Le secrétaire général de l'Istiqlal, Nizar Barka, a assuré mercredi que les deux premières mesures phares qui seront prises par le « Gouvernement Baraka » en cas de victoire lors des élections législatives du 8 septembre, seront la baisse de l'impôt sur le revenu et l'intégration des enseignants contractuels dans la fonction publique. Interpelé sur la première mesure qu'il va prendre en de cas de victoire, le SG de l'Istiqlal, Nizar Baraka, qui était l'invité de l'émission d'Hespress « La voie vers les élections du 8 septembre », a déclaré : « La première mesure que nous allons prendre – après les élections nous aurons bien évidemment à adopter la loi de finances 2022 – sera la baisse de l'impôt sur le revenu (IGR) et on lancera l'opération d'intégration progressive des enseignants contractuels ». « Cette opération prendra du temps, mais nous considérons qu'il est nécessaire aujourd'hui d'avoir un corps enseignant qui bénéficie des mêmes droits et qui a les mêmes devoirs », a-t-il précisé. Avant de détailler différentes mesures contenues dans le programme électoral de l'Istiqlal, Nizar Baraka fait le tour de plusieurs de plusieurs questions d'actualité. Baraka critique Mounib Se dérobant courtoisement de formuler une position concernant le départ de l'ancien secrétaire général de l'Istiqlal, Hamid Chabat, et sa candidature sous l'étiquette du Front des forces démocratiques (FFD), Baraka n'a pas fait pareil avec Nabila Mounib concernant ses fameuses déclarations à propos de la vaccination. Premièrement, je me suis vacciné ainsi que toute ma famille. Deuxièmement, au sein de l'Istiqlal nous avons appelé les citoyens à se faire vacciner. C'est de notre rôle d'encadrer les citoyens. Outre l'encadrement politique, nous devons encadrer les citoyens sur des questions d'ordre public comme celle-là, a-t-il dit, faisant allusion aux déclarations de la SG du Parti sociale unifié (PSU), Nabila Mounib. « Je réitère que l'unique solution pour préserver la vie des citoyennes et des citoyens dans ce contexte de pandémie est la vaccination. Car quand quelqu'un est vacciné, il se protège et protège au même titre les autres. On ne doit pas avoir une logique égocentriste et causer préjudice aux autres », a-t-il soutenu. Baraka se réjouit de son bilan dans l'opposition Interrogé sur le bilan de l'Istiqlal dans l'opposition, Bakara a assuré que le PI a constitué une véritable force de proposition durant le quinquennat écoulé. « Nous avons fait beaucoup de propositions sur la base du projet sociétal pour sortir le pays de plusieurs mauvaises passes », a-t-il déclaré. Entre autres mauvaises passes, Baraka s'est arrêté sur celle du « boycott ». « Nous avons écouté la voix du peuple pendant le +boycott+. Nous avons demandé au Chef du gouvernement de baisser l'impôt sur le revenu pour aider les ménages à supporter l'augmentation des prix, notamment des carburants, à la suite de la libéralisation des prix ». Nous avons également demandé le plafonnement des prix des carburants ». Sur le même registre des propositions, il a indiqué que l'Istiqlal a fait une proposition concernant la situation des zones frontalières. « Nous avons également proposé des alternatives pour l'emploi des jeunes. Nous avons fait une tournée dans les régions frontalières où nous avons touché les souffrances des habitants de Bouarfa, Taourirt, Oujda... nous avons proposé au gouvernement de mettre en place un plan de développement réservé uniquement aux régions frontalières qui concerne les régions de l'Oriental, mais aussi le Nord et les frontières avec les présides occupés. Nous avons vu ce qui s'est passé à Tétouan, Fnideq et Nador…», a-t-il souligné. « Nous avons constaté qu'il y a une situation difficile et on a dit qu'il fallait réagir, car la régionalisation avancée est un chantier qui nécessite du temps », a-t-il ajouté avec un franc parler inhabituel pour cet ancien ministre de l'Economie et des Finances. Plafonnement des prix des carburants Dans la même veine, le leader du parti de la Balance a noté que l'Istiqlal n'a de cesse appelé « pendant la pandémie à renforcer la classe moyenne et lutter contre la pauvreté ». En substance, il a assuré que l'Istiqlal a proposé 45 projets de loi dont 3 seulement ont été acceptés. Il a ainsi déclaré que son groupe parlementaire « a proposé un projet de loi concernant le plafonnement des prix des carburants ». « Le gouvernement avait déclaré qu'il allait plafonner les prix des carburants, mais rien n'a été fait. Le gouvernement n'a pas protégé le pouvoir d'achat des citoyens », a-t-il mis en avant. Et d'aller plus loin en insinuant que les citoyens ont été traités comme des laissés pour compte. « C'est la pression des citoyens qui a poussé les sociétés concernées, dont les bénéficies avaient augmenté de 300%, à baisser leurs marges », a-t-il dit pour mieux enfoncer le clou. Pour Baraka, le fait que le gouvernement s'efface devant ce genre de problématiques ne sert en rien la politique. « C'est ce qui crée le problème de confiance dans l'action politique et l'action gouvernementale, car les citoyens demandent à ce que le gouvernement les protège de l'avidité de ce genre de sociétés », a affirmé Baraka avant de se laisser à critiquer le gouvernement sortant d'une manière constructive, mais aussi acerbe. Photos Souhail Rmidi Le libéralisme sauvage du gouvernement El Otmani « L'ancien gouvernement a fait de mauvais choix. Ils ont préféré partir dans une logique de libéralisme excessif donnant la priorité à une catégorie au détriment de la majorité des Marocains », a-t-il noté. «Cela a été perçu dans l'adoption de l'impôt sur le revenu locatif. Par le passé, il faisait partie de l'impôt sur le revenu. Celui qui avait un revenu supérieur au taux de l'IR payait plus. Par exemple, quelqu'un qui dépassait le taux pourrait payer jusqu'à 38%. Le gouvernement a mis en place un impôt unifié. Donc, les gens qui avaient de modestes recettes et payaient 10% payent actuellement 15% et ceux qui payaient 38% qui avaient des recettes importantes ne payent que 15%», a détaillé le leader du Parti de Allal Fassi. «Le gouvernement a donc augmenté les impôts pour les petits revenus et baissé ceux des hauts revenus », a expliqué Baraka mettant à nu la philosophie adoptée par le gouvernement concernant l'imposition des citoyens. Concernant le programme de l'Istiqlal, Baraka n'a pas caché que la copie de son parti prévoit dans son aspect politique une évaluation du mode de scrutin (scrutin proportionnel plurinominal ou par liste Ndlr) et qu'il pourrait défendre un retour au scrutin majoritaire uninominal. « La réforme politique doit commencer par la réforme du mode de scrutin », a-t-il dit. À propos du quotient électoral, il a affirmé qu' « il pourrait être en faveur du PI, mais que l'Istiqlal n'est pas le premier bénéficiaire du nouveau paramétrage électoral ». Gare aux augmentations des prix Après avoir souligné que le Maroc est en passe de généraliser la couverture sociale, Baraka est allé décortiquer en profondeur les défis que suppose la mise en application des directives royales dans ce sens. « Nous allons généraliser la protection sociale, qui est -il faut le souligner- très couteuse. Il s'agit d'un projet royal, donc tous les partis vont travailler pour le mettre en place. Sauf que sa mise en œuvre est tributaire d'un choix à faire entre deux possibilités. Il y a des voix qui disent que pour mettre en place ce projet on doit libéraliser les prix et continuer la décompensation pour pouvoir financer la couverture sociale. C'est le choix adopté par l'actuelle majorité qui a opté pour le démantèlement de la subvention du sucre, de la farine et du gaz butane dans la loi de finances 2021. Les Marocains doivent savoir que s'ils reconduisent l'actuelle majorité, qu'il va y avoir des augmentations des prix. Le prix de la bonbonne de gaz pourrait passer à 80, voire 100 dirhams », a-t-il tiré au clair avant d'exposer sa vision. « Notre choix à nous est de ne pas continuer sur le chemin de la libéralisation des prix, car nous avons vu ce qui s'est passé avec la libéralisation des prix des carburants et comment les bénéfices ont augmenté au détriment du pouvoir d'achat des Marocains », a mis exergue le leader istiqlalien en donnant l'alternative :«Nous voulons que ces grandes sociétés qui bénéficient d'un quasi-monopole payent au lieu des 30% comme impôt sur les sociétés (IS), 37% comme c'est le cas pour les banques, etc.» L'Istiqlal compte également sur une « meilleure répartition des sacrifices » afin de pouvoir faire face à l'augmentation attendue des dépenses réservées au secteur de la Santé. Selon Baraka, les dépenses de la Santé qui sont de près de 10 milliards actuellement peuvent doubler ou tripler et passer à 30 milliards de dirhams avec la généralisation de la couverture sociale.