursuit. Le gouvernement va étape par étape en parachevant la généralisation de l'AMO qui bénéficie désormais à 18 millions de bénéficiaires, selon Nizar Baraka qui a indiqué que les Marocains, quel que soit leur niveau de revenu, auront le même panier de soins. "SM le Roi a voulu que tous les Marocains aient les mêmes droits", a-t-il poursuivi. Après la généralisation de l'AMO, le gouvernement se penchera sur celle des allocations familiales en 2023. Une étape à laquelle succéderont les allocations pour chômage et les retraites. "Il faut se rappeler que deux tiers de Marocains n'avaient pas accès aux allocations, aujourd'hui tous y ont droit", s'est félicité le leader de l'Istiqlal. Concernant la réforme du système de Santé, indissociable de la généralisation de la couverture sociale, le gouvernement veut augmenter les ressources humaines par la formation, en se fixant comme objectif de former 4000 médecins par an au lieu de 2400. "C'est nécessaire puisque 600 médecins partent à l'étranger chaque année", a fait remarquer M. Baraka. Dessalement de l'eau : le gouvernement précédent a causé du retard En évoquant la question épineuse du stress hydrique qui inquiète de plus en plus le gouvernement, Nizar Baraka, qui s'est exprimé aussi en tant que ministre de l'Equipement et de l'Eau, est revenu sur sa stratégie pour faire face à la plus dure des sécheresses que le Maroc ait connues depuis l'indépendance. Face au risque du stress hydrique, le Maroc a fait le choix fondamental de parier sur le dessalement des eaux de mer. Nizar Baraka a fait savoir que plusieurs stations n'ont pas été inaugurées à la date prévue durant le mandat du gouvernement précédent. C'est le cas de la station de Casablanca censée être opérationnelle en 2016. Idem pour celle de Saïdia. "Je vous rassure que le projet de la station de Casablanca sera lancé l'année prochaine, mais il faut trois ans pour qu'elle soit opérationnelle", a-t-il prévenu, ajoutant qu'une autre station sera mise en place à Nador. Le ministre a donné une information importante en faisant savoir que l'OCP ne consomme désormais que les eaux dessalées dans la région entre El Jadida et Safi. Ceci permettra d'économiser 90 millions de mètres cubes qui venaient du barrage Al Massira. Anass MACHLOUKH Les Marocains ont voté et attendent le changement Pour le leader de l'Istiqlal, malgré les vicissitudes de la conjoncture actuelle, la majorité et le gouvernement n'ont pas droit à l'échec parce que, selon lui, les Marocains ont cru au changement en votant massivement lors des élections du 8 septembre. « Il y a eu un vote-sanction contre l'ancien gouvernement et les citoyens ont fait le choix de la rupture, en plébiscitant un nouveau projet, nous voulons donc préserver la confiance dans la politique », a-t-il précisé.