Porteur d'un programme social, Nizar Baraka veut faire bénéficier les classes moyennes des services publics. Le leader de l'Istiqlal a détaillé le plan de financement de son programme. Caisse de Zakat, réforme fiscale, le parti de la Balance réclame plus de sacrifices des grandes entreprises. Détails. Le temps de se contenter des grands chantiers d'infrastructures pour attirer les investissements est révolu, le temps est à la justice sociale, puisque le développement qu'a connu le Maroc tout au long des deux dernières décennies n'a pas profité à tout le monde. Le recours au libéralisme a détruit la confiance publique, c'est l'intime conviction du Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka. Invité au micro de nos confrères de Hespress, le leader de l'Istiqlal a réaffirmé la volonté de sa formation d'occuper le haut du podium de la scène politique après le scrutin du 8 septembre. Les alliances seront conditionnées par les programmes, a réitéré M. Baraka, qui a assuré qu'il n'y aura aucune concession avec les partis qui ont des approches libérales. Pour une répartition équitable des sacrifices Le parti de la Balance a choisi la justice sociale comme principal front de bataille, en optant pour l'octroi de plus de pouvoir d'achat aux classes moyennes. « Il n'est plus question d'aller chercher des sous chez les classes moyennes à chaque foi que le Trésor public manque d'argent », a martelé Nizar Baraka, plaidant pour « un partage équitable des sacrifices ». Il a mis en garde contre la continuité de la politique de la majorité actuelle qui compte, selon lui, poursuivre les mesures impopulaires, telle que la levée des subventions du sucre, du pain et du gaz butane, ce qui aurait inéluctablement des conséquences sociales fâcheuses. « Le prix du gaz pourrait dans ce cas atteindre jusqu'à 100 dirhams la bonbonne, en cas de libéralisation », a alerté le leader de l'Istiqlal, réaffirmant la volonté de son parti de mener une politique radicalement différente de la décompensation arbitraire. Si l'Istiqlal dirige le prochain gouvernement, sa première mesure sera la baisse de l'IR sur les revenus moyens, s'est engagé Nizar Baraka. Cette baisse serait, dans ce cas, actée dans la première loi des Finances, qui déboucherait sur une exemption totale des revenus inférieurs à 4000 dirhams et à l'élargissement de l'assiette fiscale. S'en suivront le plafonnement des prix des hydrocarbures et celui des frais de scolarité dans les écoles privées. L'objectif, selon M. Baraka, est de veiller à ce que les classes moyennes ne payent pas un double impôt, tout en étant privées des services publics qui sont censés être gratuits. Par ailleurs, Nizar Baraka a rappelé que le plafonnement des prix a été une revendication ancienne qui ne date pas d'aujourd'hui, puisque le parti l'a conseillé au gouvernement lors de la crise du Boycott de 2018, tout en plaidant ensuite pour la pénalisation des conflits d'intérêts pour lutter contre la connivence entre l'argent et la politique. Un programme finançable, les 112 milliards faciles à trouver... Toutes ces mesures, en plus d'autres, nécessiteront des dépenses publiques importantes et une enveloppe de 112 milliards de dirhams. Comment les financer ? Nizar Baraka n'exclut pas un recours modéré à l'endettement, et mise beaucoup sur la rationalisation des dépenses publiques et sur la fin des privilèges fiscaux accordés à plusieurs secteurs. S'agissant de la généralisation de la couverture sociale, le Parti de l'Istiqlal entend la financer, en partie, par une Caisse de Zakat. Hausse de l'IS à 37% pour les grandes compagnies La réforme fiscale « sociale » promise par l'Istiqlal veut s'attaquer aux compagnies en situation de monopole ou d'oligopole. Nizar Baraka préconise de les taxer à hauteur de 37% au titre de l'IS, au lieu de 30%. « Il s'agit de les aligner au même niveau que les banques et les sociétés financières », a-t-il expliqué. Le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal a détaillé davantage sa stratégie de la sécurité sociale universelle. Selon lui, en plus de la généralisation de l'AMO, les personnes au-delà de 70 ans devraient bénéficier d'une prise en charge complète des dépenses de santé, par le biais des contrats d'assurance. S'ajoute à cela une allocation de « vieillesse » de 1000 dirhams. La vie après la retraire ne finit pas, estime M. Baraka, qui veut accompagner les seniors ayant des projets.